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Les impacts de la crise sanitaire et économique mondiale sur le plan de relance de l’économie algérienne
Les gouvernants se trouvent confrontés à trois dilemmes. Le premier scénario est continuer le confinement quitte à étouffer la machine économique avec les risques neuro psychologiques et surtout le risque d’exploitations sociales pour ceux qui n‘ont pas de revenus et de protection sociale. Le second scénario est le dé-confinement total avec le risque d’un désastre sanitaire, qu’aucun Etat et système sanitaire ne pourraient supporter avec le risque d’une déstabilisation politique. La solution médiane est un dé-confinement progressif maitrisée conciliant l’aspect sanitaire et économique, exercice il faut le reconnaitre difficile.
Les chocs de 2020/2021 avec des vagues successives du coronavirus et les différents impacts au réchauffement climatique auront des effets durables sur l’économie du monde entre 2021/2030, dessinant un nouveau pouvoir économique mondial. L’Algérie fortement connectée à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures, qui lui procure directement et indirectement 98% de ses recettes en devises ne fait pas exception, d’où l’importance de stratégies d’adaptation réalistes
1.-Nous assistons à une crise mondiale inégalée depuis 1928/1929, Quant à l’impact sur le taux d’emploi, les rapports de l’OCDE mettent en relief que pour la baisse d’un point de taux de croissance, en moyenne annuelle, le taux de chômage s’accroît d’environ de 350.000 personnes, les femmes étant les plus vulnérables, donnant si on applique ce ratio pour l’Algérie qui a eu une croissance négative de 6% environ 2.100.000 pertes d’emplois , concernant tous les secteurs, devant voir comment les aides, si elles se sont concrétisées, aux entreprises , et les services ont permis de diminuer ce montant . La Banque mondiale estime ainsi qu’entre 70 et 100 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté, effaçant ainsi les progrès réalisés les trois dernières années dans la lutte contre la pauvreté avec une population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. Les estimations de l’OIT indiquent une hausse significative du chômage et du sous-emploi dans le sillage du virus où sur les 7 milliards d’habitants pour les pays en voie de développement, Amérique latine, Asie, Afrique, entre 50/80% de l’emploi est dans la sphère informelle sans protection sociale étant avec le confinement une véritable bombe sociale .
Sur la base de différents scénarios relatifs à l’impact du COVID-19 sur la croissance du PIB mondial (les estimations préliminaires de l’OIT montrent une augmentation du chômage mondial variant de 5,3 millions (scénario «optimiste») à 24,7 millions (scénario «pessimiste») à partir d’un niveau de référence de 188 millions en 2019. Le scénario «moyen» laisse présager une hausse de 13 millions (7,4 millions dans les pays à revenu élevé).. La Banque soulignant que la contraction du PIB mondial par habitant a été d’une ampleur inédite depuis 1945-1946. Le grippage des chaînes d’approvisionnement mondiales dû à la pandémie forcera les gouvernements à tout repenser et la politique économique qui sera sans doute ajustée si ce n’est complètement remaniée pour encourager un rapatriement de productions critiques. Cela concernera notamment les équipements sanitaires et de produits pharmaceutiques, avec des mesures protectionnismes et le resserrement des conditions financières( voir notre interview des impacts de l’épidémie du coronavirus, de profondes mutations géostratégiques, économiques et comportementales En anglais American Herald Tribune USA Pr Abderrahmane MEBTOUL « The World’s Deep Geostretegic Change After the Coronavirus 2020/2030/2040 07 mai 2020 ).
Quant bien même, la reprise avec un taux de croissance de 4,2 /5% en 2021, il se matérialisait, dans de nombreux pays, par de profondes récessions qui devraient peser sur la capacité de croissance pour les années à venir Sans compter que la crise dans des économies largement informelles sera plus difficile à combattre, faute de moyens budgétaires suffisants et à cause d’une faible capacité administrative pour distribuer l’aide comme les indemnités de chômage. Ces perspectives sont d’autant plus alarmantes que la crise risque de laisser des séquelles durables et de donner lieu à des difficultés planétaires majeures. Cette situation a un impact à la fois sur l’endettement des Etats où pour le FMI , les mesures budgétaires annoncées sont désormais estimées à près de 11000 milliards de dollars dans le monde, et la moitié de ce montant correspondant à des dépenses supplémentaires et à des recettes perdues , la moitié restante des 5 400 milliards de dollars correspondant à un apport de liquidités, sous forme de prêts, d’injections de capital et de garanties, notamment par l’intermédiaire des banques publiques et des entreprises publiques, ces mesures permettant de préserver les flux de trésorerie des entreprises et de limiter les faillites, mais pourraient alourdir la dette et creuser les déficits publics à l’avenir si elles devaient se solder par des pertes..
