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Mohammed Mezouar
Le monde est habitué à entendre à la radio ou lire dans les journaux que deux états n’ayant aucun type de relations se critiquent mutuellement au fil du temps. Entre la très atypique “démocratie juive” comme l’aime à le rappeler son Premier ministre Bennett lors de sa visite à la maison blanche et la république populaire “en voie de démocratie” algérienne : c’est une histoire de reconnaissance.
Pas de relation avec Israël dans l’état actuel des choses et sans solution à deux états. C’est la position algérienne sans ambage depuis des décennies. Dans sa forme actuelle, Israël, n’existe pas pour l’Algérie qui soutient le peuple palestinien. Une Palestine dont la lutte s’éternise en raison du soutien indéfectible des puissances occidentales au colon juif depuis sa création.
Le conflit en Palestine représente une des plus grandes aberrations de notre époque. Elle est permise en raison des politiques coordonnées des occidentaux qui s’arrogent en chantre de la liberté et de l’égalité des droits : sauf pour le cas d’Israël. Trump avant son départ et sous les auspices de son gendre Jared Kushner, compliqua la donne un peu plus pour les Palestiniens avec les accords de paix cyniques d’Abraham qui scellent le sort d’une extinction programmée se rapprochant honteusement.
Non-content de contribuer au nettoyage ethnique du peuple palestinien et à financer illégalement* l’armée coloniale israélienne au Moyen-Orient, les Américains enfoncent le clou désormais en y mêlant marchandage diplomatique et gages territoriaux tel fût le cas avec la reconnaissance de dernière minute du Sahara Occidental en échange d’un “traité de paix” entre la théocratie marocaine et l’état sioniste.
La sortie de débutant de Yair Lapid, nommé ministre des affaires étrangères du nouveau gouvernement Bennett en visite depuis la Maroc, avec sa charge calculée contre l’Algérie mérite plus d’attention que les médias main stream ne veulent lui donner. En toile de fond des accusations voilées d’un rapprochement secret et suspect entre l’Algérie et l’Iran. Mr Lapid semble vouloir envoyer des messages de Warning à l’allié occidental depuis un pays arabe fraîchement “ami” à travers une campagne agressive de désinformation contre l’Algérie pour la faire passer du côté des pays considérés comme l’axe du mal par Washington. Le but étant d’aliéner la perception de la nation algérienne par ses amis occidentaux en faveur du Maroc en enfonçant un peu plus l’Iran.
Un beau coup s’il avait résonné plus fort. Mais voilà, l’Algérie en tant qu’état pivot jouit d’un statut de pays ami avec l’ouest ET l’est. Même si l’ancrage est plutôt russo-chinois et clairement non-aligné, Alger est à l’écoute et est écouté depuis ses nombreuses médiations de Téhéran en 1979 à la crise Égypto-éthiopienne la semaine dernière.
Tout ne s’arrête pas à cette incartade mise en scène par la monarchie alaouite sur son territoire, lieu de tant de complots et de machinations de palais. Un dicton africain dit que la peur mène à la haine. Si la manœuvre était de décrédibiliser Alger, derrière se cache une peur viscérale de voir le brillant ministre des affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra faciliter la finalisation d’un accord sur le nucléaire qui demeure dans une impasse à l’avantage de Téhéran. Paralyser toute tentative de la diplomatie algérienne de sauver le JCPO comme on l’appelle outre atlantique. La visite du Premier ministre algérien à Téhéran pour féliciter le nouveau président iranien avait mis la puce à l’oreille de Tel Aviv.
Tel Aviv qui saborde toute tentative d’accord entre les Américains et les Iraniens était en grâce avec Trump qui s’était retiré de l’accord. Il ne lui restait qu’à pousser un peu plus et des frappes américaines lui éviteraient une confrontation directe avec les Iraniens qui jurent pourtant de raser Dimona et Haifa avant même de viser les bases américaines dans la région. Une chose est certaine, Israël ne veut pas y aller seule, ou du moins c’est le dernier recours. Trop risqué et la dissuasion nucléaire n’est pas suffisante pour un petit territoire comme le sien. La taille compte quand l’adversaire réussit à attaquer les sites pétroliers saoudiens les mieux protégés du monde par proxy yéménites prenant par surprise les analystes militaires régionaux.
L’imprévisible pour l’État juif est un luxe qu’il ne peut se permettre en tant que pays perpétuellement en guerre ; la moindre brèche pourrait coûter la chute.
Donc on comprend facilement que tout sauf un accord avec l’Iran soit la position israélienne. Est-ce que Biden se laissera tenter par des frappes préventives et donc une guerre ouverte avec l’Iran ? Personne ne peut le prévoir aujourd’hui, par contre, l’Algérie semble vouloir jouer un rôle tout en son honneur. En sauvant d’une part des discussions historiques dont elle tirerait un prestige, mais aussi une revanche noble contre les attaques décomplexées fomentées par le retour d’alliance qui se forme au Maghreb.
* la loi américaine interdit toute aide à un état qui possède la bombe atomique clandestinement et qui n’a donc pas ratifié d’accords comme c’est le cas pour Israël – des voix s’élèvent de plus en plus outre-Atlantique pour dénoncer cet envoi d’argent public.