La Zlecaf, pour quoi faire ?

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par Abdelkrim Zerzouri

Faut-il vraiment miser gros sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour trouver aux produits algériens de nouvelles voies d’exportation ? L’Algérie veut bien y croire, ratifiant récemment l’acte constitutif de la Zlecaf, le 23 juin 2021, soit près de six mois après l’entrée en vigueur du libre-échange dans le cadre de cette zone qui promet d’aider les pays africains à sortir de la pauvreté par le commerce intra-africain.

Un marché réellement prometteur si l’on se réfère aux chiffres, dont les 1,2 milliard de personnes avec un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars et une base solide pour l’industrialisation, mais les défis de cet immense marché devraient quand même refroidir quelque peu les enthousiasmes. En premier lieu, la monnaie des pays africains. Avec quelle monnaie seront payées les marchandises qui transiteront par cette zone de libre-échange ? En devises, forcément. Et, sachant pertinemment que les pays africains n’ont pas assez de réserves en devises pour se lancer dans l’importation, il y a fort à craindre que les échanges soient limités aux pays qui peuvent entre eux le paiement en monnaie locale, selon des accords qui existent entre eux (certains pays sont prêts sur ce plan).

A moins que chaque pays pense gagner en exportant uniquement ses marchandises et ne rien importer du tout en contrepartie. Une zone de troc, comme celle de Tamanrasset, ne serait-elle pas bien meilleure ? En tout cas, l’Algérie ne cache pas trop ses ambitions dans ce sens, en déclarant, vendredi dernier, par la voie du ministre du Commerce, Kamel Rézig, que la ratification par l’Algérie de l’acte constitutif de la Zlecaf lui permettra de bénéficier des différents atouts offerts, qui s’inscrivant dans la cadre de la politique de diversification économique et de développement des exportations hors hydrocarbures. Ce n’est pas pour rien, ou parce que la Zlecaf n’existait pas, que les exportations intra-africaines restent très faibles, représentant environ 17% du total des exportations continentales.

Les pays qui font de bonnes affaires en Afrique, il faut en convenir, ne comptent pas sur le marché continental, aussi vaste soit-il, car tous ont les yeux braqués sur les richesses naturelles que recèlent les terres africaines. Toute l’influence se joue à ce niveau de l’exploitation de ces richesses, uranium, diamant, or, pétrole et autres. C’est dans ce sens que l’Algérie devrait envisager une pénétration dans le continent, en nouant une coopération avec les pays africains dans les domaines de l’exploitation des gisements naturels, en échange de services et biens à conclure dans cette zone. Il faut penser à gagner un capital influence en Afrique pour jouer dans la cour des grands, européens, américains et chinois, qui ont des pieds solidement implantés dans le continent. Comment ?

Certes, rallier la Zlecaf ou d’autres réunions est presque une obligation, mais les clés de l’Afrique sont entre les mains d’une nouvelle génération de riches et puissants hommes d’affaires africains. C’est avec eux que certains pays font des affaires et gagnent en influence, souvent hors des circuits des politiques gouvernementales, qui viennent en aval corroborer des marchés colossaux.

Le Quotidien d’Oran, 05/09/2021

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