Le discours du souverain marocain a tourné autour de deux axes. Dans le premier, M6, a répété, à satiété, que son pays n’est pas l’ennemi de l’Algérie : «Je peux rassurer nos frères Algériens que le mal et les problèmes ne viendront jamais du Maroc. Aucune menace ni aucun danger ne viendra de nous parce que ce qui vous touche nous touche et ce qui vous atteint nous fait mal. Aussi, considérons que la sécurité et la stabilité de l’Algérie et la quiétude de son peuple sont liées à la sécurité et la stabilité du Maroc. Le contraire est valable aussi. Ce qui touche le Maroc affecte l’Algérie parce qu’ils sont comme un seul corps.»
Le deuxième point, sur lequel le roi du Maroc a longuement discouru est la question des frontières terrestres. Il semble d’ailleurs qu’il s’agit du seul sujet qui intéresse le pouvoir marocain. « Ma conviction est que les frontières ouvertes constituent un état naturel entre deux pays voisins et entre deux peuples frères. La fermeture des frontières va à l’encontre d’un principe légal consacré par les conventions internationales dont la Déclaration de Marrakech constitutive de l‘Union du Maghreb arabe (UMA) qui consacre la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux entre les Etats membres.»
Dans cette déclaration, M6, invite l’Algérie à rouvrir les frontières terrestres entre les deux pays sans conditions, occultant le contexte historique qui avait présidé à la fermeture. Faut-il rappeler que les frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc sont fermées depuis 1994. Alger a décidé de fermer les frontières après que Rabat ait instauré le régime des visas entre les deux pays et que Rabat a accusé l’Algérie d’être impliquée dans l’attentat terroriste du 24 août 1994 ayant ciblé un hôtel à Marrakech. Rabat a renvoyé des centaines d’Algériens.
Sans un mot n’a été prononcé, dans le discours du roi, sur les graves dérives de la diplomatie marocaine, ces derniers temps.
L’Algérie attend, toujours, des clarifications exigées suite à l’attitude de l’ambassadeur du Maroc à New York.
Cette dérive qui, faut-il le rappeler, est d’une gravité extrême en ce qu’elle constitue un soutien officiel, public et explicite, à une sédition fomentée par une organisation terroriste.
A la mi-juillet, la représentation diplomatique du Maroc à New-York avait remis une note aux Etats membres du mouvement des Non-alignés dans laquelle elle affirmait le soutien du royaume à «l’autodétermination du vaillant peuple kabyle ».
La note a été qualifiée à Alger de « dérive dangereuse » et fait réagir tout le pays, y compris des militants kabyles détenus. Le 16 juillet, l’Algérie a rappelé son ambassadeur au Maroc « pour consultations ».
L’affaire «Pegasus», est venue s’ajouter aux autres pour envenimer davantage les relations entre les deux pays. «Pegasus», ce programme informatique israélien utilisé par le Maroc pour espionner des personnalités et des entreprises algériennes.
Pour le chef du Makhzen, rien n’est intéressant, sauf l’ouverture des frontières terrestres. Et c’est sur cette base, seulement, qu’il formule son appel à l’Algérie «pour travailler ensemble sans conditions afin de construire des relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage. Nous ne sommes pas satisfaits de l’état actuel de ces relations, cela n’est pas dans l’intérêt de nos deux peuples, jugé inacceptable par un certain nombre d’Etats.»
C’est à méditer du crédit qu’il faudrait accorder à un tel discours. L’Algérie officiel n’a, à l’heure où nous mettons sous presse, n’a pas répondu.
Abir N.
La Nation, 01/08/2021
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