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Par Hassan Moali
Lentement mais sûrement, l’Algérie amorce un recadrage stratégique de sa diplomatie qui aura subi, des décennies durant, les dommages collatéraux des années Bouteflika. Un bilan-boulet que notre pays traîne aujourd’hui comme un péché originel d’une gouvernance désincarnée dans un environnement géopolitique extrêmement crisogène.
Le rappel de Ramtane Lamamra est en soi un signal fort que la diplomatie algérienne va désormais sortir de la diplomatie passive des «petits fours» pour une approche plus proactive qui sied aux enjeux géostratégiques et géo-sécuritaires.
Il n’est évidemment jamais trop tard pour bien faire, bien que l’Algérie aurait largement pu tirer profit de son leadership mais surtout du précieux capital symbolique qu’elle a engrangé sur le continent africain où elle était considérée comme «La Mecque des révolutionnaires», pour reprendre la formule proverbiale d’Amiclar Cabral.
Il est donc heureux de constater que notre pays ait retrouvé l’Afrique, notre profondeur stratégique, après lui avoir longtemps tourné le dos en ayant, hélas, le regard rivé vers le Nord… Le «safari» que vient d’effectuer le ministre des affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, qui l’a mené jusqu’au Congo Brazzaville en passant par le Niger et la Mauritanie, confirme ce redéploiement diplomatique de l’Algérie sur un continent où elle a tout à gagner et absolument rien à perdre.
Forcément, cette diplomatie un tantinet agressive dans le bon sens du terme agace nos voisins immédiats, notamment le royaume du Maroc qui pensait être définitivement en terrain conquis.
Les récurrentes provocations du Makhzen qui a poussé l’outrecuidance jusqu’à oser fourrer son nez dans les affaires internes du pays à travers l’histoire de «l’indépendance de la Kabylie» sont désormais symptomatiques des certitudes ébranlées du Palais.
Une Algérie qui revient au-devant de la scène africaine et régionale avec un discours et des positions de principe fermes sur les dossiers chauds et les foyers de tension (Libye, Sahel, Sahara occidental, etc.) qui agitent le continent noir a, assurément, de quoi inquiéter le royaume de Sa Majesté jadis si sûr de ses appuis et de ses acquis. Il doit dorénavant comprendre que l’Algérie est déterminée à étendre son influence et rentabiliser ses engagements. En un mot, s’assurer un retour sur investissement grâce à une pragmatique mise en musique de sa politique étrangère certes adossée aux idéaux de sa Révolution, mais qui tient néanmoins compte de ses intérêts vitaux au double plan économique et géopolitique.
Il faut se féliciter de ce que la diplomatie algérienne, qui a longtemps été le jardin secret de Bouteflika, se soit enfin libérée des pesanteurs subjectives qui ont sacrifié l’image et les intérêts du pays au profit de l’ego hypertrophié de ce dernier.
H. M
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