Le Parlement rejette l’utilisation de mineurs par le Maroc pour faire pression sur l’Espagne
Strasbourg (France), 8 juin (EFE) – Les quatre principaux groupes du Parlement européen (PE) ont convenu aujourd’hui que la résolution que la plénière votera demain, jeudi, sur l’utilisation de mineurs par le Maroc dans la récente crise migratoire condamne « l’utilisation des contrôles aux frontières, de la migration et des mineurs non accompagnés » comme « pression politique » contre un pays européen, en référence à l’Espagne.
Le texte, qui a été approuvé par les partis populaires, socialistes, libéraux et verts, déplore « la participation d’enfants, de mineurs non accompagnés et de familles » à l’entrée massive du Maroc à Ceuta, mettant « leur vie et leur sécurité en danger » et regrette en même temps la crise politique et diplomatique entre le pays nord-africain et l’Espagne.
Cette crise, soulignent-ils, ne doit pas remettre en cause les relations « stratégiques, multidimensionnelles et privilégiées » entre le Maroc et l’Union européenne ni la coopération dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et d’êtres humains ou la migration.
La résolution, promue par Ciudadanos et qui sera votée demain, jeudi, après un débat sur la question, demande que les « désaccords bilatéraux » entre l’Espagne et le Maroc soient traités par le biais du dialogue diplomatique.
Il exhorte également le Maroc à respecter son engagement en faveur d’une coopération renforcée en matière de gestion des frontières et de mobilité migratoire « dans un esprit de dialogue ».
Les députés demanderont également à l’Espagne et au Maroc de travailler ensemble pour permettre le rapatriement des mineurs vers leurs familles, après que des milliers de personnes soient entrées de manière inattendue sur le territoire espagnol en mai dernier.
Les députés soulignent également que Ceuta « est une frontière extérieure de l’Union dont la protection et la sécurité concernent l’ensemble de l’Union », applaudissent la réaction de Frontex qui a offert des ressources à l’Espagne pour gérer la crise et demandent à la Commission européenne de fournir au gouvernement un financement d’urgence supplémentaire pour faire face à la crise, en augmentant la capacité d’hébergement des mineurs non accompagnés.
Le Parlement européen « exprime également sa pleine solidarité avec les citoyens de Ceuta » et apprécie le professionnalisme et l’efficacité dont ils ont fait preuve avec les forces de l’ordre espagnoles et les ONG sur le terrain pour « faire face aux crises et contribuer à sauver de nombreuses vies ».
Six des sept groupes politiques représentés au Parlement européen avaient déposé des propositions de résolution avant le débat de demain, avec un vocabulaire différent pour évoquer la crise migratoire à Ceuta, mais ce sont finalement les Populaires, les Socialistes, les Libéraux et les Verts qui se sont mis d’accord sur un texte qui devrait recevoir le soutien de l’ensemble de l’Assemblée.
Mercredi, le ministre marocain des affaires étrangères, Naser Burita, a déclaré que le gouvernement espagnol « tente d’européaniser une crise qui est bilatérale » entre le Maroc et l’Espagne et qui « n’a pas pris fin le 1er juin » avec le départ du territoire espagnol du chef du Front Polisario, Brahim Ghali.
« La crise est là parce que ses causes profondes perdurent », a poursuivi M. Burita, qui estime que « l’européanisation de cette crise est une fuite en avant, une façon de détourner l’attention ». EFE
Swissinfo, 09 juin 2021