C’était un slogan qui aura servi plus de deux décennies durant le règne sans partage de l’ex- parti unique le FLN. «Le changement dans la continuité» aura en l’occurrence marqué des générations d’Algériens qui, dans l’isoloir, avaient le choix entre un candidat du FLN et un autre du…FLN ! Du pareil au même dirons-nous.
Mais il y avait aussi et quoiqu’on dise de la qualité dans l’appareil peuplé de brillants cadres de l’État bien qu’ils étaient totalement inféodés au système en vertu du sacro- saint article 120 de la constitution qui obligeait tout fonctionnaire aspirant à un poste dans la haute administration ou dans une assemblée élective de disposer d’une carte d’adhérent au parti-Etat. Or, ce slogan sonne faux dans un contexte de pluralisme politique. En l’occurrence, le retour triomphal annoncé du binôme PFLN-RND à la faveur des résultats des législatives de samedi dernier, laisse un arrière-goût amer à tous ceux qui espéraient que la démocratie algérienne allait se développer crescendo. C’est un coup fatal et décisif à l’espoir d’une autre Algérie que celle bâtie sur l’ex- parti unique et ses clones.
Que le PFLN et le RND chassés par le formidable mouvement populaire du 22 février 2019 pour avoir servi de bras politique au système Bouteflika, reviennent deux ans plus tard pour réoccuper l’Assemblée populaire nationale est un signe grave d’une arriération politique extrêmement préjudiciable au cheminement démocratique de la nation. C’est un terrible boomerang à ces millions d’Algériens sortis dans les rues dire basta à ce système stérile et stérilisant dont ces deux partis étaient les pièces maîtresses et qui a mis le destin du pays en sursis. Au grand bonheur des tireurs de ficelles qui s’assurent du maintien d’un système mortifère pour le pays mais extrêmement bénéfique pour eux et leurs smalas.
Signe terrible de ce retour en grâce des «ex», Sadek Bouguetaya, l’une des figures carbonisées de l’ex- parti unique qui aura mangé à toutes les sauces, a fait un «petit» à l’APN! Son fiston qui sort à peine de l’adolescence vient d’être élu sur la liste du PFLN à Alger pour assurer la… continuité et l’héritage. Son alter ego, Abdelkader Bengrina lui aussi ancien ministre sous Zeroual et Bouteflika a poussé triomphalement son fils vers le palais Zighoud Youcef. Pour sûr, la députation sera le premier vrai boulot pour «Bengrina junior». Il va apprendre le métier comme dirait l’autre. Cela fait rire n’était que c’est du destin de notre pays qu’il s’agit.
Des millions d’Algériens ont réussi un formidable sursaut populaire qui aura ébloui le monde et stoppé net les prétentions monarchiques de Bouteflika, pour que, à la fin, les deux appareils du grand banditisme politique reviennent les narguer… C’est un gravissime retour vers le passé ! Les résultats du scrutin du 12 juin laissent un goût aussi amer que celui du 12 juin 1990 qui avait vu le parti dissous rafler la majorité dans les Assemblées locales.
En tout état de cause, cette victoire à la Phyrus du tandem du système, le PFLN et le RND est une mauvaise nouvelle pour la démocratie en Algérie. Pour l’Algérie tout court. Ce brusque et violent retour du refoulé est une pilule qui aura du mal à être avalée. Et le peu n’y est pour rien.
Imane B.
L’Est Républicain, 16 juin 2021
Etiquettes : Algérie, électionslégislatives, majorité parlementaire, formation du gouvernement,
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