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Le 18 septembre 2021, des bulldozers, des camions et des pelleteuses ont encerclé la zone d’Izik au nord-est de El Aaiun et commencé à démolir 100 maisons sahraouies. Ces maisons sont des habitations permanentes ou secondaires auxquelles sont accolées des tentes quand nécessaire. Elles sont sur des «grayer».
Les «grayer» (au singulier, «grarat») sont des terres tribales qui ont des palmeraies ou des arbres du désert comme l’acacia. Il y a des puits, ce qui rend superflu de chercher de l’eau ou de poursuivre la pluie.
Chaque «grarat» compte des petites maisons et une ou deux khaimas (tentes). Certaines cabanes ont été construites au moment de la colonisation espagnole. Les Sahraouis y habitent selon les modes de vie de leur culture et leur identité. Les terres sont transmises de père en fils.
Les familles habitantes permanentes des cabanes tirent leur subsistance de l’élevage des chèvres et chameaux. Certains ont fait le choix d’habiter là après le confinement, pour échapper à la répression, aux menaces et intimidations des autorités d’occupation marocaines, plus particulièrement virulentes pendant la période de restriction sanitaire.
Les Sahraouis qui ont protesté contre les démolitions de leurs maisons ont été battus par la police, et poursuivis en justice. Certains sont restés impuissants face à cette destruction et se sont enfuis avec leurs enfants vers El Aaiun. Pour ceux qui ont accepté de parler aux journalistes d’Équipe Média, ils ne savent pas quels arguments opposer à l’accaparement violent de leur terre par le colonisateur marocain, parce qu’ils doutent qu’il existe un document écrit attestant de leur propriété familiale depuis des générations.
Le 22 septembre, 6 familles sahraouies vivant dans des cabanes similaires au sud-ouest d’El Aaiun ont été attaquées. La zone est située entre l’aéroport et les «grayer» Boutabaa, dit « Brareik Ethamban » (les cabanes des mouches).
Une des familles, la famille Boutabaa, a expliqué que c’est la troisième fois que les forces d’occupation démolissent leur maison, dont la première a été construite en 1960.
Les deux familles Boutabaa et Baija ont subi la violence policière pendant les destructions de leurs maisons. Leurs familles campent encore sur les terrains pour protester contre la décision des autorités d’occupation.
Il semble que les opérations de démolition et expulsion aient été surveillées par un hélicoptère militaire qui a été observé au-dessus de la zone sud-ouest d’El Aaiun au même moment.
Selon les informations disponibles, il serait prévu que soient construits à Izik au moins 5 logements destinés à la police marocaine.
Il semble que la croissance des mafias, des cartels fonciers et de la spéculation immobilière effrénée sont en cause. Des terrains situés au Sahara Occidental occupé sont vendus par des intermédiaires sahraouis ou marocains avec des faux titres de propriété, ce qui alimente une spéculation foncière ne reposant sur rien.
En 2015, après une intervention similaire de destruction de maisons et expulsion des habitants sur des «grayer» situés à 15 km au nord d’El Aaiun, les terres avaient été confisquées. Les autorités d’occupation ont construit à cet endroit un centre de formation des agents d’intervention rapide.
Le 26 septembre 2018, à Edaoura, à 40 km au nord d’El Aaiun, les autorités d’occupation avaient confisqué des terres appartenant à des Sahraouis et exercé des pressions sur leurs habitants pour qu’ils partent. Les gendarmes avaient également recouru à la force pour obliger les familles sahraouies à signer des contrats, ou à céder leurs droits au titre du contrat devant l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la Cartographie.
La raison des expulsions était un projet Nour du Masen (entreprise marocaine d’énergie durable), de parc de production d’énergie d’origine solaire qui n’a toujours pas été construit.
Équipe Média, le 30 septembre 2021
El Aaiun, Sahara Occidental occupé
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