Comité spécial de la décolonisation: Les pétitionnaires de Porto Rico revendiquent avec force leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance dans un contexte socioéconomique désastreux
Le Comité spécial de la décolonisation a auditionné aujourd’hui une vingtaine de pétitionnaires sur Porto Rico qui, appuyés par six délégations, ont revendiqué avec force leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance, dénonçant « la domination coloniale » des États-Unis.
Depuis le 25 juillet 1898, a accusé « Partido Nacionalista de Puerto Rico » le « régime colonial » adopte des lois qui ne servent que les intérêts des entreprises américaines, lesquelles ont « carte blanche » pour piller. Le « Parti des travailleurs socialistes » a parlé d’une économie en chute libre soumise aux attaques « incessantes » du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières (Junta), imposé depuis 10 ans par les États-Unis, et dont les sept membres « étrangers » n’ont qu’un seul but: payer les riches détenteurs de la dette publique au détriment des emplois, des pensions et des services sociaux de base. Cette dette, que Cuba a estimé à 167,8 milliards de dollars, n’est pas celle des Portoricains mais celle des porteurs d’obligations, a martelé le pétitionnaire.
Quelque 157 millions de dollars ont déjà été engloutis, cette année, dans la privatisation de la compagnie d’électricité, faisant grimper encore la dette, a souligné « Call to Action on Puerto Rico ». Les mesures d’austérité encouragent « les colons américains » à faire main basse sur l’économie, dans le but de créer un « Porto Rico sans Portoricains ». C’est « un nettoyage ethnique », a affirmé « Frente Independentista Boricua », avant que « Movimiento Victoria Ciudadana » ne pointe un doigt accusateur sur les « vautours de Wall Street », aidés par un Congrès américain qui continue d’adopter des lois avantageuses pour que les Américains puissent s’enrichir à Porto Rico sans y payer d’impôts, a ajouté « Organization for Culture of Hispanic Origins ».
« Les serpents » se remplissent les poches, l’éducation est privatisée, le système de santé abandonné. On nous vole nos terres, on croule sous la dette et on nous évacue de force, a dénoncé « El Grito ». Nous n’avons aucun droit à notre sol mais les envahisseurs nous pillent avec l’aide des banques et des fonds spéculatifs, s’est-il emporté. Depuis que les États-Unis ont imposé à Porto Rico, il a près de 70 ans, le statut de libre association, qui n’a de libre que le nom, le Congrès américain exerce ses pleins pouvoirs sur le territoire, a confirmé Cuba, en parlant d’une « supercherie » et d’une « farce » fustigée aujourd’hui par les pétitionnaires.
Cuba a ajouté qu’après le passage des cyclones Irma et Maria en 2017, les dégâts ont été estimés à 45 et 90 milliards de dollars, sans compter les près de 3 000 morts, les plus de 225 000 familles sans abri, la destruction des exploitations agricoles et une dette « qui est tout simplement impossible à rembourser ». Ce territoire ne relève pas d’une question interne mais d’une question qui tombe dans le mandat du Comité spécial et sur la table de la communauté internationale dans son ensemble. Il est temps de respecter le droit du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, a encore dit Cuba, en reprenant les appels des pétitionnaires.
Après 30 résolutions sur une question inscrite à l’ordre du jour du Comité spécial depuis plus de 42 ans, comme l’a souligné l’Azebaïdjan, au nom du Mouvement des non-alignés, rien n’avance, l’ONU ferme les yeux sur la situation, renonçant à son rôle de défenseur des droits de l’homme, s’est impatienté « Herminia Health », jugeant comme les autres que l’Assemblée générale doit se saisir elle-même de la question de Porto Rico et exercer les pressions politiques nécessaires sur les États-Unis pour obtenir le lancement du processus de décolonisation.
Le Comité spécial a prévu une autre séance publique jeudi 24 juin à partir de 10 heures pour examiner la question des îles Falkland (Malvinas).
AUDITION DE PÉTIONNAIRES SUR LA QUESTION DE PORTO RICO
M. MARTIN KOPPEL, Parti des travailleurs socialistes, a estimé que les conditions de travail et de vie des travailleurs portoricains et américains sont véritablement attaquées. Ces attaques, a-t-il dit, ont été mises en lumière par la riposte « désastreuse » à la pandémie de COVID-19 menée par « les dirigeants capitalistes » à Washington et à San Juan. À Porto Rico, a précisé le pétitionnaire, les travailleurs et les fermiers sont soumis aux attaques incessantes du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières (Junta), imposé par les États-Unis et leur « gouvernement colonial » dont la priorité est de payer les riches détenteurs de la dette de 74 milliards de dollars, au détriment de la majorité de la population. Ils ont supprimé les emplois, les pensions et les protections sociales si difficilement acquis.
