A l’instar de la Tunisie, où l’on fabrique déjà le vaccin contre le BCG, plusieurs pays africains possèdent des dispositifs industriels pour fabriquer des doses contre le Covid-19. Mais la “recette” ne suffit pas, un accompagnement des labos maîtrisant cette technologie apparaît primordiale pour produire rapidement les vaccins nécessaires.
C’est un bilan d’étape que livre le site d’information ONU Info en cette mi-mai 2021 : le continent africain n’a reçu entre février et mai “qu’un quart des 66 millions de doses prévues par le dispositif Covax”, soit 18,2 millions. Rappelons que ce programme co-dirigé par l’OMS permet aux 92 pays les plus pauvres d’obtenir des vaccins grâce à des fonds réunis par des donateurs. Mais les partages déjà effectifs depuis les pays riches vers les plus démunis se font à un tout petit débit par rapport aux besoins attendus. S’ajoutent à cela les problèmes de formation et de communication qui entravent les campagnes de vaccination. Bref, l’Afrique est dépendante d’une production vaccinale qui se fait ailleurs. Pourtant, dans le continent, certains pays paraissent capables de fabriquer des vaccins anti-Covid…
Selon le magazine Jeune Afrique, 7 pays du continent conçoivent déjà des vaccins humains et 11 des vaccins animaux. C’est le cas du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Afrique du sud et de l’Egypte. Il pourrait être envisagé que plusieurs d’entre eux, maîtrisant ces compétences, se partagent la fabrication des composants nécessaires à un vaccin anti-Covid. Dont l’une des étapes cruciales consiste en le très délicat de fill/finish. Soit dans la terminologie de l’industrie pharmaceutique, le conditionnement des liquides dans des contenants aseptiques, leur fermeture, leur étiquetage et enfin leur emballage. Un processus qui est maîtrisé par l’Egypte avec ses 18 groupes pharmaceutiques, explique Jeune Afrique. Les opérations de fill/finish s’avèrent plus lentes que la production elle-même du composé vaccinal. Souvent, c’est cette phase finale qui se transforme en un goulet d’étranglement et retarde les campagnes vaccinales.
Le débat quant à une levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 a connu de nouveaux rebondissements quand le président américain Joe Biden a déclaré y être favorable au début du mois de mai. Si des pays déjà dotés d’unités de production de vaccins comme la Tunisie ou le Maroc avaient accès à la recette du vaccin, pourraient-ils le produire en nombre suffisant pour leur population, voire même fournir les précieuses doses à leurs voisins africains ?
*”Transfert des technologioes”
En Tunisie, cela ne serait pas si évident, selon le Dr Nizar Laabidi, chef de production de l’Institut Pasteur de Tunis, interrogé par la correspondante du quotidien émirati The National. Le scientifique dirige l’une des rares filières de fabrication de vaccin BCG au monde, où travaillent une cinquantaine de chercheurs et de techniciens. “C’est bien connu, le BCG est l’un des vaccins les plus compliquée à produire”, explique au National le Dr Laabidi, fin connaisseur du transfert technologique puisqu’il a aidé les Sud-Coréens à monter leur propre unité de production de BCG. Là où le bas blesse, c’est que la “recette” d’un vaccin ne suffit pas. Il y a d’abord le problème de l’argent, un vrai obstacle pour se procurer les composants – et l’Institut Pasteur de Tunis en manque. Mais au-delà du manque en matériels et de personnels, c’est le savoir-faire qui est impossible à acquérir en si peu de temps. La rétro-ingénierie peut fonctionner pour reproduire un médicament à partir de l’étude du produit fini, mais elle ne fonctionnerait pas pour élaborer un vaccin, estime Nizar Laabidi : pour lui, seul un transfert des technologies des vaccins contre le Covid-19 permettrait à son pays de se libérer de la dépendance extérieure.
Du côté du Maroc, ce pays est un “candidat crédible” pour se lancer dans la fabrication à grande échelle de vaccins selon le quotidien national L’Opinion. Mais selon les spécialistes interrogés par ce média – un épidémiologiste, un virologue et un industriel -, les technologie de vaccins à ARN messager demeurent trop complexes. Le pays devraient miser sur la fabrication locale de vaccins traditionnels, c’est-à-dire les vaccins atténués ou à vecteur viral, tels que le Spoutnik-V, l’AstraZeneca ou le Sinopharm. Le quotidien rappelle d’ailleurs que le Maroc a misé sur une collaboration avec la Chine et plus particulièrement avec l’entreprise Sinopharm. Un échange de bons procédés a été mis en place : le Maroc fournit des cohortes pour les essais cliniques du vaccin chinois contre le savoir-faire de l’entreprise chinoises pour reproduire son vaccin. Mais il semblerait selon Ali Sedrati, le président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique, que l’”on assiste à un retard dans l’exécution des engagements qui ont été pris, dont on ignore les raisons”.
Sciences et Avenir via Réalités Online
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