Par Nadji Azouz
Par la voie de son loustic diplomatique aux Nations Unies à New-York, le Maroc a reconnu son ingérence directe dans les affaires souveraines de l’Algérie, et annoncé, du même coup, sa volonté d’agir contre son unité territoriale. Dans une note officielle, Rabat consacre donc, formellement et officiellement, son engagement dans une énième campagne d’hostilité contre l’Algérie. A travers, cette fois-ci, un soutien public et clair à un mouvement déclaré terroriste, et précisément à un présumé « droit à l’autodétermination du peuple kabyle » qui subirait « la plus longue occupation étrangère », selon les termes de la note en question.
Cet ultime acte de la stratégie de la tension belliqueuse du Makhzen, est une nouvelle provocation diplomatique, une de trop, qui a suscité une réaction rapide, énergique, posée, pesée et ferme du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, sous la conduite de M. Ramtane Lamamra.
Changement de titulaire du poste, changement de style, changement de substance, et déjà les prémices d’une diplomatie de fermeté, de la raison et de la sagesse en devenir. On en prend en tout cas les bons augures.
Dans ce qui apparait comme une riposte graduée, la diplomatie algérienne a d’abord « condamné énergiquement cette dérive particulièrement dangereuse, y compris pour le royaume du Maroc lui-même dans ses frontières internationalement reconnues ». Il a indiqué, dans un second temps, que « l’Algérie, république souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême ». En troisième lieu, le ministère a rappelé dimanche en fin d’après-midi l’ambassadeur d’Algérie à Rabat, conséquence logique de la nouvelle dérive de la diplomatie marocaine qui est au fond un implicite casus belli. La convocation rapide du représentant diplomatique chérifien à Alger laisse entendre que la réplique proportionnée aurait vraisemblablement d’autres formes d’expression appropriées.
Au-delà des incartades et des dérapages contrôlés ou incontrôlés de son olibrius diplomatique à l’ONU, le Makhzen pratique depuis longtemps à l’endroit de l’Algérie une stratégie de la tension perpétuelle qui ne dit pas son nom, mais qui se vêt des habits de la guerre froide. Le MAE a raison de dire en effet que cette dernière attitude de la diplomatie marocaine est « aventuriste, irresponsable et manipulatrice ».
Et qu’elle « relève d’une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne ». Autrement dit, les apprentis-sorciers d’une diplomatie marocaine arrogante et impulsive, veulent opposer au soutien de principe indéfectible de l’Algérie à la décolonisation du Sahara occidental, depuis 1973, l’aide active à un mouvement séparatiste et factieux en Kabylie. Quand bien même cette organisation basée à l’étranger serait minoritaire et faiblement représentative dans la région-cible en Algérie.
Le MAE ne se trompe pas lorsqu’il souligne par ailleurs que cette dangereuse fuite en avant « heurte frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines ». De même qu’elle « constitue une violation flagrante du droit international et de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ». Toutes choses que l’Algérie se garde de fouler aux pieds, respectant scrupuleusement les principes et les accords à la base des relations bilatérales, l’Acte Constitutif de l’Union Africaine et, de manière plus large, le droit international.
Une inacceptable escalade
Dans le cas contraire, elle aurait soutenu activement l’Amussu Ayerfan n Arrif, le mouvement contestataire berbère du Rif déclenché en 2016 dans les régions de Nador, El Hoceima, Berkane et dans la diaspora rifaine en Belgique et aux Pays-Bas notamment. Et elle aurait usé alors de tous les moyens pour favoriser les germes de la subversion, la sédition et le séparatisme. Elle n’a donc jamais milité pour le droit à l’autodétermination d’une région subissant « la plus longue occupation étrangère », celle du Makhzen.
Cette inacceptable escalade belliciste du Makhzen, est manifestement encouragée par la reconnaissance par l’Administration Trump du fait accompli annexionniste du Sahara Occidental. Elle est boostée également par l’alliance stratégique concomitante avec l’Etat sioniste d’Israël, sur les plans diplomatique, commercial, culturel et militaire, ainsi que dans les domaines du renseignement et de l’espionnage sous toutes ses formes, classiques et numériques à proprement dire.
Elle a surtout eu un effet hautement bénéfique pour l’Algérie, et nettement contreproductif pour le Maroc : le renforcement considérable de l’esprit unitaire en Kabylie et la consolidation politique du front intérieur en Algérie. On a alors observé que les Algériens prennent de plus en plus conscience des menaces stratégiques à ses frontières, dont celle qui émane de l’Etat d’Israël désormais présente le long des 1559 kilomètres de frontière avec le Maroc.
Prise de conscience aussi à l’égard des grands défis de la crise économique amplifiée, à grande échelle, par les effets pandémiques du Covid 19 mutant. On en juge particulièrement par certaines positions politiques et par certaines réactions sur les réseaux sociaux, fort nombreuses au demeurant, qui soulignent, à l’unisson, que le Makhzen a franchi désormais une ligne rouge et qu’il n’a pas intérêt à aller au-delà.
A quelque chose algérienne, malheur marocain est donc bon ! Car la diplomatie de la morgue et de l’outrecuidance makhzenienne a révélé très vite en Ramtane Lamamra un penchant naturel pour une diplomatie de l’intelligence, la fermeté, la raison et la sagesse. « C’est dans la rigueur de l’hiver qu’on voit la qualité du pin », disait Confucius.
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