Mais les travailleurs de Porto Rico ne se laissent pas faire et contre-attaquent, a affirmé le pétitionnaire, en parlant des manifestations généralisées. Nous demandons à Washington d’annuler la dette de Porto Rico car ce n’est pas la dette des travailleurs mais celle des porteurs d’obligations. Le succès dans la lutte pour l’indépendance, a poursuivi le pétitionnaire, renforcerait aussi les travailleurs aux États-Unis. Nous nous battons contre un ennemi commun: la classe dirigeante capitaliste américaine, son gouvernement et ses partis, démocrate et républicain. Les travailleurs américains peuvent s’identifier à la résistance de leurs collègues de Porto Rico contre la brutalité de la « Junta ».
Beaucoup croient que les États-Unis ne peuvent se libérer tant que Washington maintiendra « sa ceinture coloniale » autour de Porto Rico. Nous pouvons gagner si nous nous battons ensemble, a lancé le pétitionnaire. Depuis six décennies, a-t-il expliqué, Cuba nous montre comment un gouvernement de travailleurs et de fermiers peut devenir une arme contre toutes les formes d’oppression et contre la domination impérialiste et l’exploitation capitaliste dans le monde. La révolution cubaine nous a montré que la liberté et l’indépendance de Porto Rico s’arrachent.
M. BENJAMIN RAMOS, « The ProLibertad Freedom Campaign », a énuméré toutes les violations des droits de l’homme commises par les États-Unis à Porto Rico depuis 122 ans. Porto Rico, a-t-il souligné, est une colonie et « c’est un fait irréfutable ». Son aspiration à l’indépendance est réelle et l’idée que la « puissance coloniale » puisse contrôler le processus de décolonisation est tout simplement « inacceptable ».
Le Congrès a les pleins pouvoirs, a confirmé Mme SONIA NEGRON, Herminia Health. Les États-Unis contrôlent toutes les questions liées à la défense et aux affaires étrangères, « sans consulter les Portoricains ». Il est honteux, s’est impatientée la pétitionnaire, que l’ONU ait fermé les yeux sur cette situation, renonçant ainsi à son rôle de « défenseur des droits de l’homme ».
M. EDWIN ORTIZ, Call to Action on Puerto Rico, a constaté que la situation coloniale de Porto Rico ne fait qu’empirer. La puissance coloniale continue son œuvre de démantèlement des infrastructures civiles de l’île y compris les écoles et les hôpitaux. Quelque 157 millions de dollars ont déjà été engloutis, cette année, dans la privatisation de la compagnie d’électricité, faisant augmenter la dette publique. Les touristes américains refusent de respecter les règles sanitaires contre la COVID-19 et les ONG basées aux États-Unis, en dépit de leurs actions sociales, tendent à créer une dépendance à l’aide. Pour M. Ortiz, le Congrès américain doit entendre la voix des Portoricains parce que « Porto Rico sera libre un jour », a-t-il prévenu.
Le statut actuel ne peut perdurer, a poursuivi M. JOHN MELENDEZ RIVERA, Frente Independentista Boricua, qui a dénoncé les violations des droits de l’homme. Les mesures d’austérité imposées à Porto Rico encouragent en outre « les colons américains » à faire main basse sur l’économie, dans le but de créer un « Porto Rico sans Portoricains ». C’est « un nettoyage ethnique », a-t-il affirmé, en soulignant l’impact de la loi Jones. Mais notre culture et notre conscience nationale restent intactes et nous continuerons notre lutte. Nous demandons aux États-Unis de cesser de fouler au pied le droit international et d’amorcer immédiatement le processus de décolonisation. L’ONU, a conclu le pétitionnaire, doit rétablir la place de Porto Rico à l’ordre du jour de l’Assemblée générale et du Comité spécial.
À son tour, M. MANUEL RIVERA, Puertorriqueños Unidos En Acción, a indiqué qu’aucun des projets de loi présentés à la Commission des ressources naturelles du Congrès américain ne respecte les principes du droit international et de la résolution de l’Assemblée générale sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Cessons de croire, a-t-il prévenu, que l’arrivée d’un président démocrate va favoriser la décolonisation de Porto Rico. Il a rappelé que lors du référendum de 2012, les Portoricains ont rejeté par 54% le statut de libre association avec les États-Unis.
