Paris, 22 juil. (EFE) – Le président français Emmanuel Macron organise jeudi une réunion « exceptionnelle » sur le système d’espionnage Pégase avec des membres de son gouvernement pour discuter de l’avancement des enquêtes lancées pour vérifier les révélations de la presse selon lesquelles il figurait lui-même sur la liste des cibles.
Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a déclaré à France Inter que M. Macron « suit cette affaire de très près et la prend très au sérieux ».
D’où ce « conseil de défense exceptionnel » dédié à la cybersécurité et plus particulièrement au système d’espionnage Pegasus, développé par la société israélienne NSO afin que les pays auxquels il a été vendu puissent accéder aux téléphones portables des personnes qu’ils choisissent afin d’accéder à leur contenu et d’avoir accès, par exemple, à leurs caméras et microphones.
Un consortium de médias internationaux soutenu par Amnesty International a publié ces derniers jours des informations selon lesquelles une douzaine de pays ont utilisé ce système pour tenter d’espionner des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des hommes politiques.
Le président français figure sur la liste d’environ 1 000 personnalités en France dont les téléphones ont été ciblés par les services secrets marocains pour être mis sur écoute, selon le consortium Forbidden Stories.
M. Attal a rappelé que la France a lancé des enquêtes pour vérifier si les numéros de toutes ces personnalités étaient infectés – ce que l’enquête journalistique n’a pas pu prouver – et si, dans ce cas, Pegasus a effectivement absorbé des données ou capturé des conversations et des images des téléphones.
Il a déclaré que ces enquêtes « progressent » et que si les soupçons sont confirmés, ce serait « très grave ».
Il ne s’est toutefois pas étendu sur les conséquences que cela pourrait avoir sur les relations privilégiées de la France avec le Maroc, sujet sur lequel tous les responsables français se sont montrés jusqu’à présent très prudents.
Le porte-parole de l’exécutif s’est défendu contre certains reproches de naïveté qui ont été lancés en direction de Macron ces derniers jours, notamment pour la façon dont il utilise ses téléphones portables, prétendument sans tenir compte des règles de sécurité.
« Nous ne découvrons pas la question de la cyberdéfense et de la cybersécurité », a-t-il déclaré, avant d’insister sur le fait qu' »il y a beaucoup de protection » dans l’utilisation des téléphones portables par le président de la République.
Sans donner de détails « pour des raisons de sécurité », il a précisé que Macron change régulièrement de téléphone portable, que les paramètres sont modifiés et que lorsque l’exécutif organise des vidéoconférences, cela se fait avec des réseaux sécurisés et dans des lieux spécifiquement dédiés. EFE
Swissinfo, 22/07/2021
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