ALGER, Algérie (AP) – Les candidats qui espèrent remporter l’un des 407 sièges du Parlement algérien ont lancé cette semaine la campagne pour les élections législatives du mois prochain dans le cadre d’un nouveau système censé éliminer la corruption et ouvrir les listes électorales – une étape importante dans la promesse du président Abdelmadjid Tebboune d’une « nouvelle Algérie ».
Mais la répression du mouvement pro-démocratique Hirak, avec des centaines d’arrestations dans toute l’Algérie lors de la 117e marche du vendredi de la semaine dernière, jette un voile sur les efforts présidentiels visant à donner un nouveau visage à une nation dont l’armée joue un rôle secondaire dans la gouvernance.
Il y a un nombre sans précédent de candidats pour le vote du 12 juin – près de 1 500 listes pour les 58 régions de la nation nord-africaine, avec des centaines d’autres éliminées par l’Autorité nationale indépendante des élections. Le scrutin a lieu plus tôt que prévu, après la dissolution du parlement par le président en février. La parité entre les candidats masculins et féminins fait partie des nouvelles règles régissant les élections.
Les partisans du Hirak, notamment les partis du soi-disant « mouvement démocratique », ont juré de boycotter le premier scrutin législatif depuis que l’ancien président Abdelaziz Bouteflika a été chassé du pouvoir en avril 2019 après 20 ans de règne. C’est la pression des marcheurs du mouvement Hirak et du chef de l’armée de l’époque qui a décidé du sort de Bouteflika.
L’actuel chef de l’armée, le général Saïd Chanegriha, a mis en garde mercredi « les aventuriers, quelle que soit leur obédience (politique) ou leurs opinions idéologiques, contre toute tentative d’atteinte à l’unité nationale. » Il a juré que les « desseins abjects » seraient découverts, mais n’a donné aucune indication sur les « aventuriers » auxquels il pensait.
Ce discours est intervenu un jour après que le Haut Conseil de sécurité a décidé de désigner comme « organisations terroristes » deux groupes qui participent aux marches du Hirak : Rachad, dont les dirigeants se trouvent en Europe, et le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, le pays des Berbères. Rachad aurait des liens avec un parti islamiste interdit, ce qu’il nie.
Le vent a tourné en faveur du Hirak lorsque les manifestants sont redescendus dans la rue le 22 février après une pause d’un an dans les marches du vendredi en raison du coronavirus. Les marches ont attiré moins de partisans qu’au cours de leur première année, alors que les rumeurs sur la présence de militants de Rachad se multipliaient et que les forces de sécurité procédaient à des arrestations.
Au début du mois, le ministère de l’Intérieur a ordonné au Hirak d’obtenir une autorisation pour les marches et de préciser l’itinéraire et les organisateurs de la marche.
Pour le politologue Noureddine Grime, cet ordre témoigne de la détermination du gouvernement à se débarrasser du Hirak. « Les organisateurs des manifestations sont le peuple algérien », a-t-il déclaré.
Parmi les personnes arrêtées, de nombreux manifestants sont détenus pour atteinte à l’unité nationale.
Parmi eux, Kenza Khettou, journaliste à Radio M, a été arrêtée lors de la marche de la semaine dernière et attend son procès mardi pour ce motif et d’autres, selon le quotidien El Watan. Un autre journaliste connu qui risque un éventuel procès pour atteinte à l’unité nationale est El Kadi Ihsane, directeur de Radio M et de la publication en ligne Maghreb Emergent, selon les médias locaux. Il aurait été dans le collimateur pour un article qu’il a écrit sur le groupe Rachad.
Le président Tebboune s’est efforcé d’assainir la politique algérienne dans ce qui semble être en partie une tentative d’apaiser les manifestants du Hirak. La corruption a prospéré sous le régime de M. Bouteflika, et de nombreuses personnes liées au régime ont été emprisonnées, notamment le frère de M. Bouteflika.
La campagne pour le choix des nouveaux législateurs a commencé jeudi pour les nombreux espoirs – 1 483 listes de candidats, dont 646 représentant des partis politiques et 837 indépendants, y compris des jeunes et des femmes.
« La participation massive des jeunes, des enseignants universitaires, des femmes a dérouté les ennemis de l’Algérie », a déclaré jeudi le ministre de la Communication, Amar Belhimer, à la radio nationale, renouvelant les suggestions d’un complot caché contre la nation.
Toronto Star, 21 mai 2021
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