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Par Lynda Louifi
Le prix du poulet a connu ces derniers jours une hausse vertigineuse à travers le territoire national. Il a atteint un prix inabordable, même pour les bourses moyennes. Il est cédé depuis la semaine passée à 450 DA/kg.
Curieusement, cette augmentation du prix du poulet intervient avec la rentrée sociale. Les bouchers, les services agricoles et les éleveurs de volaille avancent les mêmes raisons concernant cette augmentation inédite. Trois facteurs essentiels pèsent sur l’augmentation fulgurante du prix du poulet. Il s’agit de la hausse des prix des matières premières, notamment le maïs et le soja, celle des intrants biologiques et enfin l’absence de régulation de la filière avicole.
Pour le président intérimaire du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA), Abderrazak Abdellaoui, parmi les raisons principales de cette hausse on retrouve le déconfinement sanitaire, la réouverture des restaurants et hôtels, la reprise sociale, les feux de forêt et les grosses chaleurs qui ont considérablement affecté le cheptel avicole, en plus de la grippe aviaire qui a provoqué la mortalité de poules reproductrices entre mars et avril derniers.
Outre ces facteurs, le directeur du CNIFA a ajouté la flambée des cours des matières premières sur le marché mondial, la filière avicole étant fortement dépendante d’intrants importés (maïs, soja, poussins reproducteurs, vaccins…), ainsi que «toute augmentation des cours, influant automatiquement sur les prix du poulet», a expliqué M. Abdellaoui. Le responsable a souligné l’importance de recourir à l’importation d’œufs à couver (œufs de poulet de chair) pour réussir à contenir la flambée conjoncturelle des prix du poulet sur le marché national.
Selon lui, l’importation temporaire de cet intrant permettrait de faire baisser le prix du poussin de chair, passé de 80 DA l’unité à 150 DA, provoquant, a-t-il expliqué, une envolée des prix du poulet. De son côté, Nadjib Tekfa, vétérinaire et membre du CNIFA, prévoit un retour à la normale. Il a assuré que «les prix connaîtront une baisse dans les 40 à 50 jours à venir» avec la mise en place d’œufs à couver. «Les prix vont tendre vers l’équilibre au fur et à mesure dans le temps, sauf incident majeur (confinement, maladie contagieuse, crise d’aliment)», a-t-il expliqué, affirmant que les poussins destinés à la reproduction, mis en place à partir de janvier 2021, «n’ont pas été touchés par la grippe aviaire et sont entrés en production à la fin du mois d’août».
Il y aura donc «de plus en plus de poussins disponibles pour atteindre l’équilibre vers la mi-décembre 2021», a-t-il ajouté. Evoquant les raisons des perturbations ayant touché le marché de la volaille depuis 2020, M. Tekfa a notamment évoqué la «pression subite sur la demande», engendrée par le déconfinement et l’ouverture des cantines, restaurants et hôtels, entraînant ainsi une hausse importante de la demande après que cette dernière eut baissé de 30% durant la période de confinement.
En outre, l’offre a subi «des fluctuations très importantes entre 2020 et 2021, impactant lourdement les aviculteurs dont certains se sont carrément retirés de la profession», a-t-il fait observer. Selon ses explications, il y a d’abord eu des «importations excessives» de poussins producteurs, cédés souvent à crédit aux éleveurs. Une situation qui a profité aux importateurs-revendeurs.
Quant à eux, les éleveurs qui avaient produit en abondance ont été obligés de vendre du poulet à perte durant toute l’année 2020 et le début de 2021 (janvier), ce qui les a rendus insolvables et incapables de rembourser leurs crédits. Ils ont donc fini par se retirer du marché, a-t-il ajouté.
Le Jeune Indépendant, 13/09/2021
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