MADRID (Reuters) – La Haute Cour espagnole a rejeté jeudi une demande d’arrestation du leader indépendantiste du Sahara occidental, dont l’admission dans un hôpital espagnol le mois dernier a provoqué la colère du Maroc, et qui survient après que des migrants aient traversé l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta.
Brahim Ghali est accusé par des groupes de défense des droits de l’homme de crimes de guerre et doit encore passer par une audience préliminaire, a déclaré un porte-parole du tribunal, dans le cadre d’un conflit diplomatique plus large concernant le Front Polisario, un mouvement séparatiste qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc.
Le Sahara occidental est un territoire contesté détenu par le Maroc depuis le milieu des années 1970. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, se bat depuis lors pour obtenir son indépendance. Avant cela, le territoire était sous contrôle espagnol.
La demande d’arrestation de Ghali avait été déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadeh) et par un citoyen espagnol d’origine sahraouie, Fadel Breica. Ce dernier accuse Ghali d’avoir subi des tortures dans ses camps du Front Polisario en Algérie.
Habituellement, le juge d’instruction accepte de telles demandes lorsque le tribunal estime qu’il y a un risque de fuite ou que les preuves peuvent être détruites, indiquent les experts.
Ghali sera tout de même appelé à témoigner le 1er juin. Ghali et d’autres dirigeants du groupe sont accusés par des groupes de défense des droits de l’homme de génocide, de meurtres, de terrorisme, de torture et de disparitions.
L’affaire en Espagne est la première étape d’une enquête qui pourrait déboucher sur un éventuel procès du chef du Front Polisario et survient après que des milliers de migrants ont quitté le Maroc à la nage pour rejoindre l’enclave nord-africaine de Ceuta, en Espagne, en début de semaine.
Mais Ghali, qui est hospitalisé sous un pseudonyme, a refusé de signer la convocation. Une source proche de l’enquête judiciaire a déclaré qu’il pourrait ne pas se présenter car il pourrait détenir un passeport diplomatique algérien, lui conférant potentiellement une immunité.
L’Espagne a accepté d’autoriser l’hospitalisation de Ghali à Logrono, dans le nord de l’Espagne, en tant que « geste humanitaire ».
Avant la crise frontalière de cette semaine, les autorités marocaines avaient averti l’Espagne des répercussions de la présence de Ghali en Espagne sous un faux passeport algérien et un nom d’emprunt.
Reuters, 20 mai 2021
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