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Les appels à la réactivation de la peine de mort n’ont jamais cessé en Algérie, depuis au moins une quinzaine d’années. Ils se sont renouvelés hier, mais cette fois, c’est inédit, car ce sont des avocats, qui viennent de saisir le président de la République afin qu’il procède au gel de la suspension des exécutions, ratifié par l’Algérie en 2007 conformément à une résolution de l’ONU.
Sept avocats, selon le média en ligne, Algérie 1, ont appelé Abdelmadjid Tebboune à autoriser la justice à mettre en exécution les condamnations à la peine capitale « dans des cas avérés de la grande criminalité ».
La sortie des robes noires intervient quatre jours après l’effroyable lynchage du jeune Djamel Bensmaïl, brûlé à vif et décapité à Larbaâ Nath Irathen par une foule hystérique, qui a coupé tous les ponts avec l’humanisme et l’humanité. Elle va sûrement ouvrir la voie à d’autres avocats.
En un mot, même si l’appel des 7 avocats ne sera pas suivi, il constitue déjà un signe qui ne trompe pas : les répliques de l’onde de choc provoqué par la mise à mort du jeune Hirakiste ne semblent pas s’arrêter.
Pour les avocats signataires de l’appel comme pour une grande partie des Algériens, l’exécution de la peine capitale est devenue une nécessité absolue, seule sanction pouvant arrêter le cycle des actes criminels (viols suivis d’assassinats d’enfants, crimes crapuleux et féminicide).
Aux yeux de l’opinion publique, la situation est devenue insoutenable. A titre de rappel, en décembre 2012, le viol et le meurtre de la petite Chaïma (8 ans), près de Zéralda, avait secoué l’Algérie. L’onde de choc a ébranlé tout le pays. « La petite Chaïma a été victime d’un crime monstrueux : violée et brûlée vive par son bourreaux ».
Mars 2013, Brahim et Haroun âgés de 9 et 10 ans sont enlevés, séquestrés puis froidement assassinés à la nouvelle ville Ali Mendjeli de Constantine. Lors du procès des assassins présumés, la population constantinoise est sortie dans la rue pour revendiquer l’application de la peine de mort.
Et la série démoniaque a continué à travers de nombreuses régions du pays, sans que la revendication de la réactivation de la peine capitale ne soit entendue par les pouvoirs publics.
Avant-hier, la commission des fetwa dépendant du ministère des Affaires religieuses est intervenue par le biais d’un communiqué, à travers lequel, elle a évité soigneusement de prendre position ; insistant sur le fait que la décision revient en premier et dernier lieu à la justice.
Quoi qu’il en soit, l’exécution de la peine de mort continuera à faire débat, dans un pays ravagé par la criminalité. Cependant, rien n’indique que les pouvoirs publics vont répondre positivement à la vox populi. Attendons pour voir où aboutira l’enquête et le procès des meurtriers de Djamel Bensmaïl.
M. M.
L’Est Républicain, 17 août 2021