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Une quarantaine d’exilés marocains ont été remis aux autorités marocaines par leurs homologues algériens. C’est une première depuis la fermeture des frontières entre les deux pays en 1994. Jusqu’ici, seul le rapatriement des migrants décédés avaient permis la réouverture du poste de Zouj Bghal.
C’est une décision exceptionnelle. « L’Algérie a remis aux autorités marocaines une quarantaine de migrants à travers le poste frontière de Zouj Bghal », situé entre la ville chérifienne d’Oujda, et la commune algérienne de Tlemcen, a déclaré à l’AFP Hassane Ammari, responsable de l’association Aide aux migrants en situation vulnérable (AEMSV).
L’AEMSV avait précédemment écrit aux autorités algériennes pour tenter d’obtenir la libération de sept migrants marocains, à la demande de leurs familles, « mais la bonne surprise est que le nombre des expulsés était d’environ 40 personnes », selon la même source.
D’après Mohamed Kerzazi, militant d’une association de défense des droits des migrants, le groupe a été conduit par les autorités jusqu’à la gare routière d’Oujda, distante de quelques kilomètres de la frontière. Là, « certains ont pris des bus pour rentrer chez eux, au sud et plus à l’ouest du Maroc ».
D’ordinaire, la frontière entre les deux pays ne s’ouvre que pour le rapatriement de migrants décédés. Le 14 avril 2021, les autorités avaient ainsi permis le passage du corps d’un exilé marocain, mort au large des côtes algériennes. Une ambulance marocaine était venue jusqu’au poste de Zouj Bghal pour le ramener à Oujda, sa ville natale. Deux mois plus tôt, en février, les autorités avaient organisé, cette fois, le transfert vers l’Algérie du corps d’un migrant algérien.
Et ce, malgré les relations traditionnellement difficiles entre les deux États, en désaccord sur la question du Sahara occidental. Le 24 août dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères Lamtane Lamamra avait annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, l’accusant « d’actions hostiles ».
Le Maroc a, pour sa part, regretté la décision « injustifiée » de rompre les relations bilatérales, rejetant « les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent ». Jeudi dernier, l’Algérie a d’ailleurs annoncé la fermeture « immédiate » de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains ainsi qu’aux appareils immatriculés au Maroc.
L’Algérie sur la route de l’exil
La frontière, fermée depuis 1994, est à l’image des relations qu’entretiennent les deux pays. La portion qui s’étend de Saïdia à Oujda est formée d’un « grillage haut de trois mètres, doublé de fils barbelés et d’un muret en béton », affirme Mohamed Kerzazi. C’est un passage très surveillé, mais qui, paradoxalement, est très passant ». Ces derniers mois, de nombreux migrants soudanais y ont transité, pour atteindre Oujda.
Mais il est également très emprunté par les ressortissants marocains eux-mêmes. Si une majorité d’entre eux tentent de rallier l’Espagne par les enclaves de Ceuta et Melilla et par la route des Canaries, certains font également chemin vers la Tunisie et la Libye, dans l’objectif de prendre la mer pour l’Italie. Et se retrouvent donc en Algérie. « D’après les témoignages de plusieurs familles, une partie des exilés est arrêtée et peut rester dans le pays, indique le militant. Quelques-uns choisissent, parfois, d’y rester quelques temps et d’y gagner leur vie ».
D’après Hassan Ammari, « il arrive aussi que certaines embarcations perdues, [parties des côtes marocaines, ndlr] échouent sur les côtes algériennes ». Les migrants marocains sont alors, malgré eux, coincés dans le pays.
Info Migrants, 29/09/2021
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