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Le politologue Abderrazak Saghour : «L’Algérie est dans son droit d’attendre des excuses de la part du Maroc»
La rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc et les risques d’instabilité que peut générer cette décision sur la région a poussé l’Union européenne à proposer sa médiation pour «une solution diplomatique et durable».
Les relations qui demeurent très convulsives depuis plusieurs années entre les deux parties pourraient, au vu des changements géopolitiques que connaît la région, déboucher sur des discussions sérieuses sur les problèmes en suspens, selon certains observateurs. Celles-ci seront probablement sous les auspices d’un pays de la région, un Etat membre de la Ligue arabe ou la France qui a déjà appelé au dialogue entre les pays de la région pour y consolider la stabilité et la prospérité.
L’Hexagone qui entretient une relation étroite avec les deux pays, deux partenaires stratégiques, ne cesse toutefois d’afficher une certaine partialité vis-à-vis de nos voisins. La Libye a appelé, pour sa part, à une réunion des membres de l’Union du Maghreb arabe.
Pour Abderrazak Saghour, enseignant des sciences politiques à l’Université d’Alger, «il est certain que les relations diplomatiques entre les deux pays finiront par reprendre un jour».
Et de poursuivre : «L’Algérie a décidé de rompre ses relations avec le Makhzen après mûres réflexions, sachant que les sujets de discorde sont nombreux et les griefs contre le Maroc ne manquent pas, à commencer par l’appel de son représentant aux Nations unies à soutenir la prétendue autodétermination de la Kabylie, l’affaire Pegasus et les déclarations du ministre israélien depuis Rabat.»
On ne peut pas, dit-il, parler aujourd’hui de médiation si le royaume continue de faire tout ce qui est dans son possible pour nuire à l’Algérie. «L’Algérie a besoin de voir son voisin changer de position et revoir sa politique hostile et malveillante à son égard», fait-il remarquer.
Selon le politologue, l’Etat algérien est dans son droit d’attendre des excuses de la part du Makhzen, notamment en ce qui concerne la bavure diplomatique commise par son ambassadeur à New York. Une condition préalable légitime et justifiée pour la reprise du dialogue.
D’après Saghour, les relations ne peuvent en aucun cas rester éternellement rompues. «Elles reprendront sans aucun médiateur si toutes les conditions sont réunies.»
Les déclarations du Premier ministre marocain, Saâd-Eddine El Othmani, qui a réagi aux propos de l’ambassadeur de son pays aux Nations unies auraient pu constituer un signe de bonne volonté s’il s’était exprimé pendant la longue période d’attente de l’Algérie qui avait demandé une réponse ferme à travers les usages qu’exigent les traditions diplomatiques.
«Dire aujourd’hui que ce discours est une réaction individuelle et ne représente nullement une position politique de l’Etat marocain est en soi une provocation qui traduit l’absence flagrante de volonté d’apaiser la situation. L’ambassadeur du Maroc n’a pas fait de déclarations ni prononcé de discours sur le prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle. Il a présenté une note officielle à ce propos qui engage le roi et toutes les institutions de l’Etat marocain», a rappelé Amar Belani, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles.
Assia Boucetta
Horizons, 29/08/2021
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