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Comment ose-t-on parler de normalisation avec un pays qui a fait de son territoire national une tête de pont, pour planifier une série d’actions hostiles contre l’Algérie?
Brahim TAKHEROUBT
Assommé par la décision prise par l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume, le Makhzen s’affole. Comme le pressing, les fausses annonces n’ayant pas suffi, il active son plan «B» en rameutant tous ses soutiens et sponsors pour faire aboutir, coûte que coûte, une médiation entre Alger et Rabat.
Des officiels algériens se disent,d’ailleurs, intrigués par le comportement de certains pays qui croient à cette fable de la médiation. «Il est regrettable de constater, aujourd’hui, que ces pays voulant jouer aux bons offices se sont tus pendant des décennies face aux graves provocations marocaines à l’endroit de l’Algérie», regrette un diplomate algérien très au fait de ce dossier.
«Qui ne dit mot consent. Par leurs silences complices, ces pays n’ont-ils pas encouragé le Maroc à persister dans ces dérapages?», s’interroge le même diplomate rappelant qu’il n’est pas question pour les autorités algériennes de revenir sur leur décision quel qu’en soit le prix à payer.
La fable de la médiation est exactement comme celle de la réouverture des frontières ressassée depuis des années par les responsables marocains à chaque occasion. Peine perdue, l’Algérie, pays souverain, en a décidé autrement. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a tranché dans le vif et de manière irrévocable.
Lors d’une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères tenue, il y a quelques jours, Lamamra a souligné le fait que «la décision de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc n’est pas sujette à discussion ou à délibération, car il s’agit d’une décision souveraine, définitive et irréversible».
Le chef de la diplomatie algérienne a ajouté que toute initiative de médiation, «quelle que soit sa nature, est réductrice et superficielle si elle ignore l’entière responsabilité du Maroc dans la détérioration des relations bilatérales».
La décision algérienne entérinée par le Haut Conseil de Sécurité, présidé par Abdelmadjid Tebboune, n’est pas venue du néant, mais elle répond aux desiderata des populations algériennes agacées par des décennies de provocations.
Habitué à l’indulgence du peuple et de l’État algériens qui ont une haute considération pour le peuple marocain, le Makhzen croyait fermement que l’Algérie allait éternellement ignorer ses agressions et sa dangereuse fuite en avant. Comment ose-t-on parler de normalisation avec un pays, le royaume du Maroc,qui a fait de son territoire national une tête de pont pour planifier, organiser et soutenir une série d’actions hostiles contre l’Algérie?
Les dernières en date concernent les accusations insensées et les menaces à peine voilées proférées par le ministre israélien des Affaires étrangères en visite officielle au Maroc et en présence de son homologue marocain. Jamais depuis 1948, un officiel israélien n’a été entendu émettre des jugements et proférer des messages contre un pays arabe à partir du territoire d’un autre pays arabe. Une inégalable performance marocaine révélatrice d’une hostilité extrême envers son voisin de l’Est.
Comment normaliser avec un pays dont les appareils sécuritaires et de propagande mènent une guerre médiatique de bas niveau et de grande envergure contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants? Que dire de l’affaire, non moins grave, du scandale Pegasus qui a révélé au grand jour l’espionnage massif auquel ont été soumis des responsables et des citoyens algériens ciblés par les services de renseignement marocains? Où en sont les choses avec la dérive particulièrement dangereuse et irresponsable en invoquant un prétendu «droit à l’autodétermination du vaillant peuple kabyle»?
À défaut de réponses à toutes ces questions qu’attend toujours le peuple algérien, le Makhzen nous sert la balle de la normalisation.
L’Expression, 16/09/2021