L’Algérie a vécu, hier, un jour particulier. Le jour de vote constitue, en effet, pour toute République moderne un moment fort, puisqu’il renvoie aux fondements même de la nation et réaffirme le pouvoir qu’a le peuple sur sa destinée. Voter est un acte de citoyenneté, mais aussi un geste par lequel la société exerce son pouvoir légitime, celui de choisir ses gouvernants. En un mot comme en mille, les élections sont l’expression la plus moderne de la gouvernance, pour la simple raison qu’il y a dans cet acte une notion de réversibilité au sens où tout mandat est limité dans le temps. Fondamentalement donc, le scrutin législatif d’hier est véritablement un rendez-vous crucial comme l’ont été les précédents et comme le seront les prochains.
Cela pour dire qu’il n’y a pas d’alternative aux élections dans n’importe quel pays au monde et notamment en Algérie. Rappelons-nous, au cœur même de la tempête sécuritaire des années 90, c’était par le vote lors de la Présidentielle de 1995 que le peuple a dit son mot et rejeté l’islamisme radical et son pendant, le terrorisme sauvage. Aujourd’hui, la situation est différente, l’Algérie est apaisée et surtout confortée par un éveil politique exceptionnel matérialisé par le mouvement populaire qui a su dire stop à la présidence à vie. Depuis l’avènement de la nouvelle République, la société entrevoit son avenir avec sérénité malgré les petits problèmes du quotidien. Mais cela n’enlève rien à l’importance du rendez-vous électoral, car c’est à travers des actes pareils que se construisent les grandes nations.
La réalité du terrain n’est pas aussi idyllique, loin s’en faut. Les critiques fusent de partout, le boycott annoncé d’une partie de la classe politique est une donnée constante de la scène nationale et la crédibilité des élus des précédentes assemblées était quelque peu entamée par le faible taux de participation enregistré tout au long des deux dernières décennies. Mais dans tout cela, il convient de souligner que l’Algérie a vécu trois semaines de campagne électorale où l’on a vu des jeunes hommes et des jeunes femmes sortis du Hirak, entrer en politique et croire en leur capacité de changer les choses dans leur pays. Ils risquent peut-être de ne pas convaincre lors de la prochaine législature. Mais qu’à cela ne tienne, d’autres essayeront en 2026. L’essentiel est dans la pérennité du processus électoral. Le reste viendra avec les luttes politiques.
Par Nabil G.
Ouest Tribune, 13 juin 2021
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