Algérie : Campagne électorale – Inculture politique

A la différence des élections locales, où la campagne électorale est généralement centrée sur les préoccupations « domestiques » propres à chaque commune ou wilaya, les législatives sont en principe destinées à élire des députés, que l’on qualifie prosaïquement de « représentants » du peuple, dont le rôle est de débattre, proposer, amender, voter des lois et contrôler au premier degré l’action du gouvernement. Ces éléments pourtant basiques ne semblent pas constituer le socle sur lequel avait été bâtie une campagne électorale, qui vient de boucler sa première semaine dans l’indifférence totale, malgré le soutien des médias lourds ; chaînes de TV publiques et privées.

Dans leurs meetings, formations politiques et listes indépendantes continuent toujours d’ignorer la dimension nationale du vote, en formulant et en modulant leurs discours, selon la région où ils se produisent, sans tenir compte du fait qu’une fois installés au Palais Zighoud Youcef, ils sont appelés à légiférer au nom du peuple algérien et non au nom de la population, qui les a élus. Cette propension à réduire un mandat d’essence nationale, à des promesses de « proximité » traduisent-elles une méconnaissance profonde de la Constitution de la part de la majorité des candidats, dont la plupart ne connaissent même pas le vrai sens du militantisme, ou illustrent-elles tout bonnement une inculture politique « édifiante » ?

Que l’on soit à Tizi-Ouzou, à Tindouf, à Tébessa, à Touggourt ou à Tlemcen, les animateurs de cette campagne électorale, morose et sans attrait, ne doivent-ils pas élever le niveau, en considérant que celui et celle, qui les écoutent, sont d’abord des citoyens, tout à fait conscients que les problèmes de leur région restent tributaires d’un seul et unique paramètre : une véritable séparation des pouvoirs et une APN indépendante de toute tutelle, quelle qu’elle soit ?

La réhabilitation du secteur de la santé à Ouargla, la modernisation de Tindouf, ou le développement des zones d’ombres à Souk Ahras ou à Tissemsilt, c’est du domaine des élus locaux. Un futur député, qui se respecte, est tenu à aller au fond de la problématique. Son programme électoral devrait englober un projet de société en bonne et due forme, loin de la démagogie, du folklore et des improvisations populistes. Ce n’est certainement pas en saluant Bordj Bou Arreridj, qu’il s’est rappelé, non sans arrière-pensées, qu’elle fut à un certain moment qualifié de « capitale du Hirak », qu’il pourrait attirer les suffrages vers son parti ! Ce n’est pas non plus en tirant « à bout portant », contre ses concurrents, comme vient de le faire, lors d’un rassemblement à Constantine, le secrétaire général du FLN, qui a accusé Bengrina de nourrir un discours régionaliste, que l’ex-parti unique va pouvoir récupérer sa suprématie, surfaite par ailleurs.

A travers tout ce bla-bla, qui n’a jamais habillé son homme, ce n’est également pas en se présentant comme un homme aux « mains propres », que les électeurs vont s’arracher les bulletins de vote de ce candidat d’une liste indépendante. Sofiane Djilali n’aura pas eu finalement complètement tort, en faisant l’impasse sur les meetings, préférant le contact direct avec les citoyens, là où il a la latitude de le faire.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 29 mai 2021

Etiquettes : Algérie, élections législatives, campagne électorale, candidats, discours,

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