Mon parti, a expliqué M. MANUEL NATAL ALBELO, Movimiento Victoria Ciudadana (MVC), a été créé en 2019 pour accompagner la décolonisation de Porto Rico. Il a jugé « inacceptable » que le Congrès des États-Unis ait imposé la Junta. Ainsi, les sept personnes qui composent le Conseil de supervision fiscale « se substituent carrément » aux institutions de Porto Rico. À cause d’elles, 43% des écoles publiques ont fermé, les privatisations se multiplient et la pauvreté s’est aggravée. Le pétitionnaire s’en est pris aux « vautours de Wall Street » qui travaillent en fait pour Washington.
Mme VANESSA RAMOS, « Asociación Americana de Juristas », a demandé au Comité spécial de se pencher sur un certain nombre de problèmes dont la privatisation des entreprises publiques. Le droit à l’éducation est violé avec l’élimination des cours dans les universités et l’augmentation des frais d’inscription. La marine américaine contamine les terres, affectant la santé de la population. Ces problèmes et d’autres doivent être résolus de toute urgence et les Nations Unies doivent jouer leur rôle important de défendre le respect des droits du peuple portoricain, a conclu la pétitionnaire.
Depuis les années 70, s’est impatienté M. ALEJANDRO TORRES RIVERA, Movimiento Independentista Nacional Hostosiano, les États-Unis brossent un faux tableau de la situation à Porto Rico. Le Comité spécial, a-t-il ajouté, a reconnu notre droit à l’indépendance et à l’autodétermination depuis plus de 40 ans. Or aujourd’hui, les Portoricains ne peuvent même pas accéder à leurs propres ressources pour réaliser leur développement. Il est temps que le Comité spécial lance un véritable processus de décolonisation et mette un arrêt « aux manipulations » de la puissance militaire coloniale. L’Assemblée générale, a martelé le pétitionnaire, doit se saisir de la question de Porto Rico.
Un vent de changement est en train de souffler sur l’île, a affirmé M. JUAN DALMAU, Puerto Rican Independence Party, en réitérant l’idée d’une assemblée constituante pour négocier l’avenir de Porto Rico avec le Gouvernement américain et l’appui du Comité spécial. M. Dalmau a demandé à la communauté internationale de forcer les États-Unis à respecter les résolutions pertinentes des Nations Unies. L’Assemblée doit se saisir de la question de Porto Rico et exercer les pressions politiques nécessaires, a dit à son tour le pétitionnaire.
La situation devient « ridicule », s’est exclamé M. WALTER ALOMAR, Organization for Culture of Hispanic Origins. Tout le monde est d’accord sur la nécessité de décoloniser Porto Rico mais rien n’avance, a-t-il dit, en prenant l’exemple du Congrès américain qui continue d’adopter des lois avantageuses pour les Américains qui s’enrichissent à Porto Rico sans y payer d’impôts. « La solution est simple », a-t-il martelé. Il faut faire cesser « le statut colonial de Porto Rico » et obtenir des États-Unis qu’ils restituent « ce bien volé ».
Les États-Unis, a ajouté Mme ESTELI CAPOTE, Frente Socialista, étranglent économiquement Porto Rico par des mesures telles que la privatisation des compagnies d’électricité. Les investisseurs américains bénéficient d’avantages fiscaux énormes alors que le Conseil de supervision fiscale gère les affaires économiques et financières « sans partage ». L’absence de mesures contre la pandémie de COVID-19 a fait que les élèves ont manqué une année d’école, a dénoncé, entre autres, Mme Capote, avant de demander au Comité spécial de veiller à ce que la question de Porto Rico soit examinée comme une question internationale et « non interne », comme voudraient le faire croire les États-Unis.
Nous ne sommes ni libres ni associés ni indépendants, s’est impatienté, à son tour, M. MICHAEL VIERA, El Grito. Nous sommes sous une domination coloniale qui doit cesser et les États-Unis doivent être comptables de leurs actes. Les serpents se remplissent les poches, l’éducation est privatisée comme l’est le système de santé. On nous vole nos terres par la force, on croule sous la dette et on nous évacue de force, a poursuivi le pétitionnaire. Nous n’avons aucun droit à notre sol mais les envahisseurs nous pillent avec l’aide des banques et des fonds spéculatifs. Si jamais la loi que le Congrès américain examine en ce moment sur « l’annexion » de Porto Rico est adoptée, « à qui sera le tour, après nous »? « Non, l’indépendance est la seule voie viable », a tranché le pétitionnaire.
