par Nawal Imès
Le confinement obligatoire imposé aux passagers choisissant la destination Algérie suscite autant d’interrogations que d’incompréhensions. Pourquoi imposer une quarantaine à des personnes présentant un test PCR négatif ? Idem pour les personnes vaccinées. Explications du Pr Salim Nafti, ancien chef de service de pneumologie au CHU Mustapha, et du Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie. Sur un plan purement scientifique, ils jugent cette décision totalement justifiée.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – Depuis l’annonce des conditions imposées aux voyageurs arrivant sur le sol algérien, la polémique enfle autour de la quarantaine obligatoire qu’ils devront observer. Pourquoi des personnes au test négatif sont-elles obligées de se confiner ? La mesure est-elle abusive ? Sur un plan purement médical, non, répondent nos interlocuteurs interrogés à ce sujet, justifiant ceci par des raisons purement scientifiques.
Le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société d’infectiologie, estime que présenter un test PCR négatif ne peut être considéré comme un quitus. Pourquoi ? «Une personne présentant un test PCR négatif peut s’avérer plus tard positive. Tout le monde sait qu’il y a une marge de 10 à 20% de PCR, même lorsqu’elles sont bien faites, peuvent donner de faux négatifs. La personne peut être dans une phase d’incubation puis être positive deux jours plus tard, qu’elle développe des signes ou qu’elle soit asymptomatique», dira-t-il. Et d’ajouter : «Un test PCR négatif n’élimine le Covid que le jour où il a été fait, pas le lendemain ou deux jours plus tard. Beaucoup de pays ont choisi le même schéma. C’est le cas du Canada qui exige non seulement un test PCR à l’arrivée, mais aussi un confinement aux frais du passager, puis un autre test. C’est la seule manière de s’assurer que la personne n’est pas porteuse du virus. Ces cinq jours de confinement servent à donner le temps à la maladie de se développer si jamais la personne est porteuse du virus, puisque, au moment où elle l’avait effectué, elle n’était peut-être pas encore affectée.» Des mesures d’autant plus justifiées, ajoutera-t-il, par la prédominance des variants puisqu’il explique qu’«il ne faut pas oublier que le risque actuellement, c’est le variant. Dans toute l’Europe, c’est ce dernier qui circule le plus. On ne peut prendre le risque de voir les contaminations exploser. Ces conditions sont tributaires de l’amélioration de la situation épidémiologique. Les protocoles sanitaires n’ont jamais été figés, ils évoluent en fonction de la situation, notamment celle du pays d’où viennent les voyageurs». Pour le professeur Salim Nafti, ancien chef du service de pneumologie au CHU Mustapha-Pacha, le confinement obligatoire trouve ses raisons dans la nécessité de ne laisser aucune faille dans le dispositif, expliquant que «comme il y a une phase d’incubation, il peut y avoir de faux négatifs et de faux positifs, parce que parmi les sujets PCR négatifs, il est possible que dans les 24 heures ou 48 heures, ils deviennent positifs». Pourquoi ? Le Pr Nafti répond que «c’est parce qu’il y a un décalage entre le moment de la pénétration du virus et le moment du test. Il est possible que le virus entre, dans un premier temps, en petites quantités et que dans les jours qui suivent, il se multiplie et c’est à ce moment-là qu’on le retrouve.
Le confinement obligatoire est une mesure supplémentaire pour ne pas laisser passer entre les mailles du filet des gens qu’on appelle de faux négatifs, et ça reste une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé». Qu’en est-il des personnes vaccinées ? «Même vacciné, on peut être porteur du Covid. La vaccination est une mesure préventive et non curative. Et même vacciné, vous pouvez faire une forme modérée, que vous pouvez toujours transmettre aux autres.»
N. I.
Le Soir d’Algérie, 27 mai 2021
Etiquettes : Algérie, ouverture des frontières, confinement, coronavisu, covid 19, pandsémie, restrictions,
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