Seules 20% des aides de l’Etat parviennent aux franges nécessiteuses : Où vont les subventions
La conjoncture économique difficile du pays, contraindra le prochain gouvernement à procéder à la refonte de certains dossiers en urgence, notamment, celui des transferts sociaux. Un dossier «épineux» nécessitant une véritable volonté et courage politiques pour en finir avec le système actuel, qualifié d’injuste.
Par Akrem R.
D’ailleurs, tous le monde s’accorde à dire que l’équité sociale n’y est pas garantie, et ce, malgré le colossal budget alloué par les pouvoir publics à cet effet. Même le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait mis l’accent sur l’impérative réduction du budget destiné aux transferts sociaux, oscillant entre 12 et 14 milliards de dollars par an, sans pour autant, «attenter aux catégories défavorisées, aux pauvres et aux indigents».
Lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux, le président Tebboune avait fait savoir que «nous avons enclenché le processus de prise en charge de cette catégorie dont le salaire ne dépasse pas les 30.000 DA, en leur supprimant l’IRG, et nous continuerons à lui apporter notre soutien jusqu’à ce que tous les Algériens puissent jouir de chances égales à une vie décente».
Selon le Dr. Haouari Tigharssi, seulement 20% du budget consacré annuellement aux transferts sociaux, parvient, réellement, aux citoyens. Autrement dit, sur les 1927,5 milliards de DA, seulement 500 milliards de DA concernent directement les ménages ! Sans le dire, cet expert en économie avoue qu’il y a trop de gaspillage dans ce chapitre de dépenses de l’Etat. La situation financière du pays ne permet pas de maintenir ce niveau des transferts sociaux. Selon notre interlocuteur, les pouvoirs publics doivent impérativement s’attaquer à ce dossier sans tarder, et ce, en identifiant les familles nécessiteuses. Il a précisé que techniquement, l’opération est faisable. Dr. Tigharsi a recommandé d’accélérer les opérations de numérisation des différents secteurs et la finalisation de l’opération de recensement de la population, lancée en 2018. Le professeur en économie, Abdelkader Berriche a, pour sa part, fait savoir que tout le monde s’accorde à dire que le système actuel des transferts sociaux n’est pas juste, d’où la nécessité d’aller vers un système ciblé. «Au sein de notre parti politique, nous aspirons à la mise en place d’un système sociale juste et équitable. Nous travaillons pour l’instauration d’un Etat social, dont les catégories vulnérables auront leur part des richesses du pays», a précisé, l’expert, et néanmoins, le candidat du parti El Binaa dans la wilaya d’Alger. Il a, ainsi, insisté sur la nécessité de construire la nouvelle Algérie sur des bases solides. C’est le seul moyen afin d’éviter de tomber dans les erreurs du passé. Pour cet économiste, le traitement économique des dossiers se fera selon les priorités de chaque secteur. Certaines questions d’ordre organisationnelles doivent être traitées dans le court terme de 2 à 3 ans et les dossiers nécessitant des réformes structurelles seront traités dans le moyen terme et d’autres à long terme de 7 ans et plus.
La refonte du dossier des subventions a été à chaque fois, reporté, pour des raisons politiques que traverse le pays et parfois, à cause de l’absence d’un système de statistiques moderne. Les pouvoirs publics ont sollicité, l’année dernière, l’aide technique de la Banque Mondiale pour mettre en place un système de ciblage des subventions. Une étude est en cours afin de procéder à des réformes visant à créer un outil ciblant les familles aux revenus modestes, permettant à l’Etat de rationaliser les dépenses publiques.
A.R.
Ecotimes, 27 mai 2021
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