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L’arrestation d’une youtuber marocaine pour avoir dénoncé la prostitution est critiquée par une ONG
Rabat, 14 août (EFE) – L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé aujourd’hui l’arrestation et la poursuite en justice d’une youtuber accusée de diffamation après avoir publié une vidéo dans laquelle elle reproche à l’État et au roi Mohammed VI du Maroc de ne pas lutter contre la prostitution et le tourisme sexuel dans la ville touristique de Marrakech.
Dans une déclaration, la branche de Marrakech de l’AMDH a indiqué que la youtuber Jamila Saadan a été arrêtée à son domicile le 27 juillet après avoir publié le même jour une vidéo sur sa chaîne YouTube, connue sous le nom de Oum bialf rajol (« une mère vaut mille hommes »).
Dans la vidéo, qui dure plus de huit minutes, Saadan critique les jeunes femmes qui se rendent à Marrakech pour travailler comme prostituées, accuse l’État de protéger le tourisme sexuel et cite les noms du roi Mohamed VI, de son frère Muley Rachid et de plusieurs hommes d’affaires de la ville ocre comme étant responsables de ce phénomène dans la région.
La youtuber comparaîtra le 23 août devant le tribunal de première instance de Marrakech pour « diffamation » et « outrage à des institutions organisées, fabrication et diffusion de fausses accusations et de faits dans l’intention de porter atteinte à la vie privée des personnes », selon les chefs d’accusation rapportés sur le site du tribunal, alors que son fils est en liberté surveillée dans la même affaire, accusé de complicité pour avoir enregistré la vidéo.
L’AMDH a demandé que la youtuber soit libéré sous probation, tout en soulignant que le parquet marocain « au lieu d’arrêter Saadan, devrait ouvrir une enquête transparente sur les allégations de l’enregistrement concernant le tourisme sexuel, la pédophilie et la traite des êtres humains » à Marrakech.
Marrakech, l’une des principales villes touristiques du continent africain, est connue pour l’activité des réseaux de prostitution masculine et féminine. Un phénomène si connu qu’il a donné lieu en 2015 à un film du réalisateur Nabil Ayouch intitulé « Much loved », tourné à Marrakech et mettant en scène des Marocains, mais dont la diffusion a été interdite dans le pays du Maghreb en raison de son langage et de scènes jugées trop explicites. EFE
Swissinfo, 14/08/2021
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