Une nouvelle dérive vient d’être commise par le royaume du Maroc, avec le soutien relayé par sa représentation diplomatique à New York. Il s’agit d’un prétendu «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», sorti des laboratoires sionistes. C’est une démarche en contradiction avec les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines, et une violation flagrante du droit international et de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a condamné énergiquement «une dérive particulièrement dangereuse».
Cet acte est loin d’être le premier du genre. On garde en mémoire le soutien à peine voilé du Makhzen aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire. Il trahit l’acharnement du royaume à mener une campagne hostile contre l’Algérie, en usant d’une diplomatie aventuriste, irresponsable et manipulatrice. Le Maroc renoue ainsi avec ses pratiques, que les règles de bienséance en matière de diplomatie interdisent.
Cet épisode n’est que la suite d’une longue liste de manœuvres dirigées contre l’unité de la nation algérienne et son intégrité territoriale. «Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême», souligne le ministère des Affaires étrangères.
Avec cette énième dérive, le royaume démontre qu’il n’a cure de la nécessité d’entretenir des relations de bon voisinage, comme l’exigent les défis à relever au niveau d’une région géostratégique.
Enlisé au Sahara occidental qu’il occupe, en dépit des multiples résolutions onusiennes, et confronté à une situation interne explosive, le Maroc tente, à travers cette manœuvre, de détourner le regard de l’opinion locale et internationale en s’attaquant à l’Algérie, «coupable», à ses yeux, de soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Occupé illégalement par le Maroc depuis presque un demi-siècle, le Sahara occidental, dont les richesses naturelles et minières sont pillées, les habitants brimés, emprisonnés, torturés, est la dernière colonie en Afrique. Le paradoxe ne s’arrête pas là. Les colons n’ont pas traversé les mers comme au XIXe siècle, mais ils sont nés sur cette terre africaine que de fois ensanglantée, que de fois livrée à la destruction et à la rapine. Est-il concevable que ce soit le voisin qui est le prédateur ?
Dans toutes les cultures et traditions, l’histoire nous offre des exemples extraordinaires de solidarité, d’entraide et de soutien entre les proches et les voisins, sauf dans ce cas ahurissant qui ignore la légalité internationale, la morale, les us et coutumes pour dénier à un peuple le droit légitime, inaliénable de vivre libre sur son territoire et d’être maître de son destin. On dirait que dans le royaume voisin, l’histoire s’est arrêtée il y a deux siècles et a offert, par un effet de camera obscura, une vision qui a été à l’origine de la colonisation. Qui au XXIe siècle va parler de terra incognita pour le Sahara occidental, dont la revendication d’un référendum est la preuve que l’histoire et la mémoire habitent cette portion africaine et refusent le fait accompli qui leur dénie le droit d’être libres.
Cette nouvelle manœuvre du Makhzen ne passera pas. L’Algérie, engagée dans l’édification d’institutions souveraines et démocratiques, et d’un État de droit, saura se dresser comme un seul homme face à ces attaques récurrentes, inéluctablement vouées à l’échec.
EL MOUDJAHID, 17/07/2021
Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Kabylie, Omar Hilale, colonialisme, décolonisation,
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