par Abdou BENABBOU
Si le flou autour de l’ouverture des frontières est moins patent, il est normal qu’il se soit installé et qu’il ait perduré tant que la pandémie n’est pas totalement vaincue. L’obligation faite aux autorités algériennes de comprendre et de satisfaire les candidats au voyage reste une donnée incontournable et il était impératif pour elles d’aller vers la contrainte de donner du mou à une situation intenable qui provoquait pour de nombreuses familles des drames jusqu’ici inconnus.
Face à la grave épidémie avec ses sérieux lots innombrables et lourds d’impondérables, les voyages touristiques et d’agrément ont perdu la légitimité des nécessités humaines et nombreux sont ceux qui ont fait leur deuil des randonnées à l’étranger, par routes, par bateaux ou par avions. Il n’est pas sûr que le monde redevienne comme avant et il est devenu évident que les escapades qui dispensaient de nouvelles découvertes, la connaissance, le savoir, le délassement et le repos ont définitivement perdu leurs attraits. Le poids des frais d’un voyage à l’étranger devenu impossible à supporter à cause d’un ensemble de considérants aussi variés qu’inabordables est venu s’ajouter aux anciennes perturbantes mêlées administratives pour que les frontières soient déjà psychologiquement fermées pour les moins anonymes des candidats au voyage. De fait et de facto, les autorités nationales n’ont pas tant besoin de réfléchir pour circonscrire la liberté de leurs administrés de se déplacer et pour ne pas livrer les frontières aux grands vents.
Mais il est des cas désemparés, de plus en plus nombreux qui étaient à la limite d’un désespoir qu’on ne peut qualifier et certains Algériens installés et vivant à l’étranger ont été jusqu’à mijoter sérieusement en désespoir de cause une harga pour traverser la mer à sens inverse quand ils avaient appris qu’un père ou une mère est en fin de vie.
A l’heure actuelle, le gouvernement est en passe de trouver des accommodements nécessaires, d’abord pour atténuer le malheur de ceux frappés de plein fouet par un sort inattendu. Les premières mesures d’élargissement prises dernièrement et en application à partir du 1er juin prochain ont ouvert une fenêtre sur un espoir mitigé. Les frontières algériennes resteront entrebâillées pour se rendre dans quelques pays et tant mieux si les demandes de dérogation ont sauté car les chancelleries étrangères étaient depuis quelque temps harcelées par des candidats au voyage et pour lesquels elles n’avaient pas de réponses claires pour satisfaire leurs interrogations et atténuer leurs craintes. Tous craignaient d’être pris dans le piège d’un aller sans retour.
Il serait cependant faire preuve d’une basse mauvaise foi que d’accuser les autorités algériennes d’un manque d’humanisme quand elles se fixent comme première responsabilité de préserver des vies. Elles sont conscientes que tôt ou tard toutes les frontières doivent être définitivement ouvertes.
Le Quotidien d’Oran, 25 mai 2021
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