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Rabat, 23 sept (EFE) – Le Maroc est resté jusqu’à présent silencieux face à la décision de l’Algérie de fermer son espace aérien aux avions du pays, dans un nouveau geste de rupture qui n’a rencontré aucune réponse de la part de son voisin occidental, qui garde un profil bas de confrontation et montre même quelques gestes de rapprochement.
Plusieurs sources officielles consultées par Efe ont préféré ne pas commenter la décision annoncée hier par l’Algérie, et l’agence de presse officielle marocaine MAP n’a pas publié l’information, comme ce fut le cas lorsque l’Algérie a annoncé le 26 août qu’elle couperait le gazoduc qui la relie à l’Espagne via le Maroc à partir du 31 octobre.
A l’époque, les autorités marocaines n’ont pas réagi, alors qu’en coupant le gazoduc, le Maroc ne recevra plus une redevance annuelle de 7% du gaz transporté.
Cette attitude est également partagée par certains médias marocains qui, selon Efe, ont décidé de ne pas rapporter la nouvelle de la fermeture de l’espace aérien car elle « favorise l’escalade de la tension diplomatique ».
Le Maroc maintient cette politique depuis la rupture unilatérale des relations diplomatiques par Alger le 24 août, date à laquelle le gouvernement marocain a publié sa dernière réponse, qualifiant la décision de son voisin d' »injustifiée mais attendue » dans un communiqué du ministère des affaires étrangères.
Depuis lors, Rabat a choisi de rester silencieux face aux actes hostiles de son voisin, et a même fait un geste de reconnaissance lorsque, samedi dernier, le roi Mohammed VI a lui-même envoyé un message de condoléances au président algérien Abdelmajid Tebboun à l’occasion du décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
« Il y a une escalade politique de la part de l’Algérie par opposition à l’apaisement de la part du Maroc », souligne Nizar Derdabi, analyste marocain en défense et sécurité, qui considère que le message de condoléances du monarque a une « valeur symbolique ».
Derdabi estime que la dernière annonce algérienne sur la fermeture de l’espace aérien est « incompréhensible », et minimise l’impact possible sur les vols marocains.
Mais la décision, prise hier au Haut Conseil de sécurité algérien, risque d’affecter les vols de la compagnie publique marocaine Royal Air Maroc (RAM) vers la Tunisie, l’Égypte, la Turquie, et probablement le Mali et le Niger, puisque ces lignes passent par son ciel pour atteindre ces destinations.
Selon M. Derdabi, la RAM, qui n’a pas commenté les conséquences de la décision algérienne, devra probablement réacheminer ces routes, ce qui impliquera un temps de vol supplémentaire, ce que, selon l’analyste, la compagnie marocaine peut gérer.
Les désaccords entre Rabat et Alger remontent à plusieurs décennies (leurs frontières terrestres sont fermées depuis 1994) et ont pour toile de fond la cause nationale par excellence du Maroc, le Sahara occidental, puisque l’Algérie accueille le gouvernement sahraoui et des camps de réfugiés sur son territoire.
Avant la rupture avec l’Algérie, le Maroc avait fait des gestes de rapprochement envers son voisin de l’Est, qui se sont traduits par le discours du roi Mohammed VI le 31 juillet, tendant la main à son voisin de l’Est et l’offre par le monarque d’avions pour éteindre ses feux de forêt, pour lesquels le gouvernement algérien est allé jusqu’à blâmer le Maroc.
Peu après cette offre, ignorée par l’Algérie, cette dernière a décidé de rompre complètement ses relations diplomatiques, bien que l’escalade ait déjà commencé quelque temps auparavant. En juillet, l’Algérie a rappelé son ambassadeur après avoir accusé Rabat de soutenir un mouvement indépendantiste berbère dans la région de Kabylie. EFE
Swissinfo, 23/09/2021