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Le royaume du Maroc, qui nie être client du logiciel de la société NSO Group, a porté plainte contre plusieurs médias français, dont « Le Monde ».
Après Forbidden Stories, Le Monde, Radio France, Mediapart et Amnesty International, le quotidien L’Humanité est à son tour la cible d’une plainte en diffamation du royaume du Maroc, dans le cadre des révélations du « Projet Pegasus », a appris Le Monde auprès du quotidien communiste.
Le Monde et seize autres rédactions, coordonnées par Forbidden Stories, avaient révélé cet été l’ampleur de la surveillance menée par différents Etats contre des opposants politiques, journalistes, avocats ou militants des droits humains, à l’aide du puissant logiciel espion Pegasus, commercialisé par la société israélienne NSO Group.
Le Maroc figure parmi les clients de Pegasus identifiés par le consortium de journalistes, avec de nombreuses cibles en France, dont des militants pour l’indépendance du Sahara occidental, mais aussi des diplomates français ou de hauts responsables politiques.
Rabat nie avoir utilisé ce logiciel et a porté plainte pour « diffamation » contre les principaux partenaires du « Projet Pegasus » en France, dont Le Monde, mais aussi contre Mediapart – dont le fondateur, Edwy Plenel, a été espionné par Pegasus – et, désormais, contre L’Humanité. La journaliste autrice de l’article visé par la plainte, Rosa Moussaoui, figure elle-même dans la liste des cibles potentielles de Pegasus consultée par le consortium.
Depuis la fin du mois de juillet, plusieurs autres plaintes, visant directement ou indirectement le Maroc et NSO Group, ont également été déposées en France par des victimes du logiciel espion et des organisations non gouvernementales (ONG). D’abord une plainte collective, lancée par Reporters sans frontières, et qui regroupe 17 journalistes potentiellement ciblés par le logiciel. Mediapart et Le Canard enchaîné, dont la journaliste Dominique Simonnot, depuis devenue contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, ont aussi déposé une plainte à Paris. A cela s’ajoutent la plainte du Syndicat national des journalistes ainsi que celle de Rosa Moussaoui et de L’Humanité, qui ont à leur tour porté plainte avec constitution de partie civile avec le Syndicat national des journalistes-CGT.
Les premiers éléments de l’enquête ont confirmé les analyses techniques menées, dans le cadre du « Projet Pegasus », par le Security Lab d’Amnesty International. Le Monde maintient les informations publiées cet été.
Le Monde, 01/10/2021
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