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Désapprouvant les politiques contraires aux rapports de bon voisinage : L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc
Suite à la réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité, où il a été décidé la révision des relations algéro-marocaines, l’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le royaume marocain, à partir du 24 août 2021.
Le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse, a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le royaume marocain, en revenant sur les raisons de cette décision qui intervient, en fait, suite à une série d’évènements malheureux. A ce titre, dernièrement, le Maroc a affiché une hostilité non justifiée envers notre pays, et ce, à un moment où l’Algérie a tenté de réagir aux provocations avec sagesse et patience.
A ce propos, M. Ramtane Lamamra a rappelé que l’Algérie a souhaité que le royaume marocain puisse agir de manière positive. Cependant, il a sapé toutes les opportunités, incitant l’Etat algérien à décider de mettre fin à la question et d’annoncer la rupture des relations diplomatiques. M. Lamamra est revenu sur certaines stations historiques à travers lesquelles l’Algérie a enregistré des dépassements fâcheux à son encontre par un Etat censé promouvoir les relations de fraternité, de coopération et de bon voisinage. Il est évident pour tous que le Maroc a une histoire riche en trahisons et une longue pratique dans l’instrumentalisation de moyens les plus ignobles, dont le seul dessein est de nuire à notre pays.
Dans ce contexte, l’interlocuteur a souligné qu’«il est historiquement et objectivement établi que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles, inamicales et malveillantes à l’encontre de notre pays, et ce, depuis l’indépendance de l’Algérie. Cette animosité, dont le caractère systématique, méthodique et prémédité est documenté, avait débuté avec la guerre d’agression ouverte de 1963, déclenchée par les forces armées royales marocaines contre l’Algérie qui venait tout juste de recouvrer son indépendance.
Cette guerre dans laquelle le royaume du Maroc avait engagé des armements et des équipements lourds, particulièrement meurtriers, a coûté à l’Algérie 850 valeureux Martyrs qui ont donné leur vie pour la préservation de l’intégrité territoriale de la Patrie dont ils avaient auparavant contribué à sa libération». Malgré cela, l’Algérie a œuvré patiemment pour «bâtir des relations normales avec le voisin marocain. Un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération et une convention de délimitation des frontières entre les deux pays sont venus, à Ifrane, en 1969, et à Rabat, en 1972, consacrer le principe de l’intangibilité des frontières héritées à l’indépendance».
La déclaration lue par le ministre des Affaires étrangères note aussi qu’en 1976, le Maroc a décidé de manière inattendue de rompre ses relations diplomatiques avec l’Algérie qui, avec d’autres Etats frères, a pris la décision souveraine de reconnaître la République arabe sahraouie démocratique. Après douze ans de rupture, les deux pays ont décidé, en 1988, de normaliser les relations bilatérales et de les inscrire dans une perspective historique qui prend en considération «le destin commun qui unit les deux peuples algérien et marocain» et la nécessité de renforcer la coopération féconde.
Des engagements envers l’Algérie non respectés par le Maroc
Le ministre des Affaires étrangère, M. Ramtane Lamamra, a souligné à ce propos que le communiqué conjoint entre l’Algérie et le Maroc, publié le 16 mai 1988, a été rédigé dans une perspective ambitieuse et responsable. Il comporte quatre paramètres essentiels dont le royaume marocain n’a respecté aucun, ou du moins la majorité, sachant que ledit communiqué a porté sur :
– une volonté de promouvoir des relations permanentes de paix, de bon voisinage et de coopération entre les deux peuples algérien et marocain, et une réaffirmation de la pleine validité des traités, conventions et accords conclus entre les deux pays, un principe que le royaume a bien ignoré.
– Une contribution efficace à l’accélération de l’édification du Grand Maghreb arabe. Un principe que le royaume est loin de vouloir matérialiser, à travers son occupation durable de la République arabe sahraouie démocratique.
– Une contribution au resserrement des rangs arabes autour de la cause sacrée du peuple palestinien, en vue de la satisfaction de ses droits nationaux, y compris son droit à la création d’un Etat dans sa patrie, et de la libération de tous les territoires arabes occupés, y compris la ville sainte d’El Qods. Un principe torpillé par le Maroc de par sa normalisation déshonorante avec l’entité sioniste.
– Le soutien à une «solution juste et définitive du conflit du Sahara occidental à travers un référendum d’autodétermination, régulier et libre, se déroulant dans la sincérité totale, sans aucune contrainte. Il s’agit d’un principe qui, jusqu’à présent, est dans une impasse, en raison des positions de l’occupant marocain.
