Les rapports des jeunes Algériens à la politique semblent connaître une mutation positive.
Le temps où la jeunesse ne daignait même pas retirer sa carte de vote est révolu.
La place est faite à celle qui, présentement, s’investit complètement pour mettre fin à sa marginalisation. La jeunesse ose maintenant s’engager et bousculer l’ordre établi à coups de rentes viagères.
La nouvelle APN a ouvert ses portes à de nombreux jeunes députés qui se sont imposés en force dans ces législatives du 12 juin. Ils ont exprimé leur ambition de peser de tout leur poids et de jouer un rôle important dans le remodelage de la scène politique.
Cette percée remarquable n’a rien de surprenant. Elle était prévisible du fait que la Constitution, amendée en 2020, encourage la jeunesse à participer à la vie politique. Dans ce sillage, l’article 73 de la Loi fondamentale stipule que l’Etat veille à réunir les moyens institutionnels et matériels à même de développer les capacités de la jeunesse et à encourager son potentiel créatif.
En plus de leur jeune âge, beaucoup de nouveaux députés jouissent d’un niveau universitaire.Les chiffres sont éloquents. Mohamed Charfi, président de l’ANIE, rappelle que plus de 13.000 jeunes étaient candidats parmi les 10.468 candidats issus de partis et 12.086 candidats indépendants.C’est là un acquis indéniable et fondamental pour les institutions de la République appelées à répondre à une impérative redynamisation de leurs missions et à reconquérir la confiance des citoyens.
Ce potentiel, éminemment juvénile, a réalisé une gageure, tirant profit de l’engagement du président de la République qui n’a jamais cessé d’inciter les jeunes à s’impliquer de manière à apporter du sang neuf et de nouveaux visages aux institutions.
«Je sais qu’il y a un engouement pour ces législatives, notamment chez les jeunes, alors que tout récemment, ils ne s’inscrivaient même pas sur les listes électorales», avait-il indiqué, précisant que «plus de 50% de la population a moins de 30 ans». L’occasion est offerte aux jeunes de prouver ce dont ils sont capables et d’apporter la plus-value tant attendue par les citoyens avec le sens des responsabilités, de la patience et de l’audace. Il n’est pas exclu de voir émerger de jeunes partis, souvent en perte de vitesse, qui œuvreront à s’affirmer sur la scène politique.
A cet effet, l’universitaire Laïd Zaghlami a qualifié le rajeunissement de l’APN de saut qualitatif, regrettant que certains observateurs reprochent aux jeunes leur manque d’expérience, d’anciens députés, autrement plus âgés et plus expérimentés, s’étaient distingués par des affaires de corruption et d’argent sale.
Cela étant, les nouveaux élus ne doivent pas perdre de vue qu’ils sont comptables vis-à-vis de la population dans la prise en charge de ses préoccupations. Ces législatives représentent une étape charnière qui sera suivie par d’autres échéances pour lesquelles le peuple sera appelé à choisir ses représentants sur la base de la compétence et de l’intégrité.
EL MOUDJAHID, 19 juin 2021
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