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Claude Mangin évoque Pegasus: La France ne veut pas se mettre à dos le Maroc
Logiciel espion Pegasus : «Ils sont rentrés dans ma vie», s’indigne la militante Claude Mangin
Dans un entretien accordé au journal français Le Parisien, Mme Claude Mangin , militante des droits du peuple sahraoui et épouse du détenu politique sahraoui de Gdeim Izik, Naama Asfari, revient sur le scandale du logiciel espion Pegasus, sachant qu’elle figure parmi les victimes repérées par Amnesty International pour avoir eu son téléphone infecté.
Comment avez-vous appris que votre téléphone était espionné ?
Claude Mangin:Le 7 juin, j’ai reçu une journaliste de Radio France qui m’informait travailler sur un sujet qui allait faire du bruit. C’était assez vague. Elle m’a demandé si j’acceptais de donner mon téléphone pour qu’il soit analysé. Dans l’après-midi, alors que j’avais rendez-vous chez Orange pour changer d’iPhone, elle m’annonçait qu’il avait été infecté. Avec le rapport d’Amnesty International, j’ai pu constater toutes les connexions entre le 8 octobre 2020 et le 7 juillet 2021. Certains mois, comme en mai, ils sont venus tous les jours, d’autres fois très peu. Le temps des vérifications, j’ai eu un autre téléphone. Lui aussi a été infecté le 6 juillet à deux reprises.
Que ressentez-vous aujourd’hui devant l’ampleur de l’affaire Pegasus ?
Claude Mangin: Curieusement, c’est difficile à dire. Je ne me pose pas la question. Je fais ce qu’il y a à faire. Cela m’a cependant permis de comprendre comment un article paru le 12 mai sur un site d’information marocain était si bien renseigné sur moi. Ça m’avait fait flipper. Ils savaient tout de ma vie à Ivry. Mais finalement, je ne suis pas surprise. C’est dans la continuité de ce que je subis depuis dix ans, les humiliations, les expulsions du Maroc. C’est juste plus lourd.
Ils sont rentrés dans ma vie. Mais qu’ont-ils appris ? Que je me bats pour la liberté, pour mon mari et la cause sahraouie. Ma vie est transparente. J’ai aussi culpabilisé parce que tous mes contacts ont pu être infectés. Et Dieu sait si j’ai un réseau… Mais ce n’est pas moi la fautive.
Le Maroc a pourtant nié toute implication…
Claude Mangin: Je n’y crois pas. L’espionnage correspond aux jours où j’avais notamment des réunions en visio, pour nos actions, comme en mai où j’étais en lien avec le Parlement européen. Ils peuvent très bien recommencer un jour. Mais s’ils sont prêts à ça, cela veut dire qu’on les gêne.
Le gouvernement français a-t-il pris contact avec vous ?
Claude Mangin: Non et s’il l’avait fait, j’aurais été surprise. J’en veux beaucoup à nos autorités. La France ne veut pas se mettre à dos le Maroc. À chaque nouveau gouvernement, on pense qu’il va agir et permettre à une épouse de voir son mari. C’est simplement du droit international. Je ne l’ai pas vu depuis cinq ans. Pas plus que mes neveux et nièces. Ce sont des années perdues. Et depuis novembre, j’ai droit à cinq minutes au téléphone avec lui, deux fois par semaine.
Continuez-vous à vous servir de votre téléphone ?
Claude Mangin: J’ai beaucoup réfléchi. On ne peut pas vivre sans ça. La seule solution, c’est de basculer sur un téléphone à touche mais les appels dans le monde entier, au Maroc, vont coûter très cher.
Que comptez-vous faire aujourd’hui ?
Claude Mangin:Nous préparons une plainte qui va être déposée dans les jours prochains devant les tribunaux français, conjointe avec mon avocat, qui a été espionné dès le 20 septembre 2019, le maire d’Ivry-sur-Seine et l’ambassadeur de la République arabe sahraouie eux aussi victimes. Je crois en la justice et la vérité. Mais là, je vais partir me reposer, j’en ai besoin. Et en septembre, je vais reprendre mon bâton de pèlerin et organiser mon prochain voyage au Maroc.
Algérie54, 03/08/2021
Etiquettes : Sahara Occidental, Claude Mangin, Naama Asfari, France, Pegasus, espionnage, Maroc,
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