Depuis le 25 juillet 1898, a dit à son tour M. GERARDO LUGO SEGARRA, Partido Nacionalista de Puerto Rico, Movimiento Libertador, le « régime colonial » adopte des lois qui ne servent que les intérêts des entreprises américaines, lesquelles ont carte blanche pour piller Porto Rico. Or, la communauté internationale s’est laissée berner par « la farce de 1952 » sur le statut de libre association.
Il est temps que les Nations Unies réagissent, a martelé Mme TRILCE TORRES LÓPEZ, Grand Orient National de Porto Rico. Rien n’a changé depuis 40 ans malgré l’adoption d’une résolution annuelle. La « dictature américaine » s’aggrave, portée par des lois qui privent les Portoricains de leur souveraineté. Aujourd’hui, le Conseil de supervision fiscale, sous le prétexte de trouver les moyens de rembourser la dette publique, sert les intérêts de fonds vautours qui n’hésitent pas à privatiser les services sociaux de base. Depuis le dernier recensement, la population portoricaine a baissé de 12%. Craignant à son tour « un Porto Rico sans Portoricains », la pétitionnaire a exhorté le Comité spécial à donner « des directives claires » pour la décolonisation du territoire.
La décolonisation devient « une nécessité urgente », a confirmé Mme GABRIELA MALESPIN, New York Boricua Resistance, en parlant de la situation socioéconomique « très difficile ». Le colonialisme continue de nous étrangler, servi aujourd’hui par son fameux Conseil de supervision fiscale. Les États-Unis ne renoncent pas à leur « passé raciste », a dénoncé Mme Malespin, en rappelant que les résultats des sept referenda organisés dans l’île n’ont jamais été pris en compte par le Congrès américain. Comme mesure urgente, elle a réclamé le démantèlement du Conseil de supervision fiscale et la reconnaissance par Washington de « ses échecs ». Nous voulons un gouvernement socialiste à Porto Rico, a-t-elle dit.
Survivante d’un cancer qui a emporté son mari, après les essais de missiles et les substances nocives dans les îles de Vieques et de Culebra, Mme MYRNA PAGÁN, Vidas Viequenses Valen, a estimé que Porto Rico a été trahi par « ses maîtres ». Le Congrès américain a eu beau débloquer la somme de 10 millions de dollars pour évaluer les effets des exercices militaires, les produits toxiques continueront de se répandre. Les enfants et les jeunes meurent et ces morts illustrent les violations des droits de l’homme que l’on ne réserve qu’« aux citoyens de seconde zone ». Les hôpitaux devraient être capables d’offrir tous les services, y compris les évacuations médicales, et nous, avoir la possibilité vivre dignement car « nous sommes ici pour rester », a insisté Mme Pagán.
Cela fait maintenant 10 ans que l’économie portoricaine subit un véritable démantèlement, a alerté Mme MARIANA NOGALES-MOLINELLI, représentante (MVC), qui a ajouté que la situation s’est aggravée en 2016 avec la loi « Promesa » et son Conseil de supervision fiscale. Aujourd’hui, tout est privatisé ou sur le point de l’être, même les plages et les espaces naturels. « Ce sont des politiques colonialistes qui tuent le peuple portoricain. »
Pour les États-Unis, a renchéri Mme MARIA DE LOURDES GUZMAN, Movimiento Unión Soberanista, Porto Rico n’est qu’un « butin de guerre », comme en attestent « la farce » du statut de libre association, la loi « Promesa » et sa « tyrannie fiscale » menée tambour battant par « sept étrangers ».
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan) a insisté sur l’attachement de son mouvement à la question de la décolonisation. Quant à celle de Porto Rico, inscrite à l’ordre du jour du Comité spécial depuis plus de 42 ans, le représentant a exprimé son ferme appui aux résolutions adoptées jusqu’ici et a appelé à leur pleine mise en œuvre. Il a promis de travailler à une autre résolution « consensuelle » cette année. Lors du Sommet du Mouvement, les 25 et 26 octobre 2019, a indiqué le représentant, les chefs d’État et de gouvernement ont exprimé leur préoccupation face à la subordination politique des Portoricains qui les empêche de prendre des décisions souveraines sur leurs graves problèmes économiques et sociaux, dont la crise fiscale, l’insolvabilité du Gouvernement et la nécessité de restructurer la dette, sans oublier la crise humanitaire résultant du passage des cyclones Irma et Maria qui ont fait grimper les taux de pauvreté de 45 à 60%, causant une migration massive et compromettant le développement durable.