Comme le note plusieurs analystes dans le Finantial Times , le Monde.fr et les Echos.fr de juin 2020, reste que quelle que soit la façon dont les Etats s’attaqueront à cette montagne de dettes − effacement partiel, intervention des banques centrales, cocktail de croissance et d’inflation −, celle-ci risque de peser longtemps sur les politiques publiques et le paysage politique. D’une manière générale, la décroissance via l’importance du chômage est une véritable menace pour la sécurité mondiale impliquant des actions urgentes de mise en place de nouveaux mécanismes de régulation économique et sociale, avec le ciblage des catégories socioprofessionnelles, ainsi que le soutien aux entreprises qui s’adapteront aux nouvelles mutations donc concurrentielles avec la nouvelle trajectoire fondée sur la transition numérique et énergétique. Mais non les entreprises structurellement déficitaires qui seront appelées forcément à disparaitre dont les aides s’assimileraient à des subventions. Car une Nation ne peut distribuer plus que celle qu’elle produit quitte à accélérer la dérive économique et sociale.
2.-Qu’en est-il pour l’Algérie qui est fortement dépendante du cours des hydrocarbures qui lui procurent directement et indirectement avec les dérivées 98% de ses recettes en devises, le cours étant fonction à la fois du cout interne, de la croissance de l’économie mondiale et de l’évolution du modèle de consommation énergétique mondial qui est appelé à évoluer entre 2021/2030. Dans ce cadre , il est important dans le cadre d’une vision stratégique de relance économique, d’analyser l’impact de la baisse du taux de croissance en Algérie par exemple, sur le taux de chômage qui s’ajoute aux taux officiel en distinguant les emplois dans les segments productifs et les emplois rente improductifs tenant compte de la forte pression démographique, plus de 44 millions d’habitants en 2021 et plus de 50 millions horizon 2030 qui nécessitera un taux de croissance entre 8/9% pendant plusieurs années afin d ‘atténuer les tensions sociales.. Cette situation de l’économie mondiale a un impact sur l’économie algérienne, du fait de la faiblesse tant de la demande mondiale d’hydrocarbures, de la concurrence internationale et de la baisse en volume physique sur le plan macro-économique et macro- social dont je recense sept impacts.
Premièrement, sur le niveau des réserves de change qui étaient de 194 milliards de dollars fin 2013.
Deuxièmement, sur le niveau de la balance des paiements, document de référence au lieu de la balance commerciale , incluant les sorties de devises des services avec un accroissement du déficit budgétaire que l’on comble artificiellement par une dépréciation du dinar en référence au dollar et à l’euro ( gonflé en dinars pour la fiscalité pétrolière et les importations de biens, pour ce dernier supporté en final par le consommateur.
Troisièmement, sur la valeur du dinar corrélée à 70% aux réserves de change via les hydrocarbures, voilant l’importance réelle du déficit budgétaire . Avec des réserves de change de 10/20 milliards de dollars le cours officiel du dinar algérien dépasserait 200 dinars un euro, en cas d’une non dynamisation des sections hors rente, la valeur d ‘une monnaie reposant avant tout sur la production et la productivité.
Quatrièmement, nous aurons un impact sur le rythme de la dépense publique qui détermine fondamentalement le taux de croissance avec les effets indirects à 80% important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Environ 83% de la superficie économique est constituée de petits services/commerce, et le secteur industriel pesant moins de 6% du PIB) Cinquièmement, sur le niveau d’inflation qui est actuellement compressé par les subventions, la cohésion sociale étant assurée par les transferts sociaux, mais intenable dans le temps sans le retour à la croissance.
Sixièmement, l’impact sur le niveau de création d’emplois, devant s’attendre à un accroissement du taux de chômage à plus de 15% en 2021 selon le FMI devant créer plus de 300.000 /400.000 emplois par an qui s ‘ajoute au taux de chômage. A cela s’ajoute, selon certaines organisations patronales qui évoquent entre 1,5 /1,7 millions de pertes d’emplois dans la sphère réelle Et sur environ 12,5 millions de la population active sur plus de 44 millions d’habitant en mars 2020 environ 40/45% de la population active, environ 5/6 millions sont sans protection sociale rendant difficile leurs prises en charge Ils sont sans revenus pour bon nombre qui ont cessé leurs activités, sans compter que bon nombres de ménages vivent dans deux trois pièces plus de 5/8 personnes avec des impacts psychologiques avec le confinement. Et l’on devra prendre en compte, à l’avenir la réforme du système des retraites dont le déficit est estimé pour 2021 à 690 milliards de dinars, qui sera le grand défi des années à venir ; le vieillissement de la population, où la moyenne d’âge des deux sexes selon le rapport de l’ONU, 2018, est à environ 78 ans de durée de vie. Septièmement, sur l’extension de la sphère informelle, ayant j’ai eu à diriger pour le 4ème Think Tank mondial l’Institut des relations internationales IFRI,-Paris, décembre 2013, c’est un dossier complexe, devant méditer l’expérience des mesures passées qui ont été un véritable échec. En période de crise et c’est une loi universelle applicable à tous les pays, cette sphère s’étendant et son intégration dépend fondamentalement du retour à la confiance et d’une nouvelle régulation d’ensemble tant de la société que de la politique socio-économique. Attention à l »mission monétaire sans contreparties productives la banque d’Algérie, qui pourrait entrainer le pays dans une spirale inflationniste incontrôlée ayant prévu d’injecter environ 2100 milliards de dollars pour l’année 2021(environ 16 milliards de dollars), l’Algérie contrairement aux pays développés souffrant de rigidités structurelles et non conjoncturelles, devant comparer le comparable comme l’économie vénézuélienne et non les USA et l’Europe qui reposent sur une économie productive, Egalement , une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, donc attention à la dérive salariale que certains experts algériens ( vision populiste) qui pénalisera les couches défavorisées, sans relancer la machine économique .
