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Une semaine après la rentrée scolaire 2021- 2022, le secteur se tape sa première crise : celle des manuels scolaires. Les livres, qui jusque là se vendaient chaque début d’année scolaire au sein des établissements, sont externalisés et attribués aux libraires.
La raison ? Les intendants d’établissements estiment que la vente des livres leur occasionne des dépenses, et que pour cette opération, ils ne sont pas rétribués. Alors que les libraires se tapent 8% de marge bénéficiaire sur chaque manuel scolaire.
En tous cas , s’il n’existait pas de crise dans le secteur , il fallait la créer.
Aux quatre coins du pays , le spectacle est affligeant : des files d’attentes impressionnantes aux abords des points de vente.
Manquait plus que ça , disent les parents désabusés par cette nouvelle galère, qui vient se greffer sur les autres problèmes de l’école, tels que les salaires des enseignants, la rareté des profs dans les matières essentielles comme les maths, le français, l’anglais.
L’année 2021, année de la queue leu leu… dit un parent devant une librairie, et faisant ironiquement allusion aux queux leu leu de l’huile , du lait , du pain etc.
Ah l’école algérienne ! Quelle tragédie sans nom ! Ou plutôt si : l’école du bac à 9 de moyenne !
Cette crise du livre scolaire pourrait aussi s’intituler : le livre de la jungle…scolaire !
Jungle des cours de « sous- tiens » via des profs oublieux de l’éthique, jungle des classes surchargées , des préaux d’un autre âge, et des élèves laissés sur la route par un transport scolaire désorganisé.
Sans oublier la violence, presque quotidienne sur les enseignants, et titrée : Le créateur dévoré par sa créature !
Une enseignante se plaignit , il y’a quelques temps devant un Wali… en lui déclarant que le mobilier des salles de classes datait de la colonisation. Mal lui en pris, car elle fut «mangée» par le dit wali.
Oui et c’est une réalité, les élèves prennent leurs cours au milieu de nulle part. Dans des bâtiments désaffectés , et des préaux délabrés.
Aussi, dans ce fatras désolé et dans ces ruines, la crise du livre scolaire ne vient que s’ajouter aux genres et aux nombres des problèmes d’une école irrémédiablement sinistrée .
Madjid Khelassi
La Nation, 30/09/2021