Maroc Confidentiel

Ould Kaddour livré à la justice algérienne

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Les Émirats arabes unis ont remis Abdelmoumen Ould Kaddour aux autorités algériennes. L’ancien P-dg de Sonatrach est arrivé, hier, en fin de journée, à Alger.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’information que nous avons pu confirmer en fin de matinée ne laissait plus place au doute. Elle a d’ailleurs fait très vite le tour des milieux informés et qui suivent surtout de très près les affaires délicates de ce genre.

Les proches de Ould Kaddour ont été eux-mêmes très vite mis au courant, visiblement destinataires d’un message de leur père, et chargés de trouver rapidement des hommes de loi pour l’assister à son arrivée au pays. Ce que l’on sait est que Ould Kaddour a été placé mercredi, en fin de matinée (heure algérienne), dans un avion avec prévision d’atterrissage en fin d’après-midi à l’aéroport Houari-Boumediène.

Le choix de ce lieu est sans doute lié à des besoins de discrétion nécessaires en ce genre de situation. Vers 13h, des informations faisaient déjà état d’une très probable présentation de l’ancien P-dg de la Sonatrach devant le juge d’instruction du pôle spécialisé du tribunal de Sidi-M’hamed qui avait émis le mandat d’arrêt international en février dernier. Le 24 février, l’ancien Premier ministre, Abdelaziz Djerad, s’était personnellement chargé d’en faire l’annonce à partir de Hassi R’mel où il se trouvait en déplacement. «Le pôle pénal économique et financier a ouvert une enquête sur l’affaire de la raffinerie d’Augusta, dans laquelle un mandat d’arrêt international a été émis contre le principal accusé», avait-il déclaré sans pour autant le citer. L’annonce avait été faite à l’occasion de la célébration d’une date symbolique, celle du 50e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures.

Le nom de Abdelmoumen Ould Kaddour est contenu dans deux affaires en cours d’instruction au tribunal de Sidi-M’hamed. Augusta donc, citée par Abdelaziz Djerad, une ancienne raffinerie achetée en Italie pour 720 millions de dollars, une somme énorme à laquelle s’ajoutent 100 millions de dollars déboursés pour la restauration.

La seconde affaire est celle du groupe BRC (Brown and Rooth Condor), une des filiales de Haliburton et Sonatrach dirigée par Ould Kaddour poursuivi pour octroi de marchés de gré à gré dans des conditions floues.

Ould Kaddour a quitté l’Algérie en 2019 pour échapper à la plus vaste opération anticorruption enclenchée depuis l’indépendance. Des informations font alors état de sa présence en France où il a acquis de nombreux biens de forte valeur. Ne répondant pas aux deux convocations qui lui sont envoyées par la justice algérienne, il est naturellement considéré comme étant en fuite et fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international. En dépit de cette situation, il poursuit ses déplacements à l’étranger, notamment dans les pays du Golfe où il continue à œuvrer en qualité de conseiller en matière pétrolière. Tout bascule en mars dernier. Lorsqu’il débarque à l’aéroport de Dubaï, il est interpellé par des agents d’Interpol car son nom figure sur la liste rouge des personnes recherchées par la justice de son pays. Maintenu en garde à vue toute une nuit, il est libéré sous caution le lendemain mais reste sous ISTN (interdiction de sortie du territoire national). Beaucoup de spécialistes parient alors que l’affaire n’ira pas plus loin compte tenu des liens qu’il entretient avec de hauts responsables des monarchies avec lesquelles il travaille mais aussi et surtout en raison du peu de disponibilité qu’ont montré ces pays à extrader des personnes recherchées. Irritée par l’absence de répondant aux nombreux mandats d’arrêt lancés dans le cadre de la lutte anti-corruption, Alger sort de son silence par la voix de son ancien ministre de la Justice. Belkacem Zeghmati ne cite aucun nom mais exige des pays concernés par ces demandes d’agir sans poser de conditions préalables et exige le respect des pays demandeurs. Des informations dignes de foi affirment que des actions diplomatiques sont entreprises (Alger et Abu Dhabi sont liées par une convention d’entraide judiciaire) pour la récupération des personnes recherchées.

Aux Émirats arabes unis, la comparution de Abdelmoumen Ould Kaddour est fixée au mois de juin. La Haute Cour de justice tranche en faveur de l’extradition de l’ancien P-dg de Sonatrach, la réglementation prévoit un mois pour la mise en place des procédures d’extradition. Son retour en août répond au timing fixé.

Des informations en notre possession laissent cependant entendre que le retour de Ould Kaddour n’est que le premier d’une longue liste à venir.

Douze autres personnes recherchées dans le cadre de la lutte anticorruption devraient, à leur tour, être très prochainement extradées.

Le Soir d’Algérie, 05/08/2021

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