3.- D’où l’importance de bien synchroniser les axes du plan de relance économique autour de quatre axes que j’ai largement développé par ailleurs (pour comprendre les enjeux géostratégiques du nouveau monde et élaborer des stratégies d’adaptation dans le cadre d’une planification stratégique interviews/contributions professeur Abderrahmane Mebtoul- site www.algerie1.com janvier 2019/aout 2021 – conférences à l’IMDEP octobre 2019 et à L’ecole Supérieure de Guerre mars 2019 -Ministère de la défense nationale , devant les attachés économiques des ambassades et des organisations internationales accrédités à Alger juin 2021, à Radio Algérie Internationale sur les axes du redressement national 08/07/2020 et quotidiens gouvernementaux El Massa 22 aout 2021, El Moudjahid 23 aout 2021, Horizondz 25/08/2021 – 2021/2030/2040 – Afrik Eco juin 2020, AfricaPresse Paris 05/7 mai 2021 et 10 août 2021).
Premièrement, Tout plan fiable doit reposer sur une nouvelle gouvernance nationale et locale avec plus de décentralisation et non déconcentration, à travers des réseaux et non plus avec l’ancienne organisation hiérarchique rigide tant de l’Etat que des entreprises, , impliquant les élus locaux et la société civile ( entrepreneurs publics, privés ,banques, universités, centre de recherche, associations)
Deuxièmement, tout plan opérationnel doit s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique tant des mutations internes quiinternationales, comment s’oriente les filières au niveau mondial entre 2021/ 2030 dont la transition numérique et énergétique, en étant réaliste les hydrocarbures traditionnels resteront encore pour 5 à 10 ans la principale ressource en devises du pays sous réserve de la mise en place de nouvelles filières concurrentielles.
Troisièmement, au niveau national, élaborer de stratégies d’adaptation pour couvrir le marché intérieur , devant souligner le dynamique agricole, en étant conscient que n’existe pas d’autonomie totale l’Algérie étant un pays semi –aride, le marché malgré certaines hausse des prix étant bien approvisionné, devant dynamiser l’agriculture saharienne mais du fait de l’eau saumâtre et devant protéger les nappes sahariennes, procéder à des investissements d’épuration, excepté certaines contrées El Goléa, que je connais bien ayant étant officier d’administration à la route de l’unité africaine vers les années 1972..
Quatrièmement , .il s’agira de concilier l’efficacité économique et la cohésion sociale par le dialogue social avec de nouveaux réseaux et mobiliser les ressources tant humaines et ajuster les ressources financières en distinguant la partie dinars et la partie devises avec un planning daté pour éviter les réévaluations permanentes ,des projets non maturés, lutter contre les surcoûts, revoir la règle des 49/51% en dressant une balance devises et une nouvelle politique économique afin d’éviter l’épuisement des réserves de change horizon 2022.
En conclusion, l’objectif stratégique face aux tensions budgétaires est un sacrifice partagé et la nécessaire cohésion sociale. Au vu de l’immense élan de solidarité nationale pour l’unité nationale , auquel a fait preuve toute la population algérienne face tant à l’épidémie du coronavirus qu’aux incendies, l’Algérie, un pays dynamique, plein de vitalité, qui cherche sa voie, étant un acteur déterminant, selon la majorité des observateurs internationaux de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, peut surmonter cette conjoncture difficile.
Etant entendu sous réserve d’un renouveau de la gouvernance, dont la moralisation de la société sans laquelle aucun développement ne peut se faire et éviter par un langage de vérité, de se mentir les uns les autres ou se cacher la réalité, ce qui nous entraînera irrésistiblement vers d’autres épreuves tragiques qu’aucun algérien patriote ne souhaite. Aussi, Il y a lieu procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale : tels l’éducation-formation, le savoir pilier du développement, la santé, la modernisation de l’agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l’efficacité de l’administration, la relance des entreprises, à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines
En bref, la modestie et le dialogue productif étant l’outil de la bonne gouvernance, il y a urgence, pour des raisons de sécurité nationale d’un changement de paradigme culturel , conditions pour une économie diversifiée tenant compte, tant des rapports de forces internes que des nouvelles transformations du monde dans le domaine économique,(transition numérique et énergétique), social, culturel et sécuritaire.
Pr Abderrahmane Mebtoul
Algérie1, 26/08/2021