Le Soir d’Algérie : Mon ni-ni à moi !

Par Hakim Laalam

Nouveaux visages à l’Assemblée. Enfin, je crois, certains étaient flous, comme…
… gommés !

Des Dézédiennnes et des Dézédiens s’enorgueillissent de publier des photos de bulletins de vote jetés à terre, d’urnes cassées et de matériel urbain détruit. Je ne suis ni juge ni procureur. Par contre, je suis aussi dézédien. Et en tant qu’adulte, je peux décider avec qui j’ai envie de vivre. Et avec qui je n’ai franchement pas envie de passer le restant de mes jours. Ça donne cette équation impossible à négocier. C’est mon ni-ni à moi ! Ni vivre avec les restes de la Içaba. Ni avec les casseurs ! Ni avec le système en son état actuel qui est tout, sauf l’ébauche réelle d’une seconde République. Ni avec ceux qui ont la violence comme seule alternative.

Emprisonner des personnes pour leurs opinions, c’est détestable. S’en prendre à des urnes, déchiqueter des bulletins de vote, broyer des urnes et saccager une école, c’est tout autant détestable. Peut-être plus encore. Je m’explique : le pouvoir ne me surprend pas lorsqu’il confond autorité publique et autoritarisme despotique. Il est dans sa logique autiste qu’il faut combattre pacifiquement. En toutes circonstances. Par contre, ceux qui se disent porteurs d’un projet de changement démocratique me laissent pour le moins perplexe lorsqu’ils adoptent la destruction comme seul « projet » d’avenir. Lorsqu’ils se postent aux abords d’un centre de vote pour terroriser les citoyennes et les citoyens désirant s’exprimer par le suffrage.

L’acte violent est terrible de conséquences, et pas seulement pour ces législatives. Demain, si un débat sur l’abrogation du code de la famille est entamé et qu’il débouche sur un vote, qui empêchera les islamistes, les conservateurs et leurs alliés de s’en prendre au processus référendaire par la force et le saccage ? Ils pourront toujours arguer des « précédents » ! Dire et expliquer qu’ils ne font que ce qu’ont fait les autres. Et après, si est engagé un autre débat, disons celui sur la transition énergétique, qu’est-ce qui empêchera le lobby du diesel et de la pièce détachée de cramer toutes les voitures électriques achetées par le ministre Chitour ?

Je caricature. Si peu, en fait ! Par contre, là où je n’ai franchement pas envie de caricaturer, c’est dans mon ni-ni ! Ni les résidus de la Içaba. Ni la dictature de la pensée par le feu et le chaos. Les deux produisent sur moi le même effet révulsif. Qui lui-même me pousse à fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.

Le Soir d’Algérie, 13 juin 2021

Etiquettes : Algérie, Hirak, violence, répression,

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