« Nous ne cherchions pas à envoyer Gabriel Matzneff en prison, mais à obtenir sa condamnation. Parce qu’il fait l’apologie de la pédocriminalité auprès de pédophiles passifs ou actifs. Et cette décision de justice met en danger bien plus de personnes qu’on ne l’imagine. » Latifa Bennari, présidente de l’association L’Ange bleu, répondant depuis l’Algérie à ActuaLitté, contient mal colère et ressentiment après le marasme judiciaire qui a vu l’écrivain échapper aux accusations.
L’association L’Ange bleu avait attaqué Gabriel Matzneff avec une intention claire, indique la présidente : « Notre action au quotidien vise à protéger les enfants, autant qu’à effectuer une prévention. Au cours de la procédure, j’ai été sollicitée par des personnes qui se disent pédophiles, sans être nécessairement passées à l’acte. Elles avaient lu ses ouvrages, et pour elles, les livres normalisaient une relation avec des mineurs. »
Mais comment « imaginer qu’un enfant puisse être consentant », s’indigne Latifa Bennari ? « C’est là le mode opératoire le plus facile pour procéder en matière de pédocriminalité. Et que la justice invoque une erreur de procédure finit tout bonnement par valider le comportement et les actes de Gabriel Matzneff. Toute la procédure reposait sur ce point : obtenir une culpabilité pour prévenir le passage à l’acte d’autres pédophiles. »
D’autant qu’avec internet, souligne la présidente de l’association, « la chasse est simplifiée ! Comment, en France, peut-on évoquer la prévention, quand on laisse un homme, qui a reconnu les faits en les relatant dans ses livres, s’en sortir en toute impunité » ?
Plaintes et appel
Me Mehana Mouhou, avocat de l’association, fulmine : « Les nullités évoquées par la partie adverse ne tiennent pas la route : nous sommes dans le cas d’une procédure portant sur l’apologie de crime, pas la diffamation. Or, les points soulevés par l’avocat de Matzneff ne tiennent pas la route dans ce cas de figure. » Et d’assurer que « l’affaire Matzneff ne fait que commencer : ce qui a eu lieu au tribunal représente un danger pour la démocratie, pour les victimes de pédophilie. Tout simplement parce que la justice a décidé de conclure alors que nous ne pouvions pas être présents pour l’audience. Ils ont pris le dossier et jugé en notre absence : en 30 ans de barreau, je n’ai jamais vu cela ».
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