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– Le scrutin, tenu le 8 septembre, s’est soldé par un échec cuisant du Parti Justice et Développement
Les élections législatives tenues le mercredi 8 septembre au Maroc ont créé la surprise, tant par l’augmentation significative du taux de participation, passé de 42% en 2016 à 50,35%, que par l’échec cuisant du PJD (Parti Justice et Développement).
Alors qu’il détenait 125 sièges, le parti du Premier ministre Saad Dine El Otmani n’en a remporté que 13.
Une débâcle inattendue aux allures de gifle, au moment où le Royaume est confronté à une aggravation de la crise sanitaire, forçant les autorités à prendre des décisions impopulaires.
Dès vendredi, l’homme d’affaires Aziz Akhannouch, à la tête de RNI (Rassemblement national des indépendants), a en toute logique été nommé à la tête du gouvernement par le roi Mohamed VI, au terme d’un entretien au Palais Royal de Fès.
Celui qui est en effet devenu l’homme fort du royaume chérifien, a raflé 102 sièges à la chambre des représentants et doit désormais former son gouvernement.
Parallèlement, le PJD a annoncé la démission de son secrétaire général Saad Dine El Otmani, et de l’ensemble de son bureau politique, tout en considérant, par voie de communiqué, que les faibles résultats obtenus « ne reflètent pas la réalité de la carte politique » du Maroc, « ni la position du parti sur la scène politique, ses résultats dans la gestion des affaires locales et gouvernementales, et la large réponse des citoyens au parti pendant la campagne électorale ».
Selon le politologue François Burgat, cette défaite est à décrypter de plusieurs manières.
« Je ne pense pas que la cinglante défaite électorale du PJD puisse être interprétée, comme voudront le faire leurs contempteurs automatiques, comme une nième défaite des islamistes », a écrit celui qui est également un islamologue de renom, sur ses réseaux sociaux.
Il explique en effet que son analyse réside dans le fait que « ce PJD n’a jamais exercé le pouvoir » et que « comme d’autres formations d’opposition avant lui, il a accepté d’en goûter certains des avantages ».
François Burgat considère que le pouvoir est toujours resté « hors de portée de ses ministres, manié par les seules mains du Roi ou de ses proches conseillers ».
« Logiquement, le PJD paie donc aujourd’hui le prix des concessions et autres compromissions auxquelles sa volonté de se maintenir sur l’avant-scène l’ont irrésistiblement conduit », a-t-il poursuivi, citant « la trahison des jeunes du 20 février jusqu’à la reconnaissance récente de l’Etat hébreu ».
Le politologue analyse donc cette défaite du PJD, non pas comme une « crise des islamistes » mais comme « l’échec de ceux qui ont, par opportunisme, cru pouvoir frayer avec les pouvoirs en place sans trahir leurs idéaux » et conclut à la nécessité, pour « cette génération des concessions et des compromissions » de « laisser la place ».
Même son de cloche du côté du sociologue Mohamed Ennaji, cité par le site d’informations Telquel.
Cet historien de formation affirme que la « pulvérisation pure et simple » du PJD ne traduit pas nécessairement la fin de « l’attrait qu’exerçait l’islam politique ».
Il assure que « ce serait une erreur de généraliser » car « le PJD à lui seul n’épuise pas l’islam politique et celui-ci pourrait trouver d’autres formes de manifestation ».
En tout état de cause, le parti, à la tête du Maroc pendant dix ans, va convoquer son assemblée générale le 18 septembre prochain dans le but « d’évaluer globalement les résultats électoraux et de prendre les décisions appropriées ».
Le gouvernement formé par le nouveau Premier Ministre Aziz Akhannouch, est quant à lui attendu dans les prochains jours et devrait contribuer à un renouveau dans l’échiquier politique marocain.
* Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Anadolou, 12/09/2021
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