Les chefs d’État et de gouvernement ont aussi exprimé leur préoccupation face à la législation adoptée par le Congrès américain pour imposer un Conseil de supervision fiscale au Gouvernement de Porto Rico, réduisant le pouvoir budgétaire et fiscal déjà limité des autorités locales. Les chefs d’État et de gouvernement ont également exhorté le Gouvernement américain à restituer les terres et installations de l’île de Vieques ainsi que la Station navale de Roosevelt Road. Le Mouvement, a conclu le représentant, demande aux États-Unis d’assumer leur responsabilité d’accélérer le processus qui permettrait enfin au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
Au nom de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a réitéré le caractère caribéen et latino-américain de Porto Rico qui fait partie d’une région qui doit une fois pour toutes être débarrassée du colonialisme.
Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a appuyé les aspirations légitimes de Porto Rico à vivre dans un État indépendant libre et souverain. Elle a exigé des États-Unis qu’ils respectent leurs obligations au regard du droit international et leur a demandé de restituer les territoires occupés par leur armée et d’en assurer les frais de dépollution. Porto Rico est et restera latino-américain et caribéen, malgré les 122 ans de colonialisme américain.
M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a mis, à son tour, l’accent sur le caractère caribéen et latino-américain de Porto Rico et exigé des États-Unis qu’ils engagent le processus de décolonisation dès que possible. À l’Assemblée générale, il a réclamé un examen approfondi de la situation d’un territoire « qui ne peut pas rester l’exception dans la région », avec son statut de colonie.
M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a rappelé que 38 résolutions ont été adoptées par les Nations Unies, sans aucune conséquence sur le processus de décolonisation de Porto Rico. Il a donc exhorté les États-Unis à respecter au plus vite leur obligation conformément à la résolution 1540 de l’Assemblée générale.
Depuis que les États-Unis ont imposé à Porto Rico, il a près de 70 ans, le statut de libre association, qui n’a de libre que le nom, le Congrès américain exerce ses pleins pouvoirs sur le territoire, a souligné M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba). Le statut de libre association est clairement « une domination coloniale ». C’est la Cour suprême, le Congrès et le Gouvernement américains qui ont dévoilé « cette supercherie » quand en 2016, ils ont déclaré que Porto Rico n’a aucune souveraineté et qu’il est totalement assujetti aux règles de Washington. Nous sommes donc devant « une colonie américaine ».
Revenant au rapport paru sous la cote A/AC.109/2021/L.13, le représentant a dit avoir retenu que depuis le dernier examen de la situation à Porto Rico, la situation socioéconomique s’est détériorée spectaculairement. Le « pays » fait face à un recul économique et à une dette publique impossible à payer sans sacrifier la qualité « étonnante » de l’éducation, de la santé et de la protection sociale. Après le passage des cyclones Irma et Maria en 2017, les dégâts ont été estimés à 45 et 90 milliards de dollars, sans compter les près de 3 000 morts, les plus de 225 000 familles sans abri et la destruction des exploitations agricoles. La dette s’élève à 167,8 milliards de dollars, « ce qui est tout simplement impossible à rembourser ».
La bataille pour la fermeture des installations militaires sur les îles de Vieques et de Culebra se poursuit, étant donné que la présence militaire s’est renforcée, dans le cadre du plan d’intervention au Venezuela. Une nouvelle fois, a fait observer le représentant, Porto Rico est utilisé comme rampe de lancement pour attaquer d’autres pays, en violation de la résolution 57/140 de l’Assemblée générale.
Le représentant a rappelé que le cinquième Sommet des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, en 2017, et celui du Mouvement des pays non alignés, en 2019, ont tous deux appuyé la juste cause de l’autodétermination et de l’indépendance de Porto Rico. Ce territoire ne relève pas d’une question interne des États-Unis. C’est une question qui tombe dans le mandat du Comité spécial et sur la table de la communauté internationale dans son ensemble. Il est temps, a martelé le représentant, de respecter le droit du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance.
Nations Unies, 18 juin 2021
Etiquettes : Porto Rico, Comité de décolonisation, territoires non autonomes,
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