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Mohammed VI détruit des vies, menace des nations et défie les lois internationales : Qui protège le baron de Rabat?
Les faits sont là et les preuves aussi, mais le narcoroyaume, soutenu par certains États, n’est pas inquiété. Il doit pourtant rendre des comptes et ses protecteurs doivent s’expliquer.
Hasna YACOUB
Agent de la CIA, ami des narcos colombiens, dictateur impitoyable à la tête du Panama de 1983 à 1989, l’ex-général Manuel Noriega, décédé en 2017, avait fait de son pays une plaque tournante du trafic de drogue, du blanchiment d’argent, et un eldorado pour les narcotrafiquants traqués. L’homme avait bénéficié du soutien des États-Unis et de bien d’autres pays européens, indispensable alors pour leurs politiques, mais dès qu’il devient encombrant, une opération «juste cause» est menée par les États-Unis et Noriega se retrouve derrière les barreaux pour une trentaine d’années.
Mais que peut bien représenter les narcodollars générés par Noriega devant ceux récoltés par le roi Mohammed VI. Car, il faut bien le dire, si la Colombie avait son Escobar, le Panama son Noriega, au Maroc, c’est bien le roi qui protège les producteurs du Rif et qui ferme les yeux sur la production de plus de 700 tonnes de cannabis annuellement.
Le royaume s’est forgé un statut de plaque tournante du trafic, puisque 72% du cannabis saisi dans le monde est produit sur ses terres. C’est le Rif qui en est le grenier. La région montagneuse tire l’essentiel de ses revenus de ces champs de cannabis qui s’étalent sur plus de 60000 hectares. Et cette superficie ne fait qu’augmenter.
À en croire des reportages récents publiés sur les sites électroniques, les feux de forêt sont provoqués pour faire de la place à la culture du cannabis. Si on tolère la culture du kif au Maroc, déjà autorisée durant les années 60 par le roi pour la consommation locale, c’est en raison des profits générés dans l’économie marocaine.
Le chiffre d’affaires généré par le narcotrafic, qui était de 2 milliards d’euros en 1997, a dépassé les 10 milliards en 2012 et doit avoir sûrement doublé depuis. Selon un site marocain, en 2012, plus d’un million de Marocains vivaient de la culture du kif, dont la commercialisation rapportait, à cette époque, 100 milliards de dirhams.
En fait, le chiffre d’affaires est beaucoup plus important à croire les documents américains révélés par Wikileaks et les enquêtes menées. Il y a lieu de rappeler le scandale, relayé par la presse étrangère, évoquant l’implication du roi Mohammed VI dans le blanchiment de l’argent de la drogue. Cette implication a été justifiée à la suite de la découverte, par la police marseillaise, en 2016, d’un vaste réseau de blanchiment de la drogue produite au Maroc et vendue à travers le monde.
Les fonds engrangés par le trafic de cannabis étaient blanchis via la structure financière Attijariwafa Bank – un groupe marocain, basé au Maroc et qui opère dans 23 pays en Afrique et en Europe-. Et c’est le travail de fourmi des enquêteurs qui a permis de remonter la filière aux ramifications importantes et dont le quartier général se situerait au sommet de l’État marocain.
Un représentant du ministère public avait annoncé à l’époque, le chiffre faramineux de 400 millions d’euros qui ont été blanchis sur les 4 dernières années.
Rappelons, aussi, les célèbres révélations de Wikileaks, en 2010, faisant état des «relations du régime de Mohammed VI avec la mafia de la drogue». Wikileaks avait, alors, rendu public un rapport de l’ambassade U.S. à Rabat, évoquant l’implication du régime marocain dans les opérations de soutien aux activités des trafiquants de drogue, soit en fermant l’oeil sur les activités de ceux-ci, soit en s’attaquant aux éléments des services de sécurité qui luttent contre la contrebande de la drogue.
Un autre rapport, publié par Wikileaks, a souligné que «les pratiques de corruption existaient durant le règne de Hassan II. Elles se sont institutionnalisées avec le roi Mohammed VI.»
Le rapport a indiqué, également, que le «mur de la honte» marocain, au Sahara occidental, constitue la plaque tournante des grandes quantités de cannabis destinées à la région sahélienne «dans le but précis de déstabiliser cette région et de présenter le Maroc en ‘‘choix alternatif » en tant que ‘‘pays stable et modéré »».
Faut-il rappeler, aussi, la déclaration de l’ex-ministre des Affaires étrangères algérien qui, se référant à des confidences faites par de hauts responsables africains, avait affirmé que «Royal Air Maroc transporte du haschisch sur ses lignes».
Si l’Algérie a toujours dénoncé le narcoroyaume, c’est parce qu’elle est la première à en subir les méfaits. Cette année, pas moins de 37 tonnes de kif ont été saisies au premier trimestre.
Les faits sont là et les preuves aussi, mais le narcoroyaume, soutenu par certains Etats, n’est pas inquiété. Il doit pourtant rendre des comptes et ses protecteurs doivent s’expliquer.
L’Expression, 30/09/2021