M. Lamamra a abordé également, lors de cette conférence de presse, plusieurs points qui ont conduit l’Algérie à prendre une telle décision :
1- un plénipotentiaire du royaume près des Nations unies a osé prétendre à un «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», une dérive qui suscite l’ironie et témoigne de l’ignorance de la réalité du peuple algérien, seul et unique. A ce propos, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que l’Algérie a demandé publiquement et officiellement des clarifications à la partie marocaine. Seulement, le silence du royaume qui persiste depuis le 16 juillet dernier vient comme un aveu formel qui traduit clairement le soutien politique pour un tel comportement irresponsable de la part des autorités marocaines.
2-Les rapports qu’entretient le Maroc avec l’entité sioniste et les provocations qui sont loin de s’arrêter à la normalisation officielle et publique avec cette entité. Car, dans un précédent grave, le royaume a accueilli sur son territoire le ministre des Affaires étrangères israélien qui s’est laissé aller à des déclarations non avenantes, en présence de son homologue marocain, évoquant sa prétendue inquiétude quant au rapprochement algéro-iranien. Il s’agit de la déclaration que le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, a qualifiée d’insensée et qui ne mérite aucune réponse, précisant que les relations algéro-iraniennes sont des relations ordinaires, entre deux Etats appartenant à des organisations connues, à l’instar de l’Organisation de la coopération islamique, le Mouvement des non-alignés et l’ONU. Il a noté que «l’Iran est confrontée à une certaine question liée à son programme nucléaire. Elle négocie avec les Etats concernés et signe et conclut des accords avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. L’Algérie n’a absolument rien à voir avec cela», ajoutant que «les relations politiques avec l’Iran sont modestes dans le domaine économique, en raison des sanctions qui lui sont imposées. En revanche, les relations politiques sont établies car nous respectons cet Etat et nous respectons son histoire, comme nous respectons les autres Etats frères et amis». M. Lamamra a exprimé également le refus de l’Algérie qu’on lui dicte sa conduite d’une manière ou d’une autre.
3- La collaboration du royaume marocain avec les deux organisations terroristes «MAK» et «Rachad», dont l’implication préméditée a été prouvée dans les horribles crimes odieux, liés aux terribles incendies qui ont ravagé dernièrement plusieurs régions du pays ainsi que dans le supplice et l’assassinat abject dont a été victime le citoyen Djamel Bensmaïn.
4-Le scandale d’espionnage israélien «Pegasus» dans lequel le Maroc est impliqué, sachant que des citoyens et des responsables algériens ont été ciblés par les services de renseignements marocains à travers ce programme.
5- Le Maroc avait déjà pris une décision unilatérale et non justifiée d’imposer injustement le visa aux Algériens (y compris les ressortissants étrangers d’origine algérienne), à la suite de l’attentat terroriste de Marrakech, en 1994. Il s’est avéré, plus tard, que cet attentat a été perpétré par un réseau terroriste marocain, en connivence avec une partie étrangère et l’Algérie y est complètement étrangère. A cela s’ajoute la violation de l’enceinte du consulat général d’Algérie à Casablanca, en 2013, par un activiste issu d’un mouvement dit «Jeunesse royaliste». Un acte méprisable que le Maroc a traité de manière étrange. Le royaume n’a pas daigné présenter d’excuses officielles ni de clarifications mais a permis à l’auteur du crime d’écoper d’une peine de deux mois avec sursis. Les autorités se sont montrées complaisantes à l’égard de l’accusé, qualifiant le crime «d’atteinte à la propriété privée» !!
6- Le royaume marocain a renoncé à l’engagement pris par le roi Hassan II et consigné dans les documents officiels des deux organisations, l’Unité africaine et les Nations unies. Les dirigeants actuels vivent désormais dans l’illusion de pouvoir imposer leurs injonctions à la communauté internationale quant à la prétendue thèse d’autonomie. Après avoir fait échouer systématiquement, par mauvaise foi, tous les efforts internationaux menés sous l’égide des Nations unies, le royaume a fini par briser toute confiance en sa parole et ses engagements. Au moment où les dirigeants et les représentants du royaume font semblant de soutenir les efforts de l’organisation onusienne, cette dernière demeure totalement engagée, dans le cadre de ses responsabilités, dans la recherche d’une solution acceptable par les deux parties et qui garantit au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination en toute liberté.
Autres questions
Après la lecture de la déclaration annonçant la décision de rupture des relations diplomatiques, la parole a été cédée aux différents médias présents à cette conférence de presse pour poser les questions relatives à cette annonce ainsi que sur d’autres questions régionales et internationales qui préoccupent l’Algérie.
