Nommé hier par le chef de l’Etat, le ministre des Finances succède à Abdelaziz Djerrad à la tête de l’Exécutif. L’argentier du pays aura la lourde tâche de «poursuivre les consultations» pour former «d’ici une semaine» le nouveau gouvernement post-législatives, mais surtout de relancer la machine économique frappée de plein fouet par le double choc sanitaire et pétrolier.
Par Nazim Brahimi
Une semaine après la démission d’Abdelaziz Djerad, c’est Aïmen Benabderrahmane, jusque-là ministre des Finances dans le même gouvernement, qui a été nommé au poste de Premier ministre à la suite de la tenue des élections législatives anticipées du 12 juin.
La première mission pour le désormais nouveau Premier ministre, qui a pris ses fonctions le jour même, consiste à poursuivre les consultations en cours pour la formation du staff gouvernemental, selon le communiqué rendu public hier par la Présidence de la République.
«En vertu des dispositions de la Constitution, notamment l’article 91, les alinéas 5 et 7, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a nommé aujourd’hui M. Aïmen Benabderrahmane, Premier ministre, en le chargeant de poursuivre les consultations avec les partis politiques et la société civile pour la formation du gouvernement dans les meilleurs délais», a précisé la Présidence.
En attendant, bien entendu, ce que donneront les consultations en cours en vue de la formation du nouvel Exécutif, le profil du successeur de Djerad suggère la lecture selon laquelle la priorité de l’heure pour le premier magistrat du pays est plutôt financière et économique.
Le natif de Mostaganem en 1960 a fait des études à l’Ecole des impôts de Clermont-Ferrand (France), après un cycle de licence en droit en Algérie et avait pris les destinées de la Direction générale des impôts, avant d’atterrir à la Banque d’Algérie dont il prendra les rênes en 2019. Il y a une année, le 23 juin 2020, il devient ministre des Finances dans le gouvernement Djerad auquel il succède avec la difficile mission de redresser la barre dans un contexte peu favorable à la relance et à la croissance. Le chef de l’Exécutif sortant avait alerté, une semaine avant son départ, quant à la problématique de mobiliser des ressources financières pour l’investissement et le déficit budgétaire.
Hier, à l’occasion de sa prise de fonction, M. Benabderrahmane a évoqué davantage «les défis économiques» que le pays doit relever, estimant que «le programme du président Tebboune permettra à l’Algérie de traverser cette étape sereinement et d’amorcer le développement économique escompté». Cependant, et bien que le gouvernement Djerad n’avait pas convaincu, y compris parmi ceux qui ne sont pas forcément dans des postures d’opposition, son successeur s’inscrit dans la poursuite «des résultats du travail assidu du Gouvernement (qui) commencent à voir le jour. L’Algérie arrive graduellement à bon port grâce aux efforts déployés par le Gouvernement 18 mois durant».
Benabderrahmane hérite, sans l’ombre d’un doute, d’une situation économique, financière et sociale difficile qui avait contraint le gouvernement, en 2020, à recourir au financement monétaire à travers la mobilisation des dividendes de la Banque centrale ainsi que la dépréciation de la monnaie nationale pour augmenter artificiellement les revenus libellés en dinars de la fiscalité pétrolière.
Cependant, le regain du prix du pétrole et les prévisions optimistes pour le court terme peuvent vraisemblablement constituer une bouffée d’oxygène pouvant accorder quelques marges de manœuvre pour le gouvernement, attendu, également, sur la question de la révision de la politique des subventions publiques annoncée justement il y a quelques mois par… Benabderrahmane, en qualité de ministre des Finances. Pour ce dernier, il s’agit de «cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin», faisant savoir qu’un «calendrier de la mise en œuvre de cette réforme a déjà été arrêté».
Par ailleurs, et au-delà du contexte dominé par les priorités économiques qui semblent avoir recommandé un profil économique pour le gouvernement, les formations politiques qui misaient sur un gouvernement politique ont été contrariées dans leurs calculs. C’est le cas, notamment du FLN qui, par la voix de son secrétaire général, a soutenu que le Premier ministre «doit être politique pour refléter le poids de chaque parti à l’APN».
Reporters, 1 juillet 2021
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