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Paris-Marrakech: luxe, pouvoir et réseaux, un livre de Ali Ammar et Jean-Pierre Tuquoi
C’est une enquête très fouillée et d’une brûlante actualité menée par ces deux journalistes experts du Maghreb.
Comment expliquer le silence tombal observé par des officiels français sur le grave scandale Pegasus, un logiciel dont a usé le Makhzen à satiété pour espionner même le président Emmanuel Macron?
Pourquoi Paris acquiesce les exactions répétées des forces marocaines contre le peuple sahraoui? Qui ne dit mot consent: quel intérêt a la France quand elle admet les intentions expansionnistes du Royaume et détourne le regard sur les attitudes bellicistes marocaines contre l’Algérie? La réponse se trouve dans Paris-Marrakech: luxe, pouvoir et réseaux, un livre publié, il y a quelques années, par Ali Ammar et Jean-Pierre Tuquoi. C’est une enquête très fouillée et d’une brûlante actualité menée par ces deux journalistes experts du Maghreb.
«Marrakech, une ville française?», s’interrogent-ils dans l’introduction de l’ouvrage pour planter le décor d’une ville que l’ancien Premier ministre britannique, le glorieux Winston Churchill, peintre à ses heures perdues, avait qualifiée de « Paris du Sahara».
Les deux journalistes nous font voir, par le trou de la serrure, la face sombre des relations franco-marocaines, qui se nouent derrière les murs de la ville ocre. Ils décrivent le gratin politique français et des hommes d’affaires convergeant vers Marrakech, pour faire bon ménage où se nouent l’affairisme, les conflits d’intérêts et les histoires de moeurs légères.
De Nicolas Sarkozy à Dominique Strauss-Kahn, de Bernard – Henri Lévy à Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi, les hommes politiques, de droite comme de gauche, les intellectuels de tous bords, les patrons du CAC 40, sans parler des vedettes du show-biz, des ambassadeurs et des vedettes de la télévision cotés à Paris, se retrouvent chez eux à Marrakech.
Le flux d’informations croustillantes qui ont alimenté notre imagination n’étaient pas toutes fausses. On est même souvent très loin de la réalité. Le livre rapporte que l’on est bien dans le royaume de la prostitution. «Elles seraient 20000 âgées de 16 à 30 ans à offrir leurs services contre la somme de 15000 euros par mois pour les plus sollicitées. La passe furtive, elle, se négocie autour de 10 euros dans les bosquets attenants aux murs de la Koutoubia, la vénérable mosquée du XIIIe siècle, symbole de la cité».
Tarifs identiques, notent encore les deux journalistes, dans les jardins du centre-ville et sur la fameuse place Djemaâ El-Fna, lieu de la drague que les habitants de Marrakech ont rebaptisée le «souk des pédés». Paris-Marrakech, nous plonge dans un décor féérique de Es-Saâdi, un palace de cinq étoiles dont la milliardaire? Liliane Bettencourt? en a longtemps été une inconditionnelle, en particulier de son restaurant, connu depuis un demi-siècle comme la meilleure table du Maroc.
Cet hôtel dégoulinant de luxe n’est pas ce qui se fait de mieux à Marrakech. Le summum c’est le Royal Mansour, un palace classé en 2011 parmi les hôtels «les plus extraordinaires du monde» par le Conde Nast Traveler, la bible des touristes huppés.
C’est dans ces lieux luxueux que le gratin français se prélasse. Une invitation tous frais payés à un festival de musique, à un colloque, à l’inauguration d’un palace, une exposition… rien de tel pour se faire des obligés français qui auront à coeur de renvoyer l’ascenseur (…)
La liste des amis de la monarchie a beau être très fournie, elle n’et jamais close. L’obsession quotidienne pour les «guetteurs» marocains postés en France est de recruter encore et encore de nouvelles têtes.
On comprend pourquoi Paris restera toujours du côté de Rabat quelles qu’en soient les dérives et les événements. Ni l’attentat du café l’Argana en 2011 qui a coûté la vie à 17 personnes, dont huit Français, ni l’arrivée en force des islamistes du PJD au pouvoir en 2012, ni les scandales de pédophilie encore moins les bisbilles politiques comme la convocation par le juge d’instruction du patron du contre-espionnage marocain Abdellatif Hammouchi, en 2014, pour s’expliquer sur une affaire de torture, n’ont eu raison de l’engouement des Français pour Marrakech.
Les plaisirs sexuels, la chair fraîche dans un riad de la médina, au bord de la piscine d’un palace, ou dans une villa au coeur de la palmeraie, enivrent la France d’en haut.
Brahim TAKHEROUBT
L’Expression, 16/09/2021
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