Pour accroître sa marge de manœuvre financière, l’Exécutif doit s’occuper des deux éléments de l’équation du déficit, soit les recettes et les dépenses. Or, avec des revenus pétroliers en chute libre, entraînant une diminution de la fiscalité pétrolière, il a peu de leviers pour élaborer un budget en équilibre, stimuler l’activité économique, la magnifier.
Le gouvernement, confronté à une crise économique, doublée d’une crise sanitaire, voit ainsi sa marge de plus en plus rétrécie.
En fait, le budget du pays est caractérisé par un déséquilibre structurel entre recettes et dépenses. Il est vrai qu’au cours de ces vingt dernières années, les chiffres de l’économie se sont rétablis, mais grâce à la rente pétrolière.
Cela n’a apporté qu’une “prospérité” de courte durée. Aujourd’hui que la rente est en baisse, l’économie s’est mise à tanguer, affichant des chiffres bas pour de nombreux agrégats. Les chiffres sont têtus. Et, l’Exécutif ne peut rien y changer.
L’avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2021 donne un avant-goût de la situation à laquelle le pays aura à faire face. Il y est, en effet, indiqué, que la fiscalité pétrolière budgétisée s’élèverait à 1 927,05 milliards de dinars, contre 1919,2 milliards de dinars dans la LF 2021, soit une petite augmentation.
Quant aux ressources ordinaires, elles se situeraient à 3 404,8 milliards de dinars dans l’APLFC pour 2021, contre près de 3 409,0 milliards de dinars dans la LF 2021. Il n’y a pas de quoi pavoiser !
Les exportations d’hydrocarbures devraient, elles, atteindre 23,63 milliards de dollars à la fin de l’année 2021, contre 23,21 milliards de dollars prévus dans la LF 2021. Alors que les importations de biens devraient se situer à 30,42 milliards de dollars, contre 30,05 milliards de dollars (CAF) prévues dans la LF 2021.
Il est souligné dans l’APLFC 2021 que sous l’effet de la baisse combinée des prix moyens à l’exportation du brut algérien (-35,07%) et des volumes (-10,91%), les exportations d’hydrocarbures ont fléchi, à fin décembre 2020, pour se situer à 20,19 milliards de dollars, contre 33,34 milliards de dollars à la même période de 2019, soit une moins-value de 13,14 milliards de dollars (-39,42%).
Les exportations hors hydrocarbures ont, également, enregistré un repli de 325 millions de dollars durant l’année 2020, passant de 2,6 milliards de dollars à fin décembre 2019 à 2,2 milliards de dollars à fin décembre 2020.
Le gouvernement tente toutefois de rassurer, en mettant en avant le fait que l’APLFC 2021 comporte deux agrégats (exportation d’hydrocarbures et fiscalité pétrolière) revus, légèrement, à la hausse, et ce, pour tenir compte du niveau des quantités exportées affichées dans le cadre du plan de développement de Sonatrach (2021-2025).
Étant donné ces nouveaux éléments, les principaux indicateurs de l’APLFC pour 2021 du présent cadrage macroéconomique et financier, se présentent comme suit : la croissance économique prévue dans l’APLFC 2021 s’établirait à 4,21% contre 3,98% prévu dans la loi de finances initiale, tandis que la croissance du PIB hors hydrocarbures, se situerait à +3,18% dans l’APLFC 2021, contre +2,42% prévu dans la LF 2021.
Youcef SALAMI
Liberté, 20 mai 2021
Etiquettes : Algérie, crise économique, crise sociale, crise financière, prix du pétrole, dette, FMI, budget, loi des finances,
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