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Alger, 24 août (EFE) – L’Algérie a annoncé aujourd’hui la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, son voisin et rival au Maghreb, une décision attendue depuis que Rabat a normalisé ses liens avec Israël il y a quelques mois et a intensifié ses manœuvres internationales pour éliminer définitivement toute négociation sur le Sahara occidental qui ne comprendrait pas la reconnaissance explicite de la souveraineté marocaine.
A ces raisons, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtam Lamamra a ajouté d’autres « griefs » passés – comme « la profanation du drapeau à Casablanca en 2013 » – et récents, comme la défense par l’ambassadeur marocain à l’ONU de la cause indépendantiste en Kabylie, région à majorité berbère des montagnes algériennes.
Dans une déclaration, le ministre des affaires étrangères a également fait référence à la visite historique du ministre israélien des affaires étrangères, Yair Lapid, dans la capitale marocaine le 11 août, qui a sévèrement critiqué le régime d’Alger, ainsi qu’à la controverse sur le « programme Pégase », un virus créé avec la technologie israélienne et introduit par les services secrets des deux États pour espionner les politiciens, les activistes et les journalistes.
Il a souligné que la décision a été prise par le Président de la République, Abdelmedjid Tebboune, après avoir reçu un rapport du Haut Conseil de Sécurité, qui, en plus des raisons susmentionnées, incluait le soutien du Maroc à deux groupes d’opposition qu’Alger considère comme des entités terroristes.
LES PUISSANCES RÉGIONALES RIVALES
Les relations entre l’Algérie et le Maroc, puissances rivales luttant pour imposer leur influence dans tout le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, sont caractérisées par des tensions depuis que l’Algérie a obtenu son indépendance de la France en 1962.
Au début du XXIe siècle, et après une décennie de guerre civile sanglante avec des mouvements islamiques radicaux qui a fait des milliers de morts, l’Algérie est devenue la première puissance de la région sous l’impulsion du président de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, l’homme en charge de la diplomatie et de la géopolitique algériennes depuis le premier gouvernement indépendant.
Soutenu par le pouvoir économique et l’influence en Europe que lui confèrent ses vastes réserves de pétrole et de gaz, le régime militaire algérien, qui a toujours été dans l’orbite de la Russie, a joué un rôle de médiateur dans les différents conflits du Sahel, une région avec laquelle il partage une longue frontière, où le djihadisme et la pauvreté sont en hausse et qui préoccupe particulièrement l’UE.
Cependant, son accident vasculaire cérébral en 2013, la décision du régime de le maintenir au pouvoir malgré son incapacité physique, et la crise économique systémique provoquée par l’effondrement des prix du pétrole en 2014 ont contribué au déclin de l’Algérie au profit du Maroc, qui a trouvé son meilleur allié dans les États-Unis et le président Donald Trump.
CONFLIT SAHRAOUI
Dans ce contexte, le conflit du Sahara occidental est l’une des plus grandes sources de tension entre Rabat et Alger, qui est devenu le plus fervent soutien du Front Polisario depuis 1975, lorsque le roi Hassan II du Maroc a profité du déclin de la dictature franquiste pour occuper l’ancienne riche colonie espagnole.
Outre son soutien politique à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et son aide financière et militaire au Front Polisario pendant la guerre (1975-1991), l’Algérie accueille depuis plus de 46 ans dans son désert occidental des milliers de réfugiés sahraouis ayant fui lors de la « Marche verte ».
L’Algérie a négocié le cessez-le-feu négocié par les Nations unies en 1991 et est l’un des plus fervents partisans du référendum d’autodétermination convenu à l’époque, qui n’a toujours pas eu lieu trente ans plus tard.
Les négociations ont été rompues en 2018, lorsque le Maroc, avec le soutien implicite de l’administration Trump, a annoncé que l’indépendance sahraouie n’était plus une option et qu’il accepterait tout au plus de discuter de la possibilité d’offrir ce qu’il appelle une large autonomie.
Il a entériné cette politique et ouvert la porte à une crise majeure en signant, à la fin de son mandat, un décret présidentiel reconnaissant la souveraineté du Maroc sur la colonie espagnole contestée en échange de la reconnaissance d’Israël, décret que son successeur, Joe Biden, n’a ni entériné ni appliqué.
« La volonté du Maroc de forcer les autres pays à prendre le même chemin est à l’origine des récents conflits avec des États comme l’Espagne et l’Allemagne », a déclaré à Efe un diplomate européen dans la région. « Peut-être que le discours conciliant de Mohamad VI est lié à la tension avec l’Algérie. Le Maroc ne peut pas se permettre d’être en désaccord avec l’Espagne et l’Algérie en même temps », affirme-t-il. EFE
Swissinfo.ch, 24/08/2021
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