De tous les pays de l’Union européenne, dont la majorité ont adopté un profil bas, qui ne fait pas honneur à leur statut de démocraties libérales respectueuses des droits humains fondamentaux, c’est de l’Allemagne qu’est venu la première réaction appelant à une riposte commune appropriée, face aux « jeux dangereux » de la monarchie marocaine. A l’inverse de la majorité des milieux politiques et intellectuels européens, dont une grande partie a été ciblée par l’opération d’espionnage exécutée par les services de renseignements marocains, pour le compte du Mossad, l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, la plus grande institution de ce genre en Europe, dont les analyses ont une grande influence sur les décideurs en matière de politique étrangère, a publié une note, à travers laquelle, elle a appelé les Etats membres de l’UE de « revoir leur stratégie dans la région du Maghreb.
Le « Stiftung Wissenschaft und Politik », conseiller attitré du parlement allemand, exhorte les Etats membres de l’UE à cesser de favoriser le royaume chérifien au détriment de l’Algérie et de la Tunisie, et à agir conformément aux lois internationales pour mettre un terme à ses « tentations hégémoniques », quitte à « arrêter d’aider sa croissance et son développement économique », qui, selon l’institut allemand, « freine l’émergence » des deux autres pays du Maghreb, en l’occurrence l’Algérie et la Tunisie, qui se trouvent malgré eux dans l’obligation de répondre à l’ « offensive » marocaine. « La politique subsaharienne du Maroc a exacerbé les tensions avec l’Algérie », souligne l’auteure de la note, qui donne quelques chiffres se rapportant à la pénétration du Maroc dans l’Afrique subsaharienne.
L’institut allemand suggère l’implication de l’Allemagne en tant que puissance économique à « offrir une expertise technique à l’Algérie et à la Tunisie », afin que ces deux pays puissent élaborer des stratégies d’exportation de leurs produits vers l’Afrique ». Pour l’Institut allemand, il est urgent de mettre un terme à « la dynamique négative de la rivalité » menée par le Maroc et encouragée par de nombreux pays européens, notamment la France et l’Espagne. Selon le journaliste économique français, Jean-Marc Sylvestre, la note allemande est on ne peut plus clair. Pour lui, il est temps pour les Etats membres de l’UE de tirer les conclusions du scandale Pegasus en neutralisant l’hégémonie marocaine, soutenue par les Américains et les Israéliens.
Parallèlement à la publication de cette note, un avocat français de renommée s’est insurgé pour dénoncer à son tour cette impunité dont jouit le Makhzen, et rappeler que « toute personne travaillant sur les questions politiques au Maroc : que ce soit les droits humains, la question sahraouie ou le Rif sait que derrière la carte postale se cache un appareil sécuritaire féroce ». Mais le grand soutien dont bénéficie le palais royal provient du l’American Israel Public Affairs Committee, le fameux AIPAC, fondé en 1951 par des défenseurs acharnés de l’Etat d’Israël.
Ce puissant lobby qui entretient des relations poussées et multiformes avec la monarchie alaouite depuis le début des années 60 et dont les ramifications s’étendent aujourd’hui jusqu’au cœur du régime US a toujours constitué un passage obligé pour tous les hauts fonctionnaires américains désireux de grimper dans la hiérarchie de l’Establishment. Ses dirigeants les plus influents sont de hauts dignitaires religieux juifs- certains sont d’origine marocaine- qui contrôlent les secteurs les plus névralgiques dont dépend dans une large mesure l’hégémonie étasunienne.
Quand il s’agit de désignations et de nominations à des postes clés à la Maison Blanche, au Département d’Etat, au niveau de la CIA ou du NSA, leur avis fait l’effet d’un commandement que Démocrates et surtout Républicains exécutent toujours avec la même ferveur, malgré les divergences apparentes existant entre ces deux courants qui dominent la vie politique américaine. Ainsi lorsqu’il y’a des intérêts américains qui sont en jeu, Washington fait preuve de pragmatisme et considère l’Algérie comme un pays avec lequel on traite et on fait des affaires.
Au-delà de cette ligne de démarcation tolérée d’ailleurs par le lobby sioniste, véritable protecteur des intérêts marocains, l’Algérie demeure aux yeux des USA, un pays « rebelle » que l’on n’arrive pas à domestiquer. A l’opposé du Makhzen dont la soumission au lobby sioniste activant aux Etats-Unis ne date pas d’aujourd’hui.
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