par El-Houari Dilmi
Les Algériens ont voté, hier, pour se doter d’une nouvelle législature qui aura pour « mission historique » d’ancrer le pays dans l’ère de la démocratie, la vraie de vraie espère-t-on. L’occasion de voir si les « vieux partis », legs d’une ère honnie par les Algériens, vont encore recycler leurs « militants » dans le nouveau paysage politique du pays ?
Ni la mise à sac «programmée» des richesses du pays, ni les terribles bouleversements que connaissent les pays de la même sphère géopolitique, ni les malheurs innommables causés par des régimes qui marchent sur des cadavres pour rester sur place, ne semblent convaincre ceux qui ont « libéré » le pays à sortir de cet enfermement psychiatrique : celui de croire mordicus que personne n’est digne de présider au destin menacé du pays que ce «Front», devenu le « colon » après avoir longtemps été le « colonisé ».
Pour l’Algérien lambda, qu’il s’intéresse à la politique ou pas, les choses ne risquent pas de changer tant que ces noms « éléphantesques » continuent à rôder autour de la sphère politique, nourrissant le sentiment tenace que la politique et son corollaire le pouvoir restent un gigantesque marché de dupes où les gagnants d’un jour sont les perdants de toujours.
L’on sait très bien que la mise en « ordre serré » qu’induit l’élection du nouveau Parlement, risque d’envoyer au tapis une bonne partie de la classe politique dite « traditionnelle », ce qui ne serait pas une mauvaise chose pour le pays. C’est que l’avenir du pays n’est pas plus dans un homme, fût-il un thaumaturge des temps modernes, comme il est dans la capacité d’un pays à sortir du vieux mythe du père-tutélaire, tant le monde d’aujourd’hui a appris à cultiver son blé plutôt que de manger du pain fabriqué par les mains calleuses des autres.
De nombreux drames auraient pu être évités si ceux qui se prennent pour les « aînés » de la République ne prenaient pas encore et toujours les (éternels) mineurs (que nous sommes), pour des « artichauts ». Parce que la maturité n’étant pas dans l’âge de son corps, mais dans l’épaisseur de ses idées, le pays risque de rester coincé, encore pour longtemps, aussi longtemps que les politiques, les anciens comme les nouveaux, continueront à nous vendre des idées reçues, à défaut d’offrir de vraies pensées. Sinon, il faudra penser, peut-être, à « vendre » le pays ou l’envoyer carrément au musée… !
Le Quotidien d’Oran, 13 juin 2021
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