Fin des consultations pour la formation du gouvernement
Quel choix pour Tebboune ?
Le président Tebboune a achevé hier le cycle des consultations avec les six forces politiques vainqueurs des législatives du 12 juin, à savoir le FLN, les Indépendants, le MSP, le RND, El Moustakbel et El Bina dont les responsables se sont succédés à El Mouradia de samedi à lundi. Arithmétiquement, ces six partis, en totalisant le maximum de sièges sur 407, offrent une assise extrêmement large au président pour constituer sa majorité ; sauf que le faible taux de participation, à peine 23%, plombe considérablement sa légitimité. Raison pour laquelle, il n’est pas sans intérêt de se demander si le président ne va pas, dans les prochains jours, élargir le cercle de ses consultations à des personnalités politiques pour les sonder sur leur vision de la crise politique et, pourquoi pas, les hommes qu’il verrait dans le prochain exécutif.
On parle à ce propos de possibilité de voir le président consulter les anciens premiers ministres Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, Abdélaziz Belkhadem dont le nom est d’ailleurs dans le chapeau qui contient de probables chefs du futur exécutif. Dans l’optique de ces mêmes consultations, on parle aussi de l’ancien président Zeroual qui a l’oreille du président Tebboune, d’autant plus qu’au lendemain de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, il a pris son téléphone pour appeler le président Tebboune pour le féliciter du « bon déroulement des législatives qui ont permis aux algériens de choisir librement leurs représentants ».
Dès lors que la constitution donne au président de la République un délai de 30 jours pour travailler à la configuration et la composante du futur gouvernement, il a toute la latitude pour consulter tous azimuts, y compris des partis qui n’ont pas adhéré au processus électoral, s’il veut cristalliser l’objectif du consensus politique recherché. Ce consensus, s’il venait à se traduire, ne serait-ce qu’à minima, serait pour le futur Gouvernement comme une sorte de bonus pour entamer sa dure mission dans un climat moins miné et moins tendu.
L’ampleur des défis, particulièrement sur le plan économique, qui sera la mère des batailles sur l’agenda du futur exécutif, exige du président un soin méticuleux dans le choix du Gouvernement qui doit s’appuyer exclusivement sur des critères de compétence, de conviction et d’engagement. Des critères en rupture avec les mœurs bouteflikiennes qui ont consacré allégeance, clientélisme et régionalisme pour le choix des ministres, nommés, ou pas au service d’un projet politique national, mais à la solde de l’ambition d’un homme qui se croyait destiné à un pouvoir à vie. Ce qui, de l’avis des analystes politiques, expliquent finalement les échecs successifs des différents gouvernements qui se sont succédés depuis 1999, malgré des conditions économiques idéales et un retour de la paix civile, après dix années de violence islamo-terroriste.
En fait, le début du commencement de la solution à la crise du pays, c’est d’abord la composante de l’équipe que le président Tebboune aura choisie au bout de ses consultations.
H. Khellifi
L’Est Républicain, 29 juin 2021
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