Deux ans sans envoyé spécial de l’ONU au Sahara alors que la guerre se poursuit
Par Jesús Cabaleiro Larrán
Le 22 mai 2021, deux ans se sont écoulés sans envoyé spécial pour le Sahara, lorsque l’Allemand Horst Kohler a démissionné, officiellement pour des raisons médicales. C’est la plus longue période sans ce poste depuis sa création, et cela indique la situation grave que traversent les Nations Unies pour résoudre le conflit international de la décolonisation du Sahara.
Depuis lors, et selon le secrétaire général des Nations unies lui-même, Antonio Guterres, les partis ont rejeté un total de douze candidats. Le dernier, le diplomate italien d’origine suédoise et ancien médiateur en Syrie (2014-19), Staffan da Mistura, 74 ans, qui avait l’approbation des Sahraouis mais le Maroc, jusqu’à présent, n’a pas donné son accord.
Les personnes qui ont occupé ce poste depuis sa création sont James Baker (période 1997-2004), Peter Van Walsun (2005-2008), Christopher Ross (2009-2017) et Horst Kohler (2017-2019).
C’est Baker qui a donné son nom à ses deux plans, Baker un et deux, et c’est à son époque que le recensement a été réalisé pour le référendum que le Maroc n’a pas accepté. Van Walsun, qui est décédé il y a deux ans, était celui qui déclarait : « L’indépendance du Sahara occidental n’est pas un objectif réalisable. Le Polisario a la légalité internationale de son côté ; cependant, le Conseil de sécurité n’est pas prêt à exercer ses pouvoirs et à l’imposer sur la base du chapitre sept de la Charte des Nations unies ».
Ross s’est toujours heurté à l’opposition du Maroc, qui lui a même interdit de se rendre au Sahara, tandis que Kohler a fait avancer les nouvelles négociations avec la présence à la table des pays voisins, la Mauritanie et l’Algérie, ce que le régime marocain réclamait.
Baker et Ross ont rejeté la déclaration unilatérale de Donald Trump de reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara, que l’actuel président, Joe Biden, n’a toujours pas ratifiée à ce jour.
Le Maroc rejette tout candidat parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à l’exception de la France, des pays nordiques, de la Suisse, auxquels il convient d’ajouter l’Allemagne, compte tenu de l’expérience récente de Kohler et du désaccord actuel avec Berlin. Pour le Maroc, « le profil du candidat devra être compatible » avec les intérêts du pays.
De son côté, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a opposé son veto à des candidats qui s’étaient auparavant exprimés en faveur des thèses marocaines, comme l’ancien Premier ministre roumain, Petre Roman (qui s’est rendu à Dakhla avec le Forum de Crans Montana) et l’ancien ministre portugais des Affaires étrangères, Luis Amado, qui a défendu le plan d’autonomie marocain à Rabat.
Toutefois, il a rappelé que cette nomination « n’est pas une fin en soi » mais « pour faciliter un processus de paix et limité dans le temps conduisant à l’exercice libre et démocratique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance ».
Pendant ce temps, les rapports de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) sur les hostilités sur le mur entre Marocains et Sahraouis sont présents – même s’ils ne sont pas rendus publics et que le porte-parole de l’ONU reconnaît des échanges de tirs entre les deux parties.
L’ONU n’a pas condamné la violation des accords de 1991 par le Maroc, qui occupe le territoire situé à l’extérieur du mur, ce qu’il appelle la zone tampon, ainsi que le bitumage et la surveillance militaire du tronçon de route de cinq kilomètres entre Guerguerat et la frontière mauritanienne. Par ailleurs, il ne faut pas oublier l’annonce de l’occupation de la localité inhabitée de La Guera, contrôlée par la Mauritanie.
Précisément, les sources tant sahraouies que marocaines continuent de confirmer les affrontements guerriers le long des 2700 kilomètres du mur du Sahara. Le ministère de la défense de la RASD a publié 192 rapports de guerre à ce jour.
Elle mentionne des affrontements dans lesquels les deux parties ont été tuées et blessées. En avril dernier, les médias sahraouis ont confirmé trois morts et un blessé dans leurs rangs tandis que le Maroc, comme d’habitude, n’a pas donné de chiffres sur les pertes de ses forces armées. Des unités de l’armée sahraouie ont ouvert une brèche dans le mur militaire marocain, ce qui a conduit à des combats au cours desquels des combattants sahraouis ont été tués.
De même, des sources sahraouies ont dénoncé la mort aux mains des Marocains de nomades qui se trouvaient dans un véhicule et qui ont été pris pour des forces du Polisario.
Il faut noter que dans la zone nord, l’armée sahraouie a détruit un radar couvrant un grand périmètre, en plus du bombardement incessant de la zone de Mahbes, actions qui ont eu lieu, entre autres, depuis le début de la guerre le 13 novembre 2020.
De plus, en utilisant des drones d’Israël, le Maroc a tué le chef des unités de la gendarmerie sahraouie, Dah Al Bendir.
En outre, la répression des Sahraouis dans le Sahara sous contrôle marocain se poursuit.
Periodistas en espanol, 23 mai 2021
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