1- Consensus africain sur le refus d’octroi du statut d’observateur à l’entité sioniste
Sur une question à deux volets portant sur la possibilité pour l’Etat algérien d’élargir sa décision de rompre les relations diplomatiques aux domaines économique et commercial et sur l’adhésion des Etats africains à la démarche algérienne visant à contenir les visées expansionnistes de l’entité sioniste dans le continent africain, M. Lamamra a répondu : «Il est connu que lorsqu’une décision de rupture de relations diplomatiques est prise, une révision de l’ensemble des accords bilatéraux s’ensuit pour décider de ce qui est approprié avec la nouvelle situation.» Au sujet du domaine du gaz, il a affirmé qu’il y a «des considérations soumises aux conventions internationales qui sont du ressort de la société nationale Sonatrach et de ses partenaires. La bonne décision sera prise à la lumière de cette évaluation», précisant, par ailleurs, que «la rupture des relations diplomatiques ne signifie en aucune manière que les citoyens algériens résidant au Maroc ou les Marocains résidant en Algérie seront lésés. Les consulats poursuivront leur travail de manière tout à fait normale, conformément aux usages diplomatiques. Ces organes administratifs effectueront leur travail purement consulaire». Concernant le deuxième volet de la question, lié à la pénétration de l’entité sioniste en Afrique, le chef de la diplomatie algérienne a fait remarquer que «ceci n’est pas nouveau», ajoutant qu’il y a «un nombre non négligeable d’Etats africains qui ont certes établi des relations diplomatiques avec l’entité sioniste, soit 46 pays au total, mais, malgré cela, l’Union africaine campe sur ses positions de principe envers la cause palestinienne, sachant que les Etats africains souhaitent certainement que l’organisation panafricaine contribue aux efforts internationaux visant à réaliser une paix juste et globale au MoyenOrient, à même de permettre au peuple palestinien d’obtenir ses pleins droits inaliénables. Certains dirigeants africains vont d’ailleurs jusqu’à considérer la cause palestinienne comme une cause africaine qui doit être traitée avec le même intérêt et engagement que les questions africaines. Ainsi, cette position de principe des Africains laisse entendre que la simple idée d’octroyer à la partie israélienne le statut d’observateur ne peut être que rejetée et critiquée par davantage de pays».
2- La médiation algérienne et le barrage de la Renaissance
Sur une autre question relative à la médiation algérienne dans l’affaire du barrage de la Renaissance, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a répondu qu’il «est du devoir de l’Algérie d’accomplir son rôle par la proposition d’initiatives de médiation audacieuses, surtout lorsqu’il s’agit de pays frères, tels que l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. Le but est d’aider ces parties à surmonter cette phase critique et trouver un consensus qui puisse permettre aux peuples de ces trois Etats de bénéficier de manière régulière et transparente des ressources hydriques du Nil», ajoutant que «nous savons qu’il y a un nombre d’initiatives de médiation proposés et, sans doute, la valeur ajoutée que l’Algérie peut apporter, grâce à son expérience, réside dans le fait que les parties au conflit ont totalement confiance dans sa médiation et considèrent que nous n’avons pas d’agendas concernant la question. Les efforts de l’Algérie se poursuivent et nous accordons une grande importance à la coordination commune avec les organisations auxquelles nous adhérons, à l’instar de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes. Nous sommes également en contact permanent avec les autres parties concernées par la médiation, avec lesquelles nous y changeons les points de vue et les informations sur ce sujet. Notre objectif voulu par cette médiation est certes de trouver un règlement à ce différend, l’Algérie demeurera toujours et à jamais prenante de toutes les démarches et initiatives assurant la paix et le progrès aux peuples des trois pays.»
3- La sécurité de la Tunisie est indissociable de la sécurité de l’Algérie
Concernant une question sur les aboutissants de la visite qui l’a conduite dernièrement en Tunisie, le ministre a affirmé : «La Tunisie est un pays frère et très proche de l’Algérie. Elle traverse une phase particulière de son Histoire contemporaine. L’Algérie comprend ces circonstances particulières et respecte la souveraineté de la Tunisie, son indépendance et son intégrité territoriale. Nous sommes totalement disposés à l’appuyer contre toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures, comme nous n’accepterons pas que des pressions soient exercées sur elle ou que des instructions et des injonctions soient dictées à l’Etat et au peuple tunisiens souverains et seuls habilités à décider qui exerce les pouvoirs et les responsabilités, conformément aux arrangements constitutionnels les plus appropriés», affirmant que sa dernière visite en Tunisie est «une visite fraternelle dont l’objectif est la coordination et l’échange des renseignements et des analyses qui versent dans l’intérêt des deux peuples frères, algérien et tunisien, et répondent à une forte volonté politique ainsi qu’aux tendances et orientations des deux présidents visant à fournir davantage d’efforts pour bâtir un partenariat stratégique intégré et aller ensemble de l’avant vers un avenir meilleur pour nos deux peuples et ceux de l’ensemble de la région.