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La question occupe les devants de la scène depuis plusieurs mois déjà et elle devient des plus brûlantes avec le temps : quels mécanismes mettre en place pour prendre en charge l’une des préoccupations citoyennes les plus urgentes, à savoir une solution pour raffermir un pouvoir d’achat en plein déclin ?
La folie des prix ne s’arrête pas. Allant du prix du poulet qui ne veut plus descendre de son piédestal, avec ses 460 dinars le kilo, en passant aux légumes secs et aux légumes et fruits, qui ont pris l’ascenseur pour ne plus redescendre à des niveaux inférieurs.
Pour les pères de famille, un billet de 1.000 dinars ne remplit plus le couffin en denrées alimentaires servant à la préparation d’un seul repas dans la journée pour une famille de plus de deux membres. C’est dans les marchés qu’on sent la perte réelle de la valeur du dinar, nous disait un citoyen, qui affirme qu’avec 500 dinars, il arrivait, il y a seulement quelques mois, à se procurer des pommes de terre, des tomates, des poivrons et autres oignons, ainsi qu’une petite cuisse de poulet, mais plus maintenant, quand il faut laisser une bonne moitié de cette somme à l’achat d’une petite cuisse chez le vendeur de volaille.
En somme, la flambée des prix qui n’a pratiquement épargné aucun produit, à l’exception de ceux encore subventionnés par l’Etat, provoque d’énormes dégâts dans les budgets des ménages et un profond mécontentement grandissant au sein de la population. Le président de la République a donné des instructions, lors de la rencontre gouvernement-walis, pour l’élaboration de textes de loi criminalisant la spéculation sur les produits de base et le Premier ministre a annoncé une révision de la grille des salaires en 2022, visant le renforcement du pouvoir d’achat, mais cela ne règlerait pas, de toute évidence dans l’immédiat, le problème.
Tout comme cette solution qui cherche à éviter les intermédiaires, autorisant les agriculteurs à vendre directement leurs marchandises aux consommateurs. « Comment y arrivera-t-on quand un commerçant de gros passe chez le fellah et lui achète en l’état toute sa production de pommes de terre ou autres ? », s’interroge un commerçant détaillant. C’est très avantageux pour le fellah, qui n’aura ni à faire la récolte ni à la transporter vers les points de vente, ajoute-t-il. La balle également placée au niveau du ministère du Commerce, dont le premier responsable a été placé devant ses responsabilités, dans l’obligation de trouver des solutions à la hausse des prix, risque de ne plus rebondir.
Les contrôleurs de prix n’ont autorité que sur les produits subventionnés par l’Etat, et hors de cette catégorie, ils ne peuvent rien faire. C’est à peine si on oblige les commerçants à afficher les prix (une obligation), et c’est ce qu’on fait depuis quelque temps, avec des affiches qui défient tout le monde. Pour agir rapidement sur les prix et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen, seul un élan de solidarité national pourrait contribuer à infléchir la courbe. Car toutes les solutions prendront du temps pour remédier à une situation qui recommande des réflexes urgents.
par Abdelkrim Zerzouri
Le Quotidien d’Oran, 28/09/2021