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Entre Alger et Paris, c’est la brouille. Le malaise qui semblait être latent jusque là entre les deux capitales a fini par prendre les attributs d’une crise diplomatique.
L’Algérie a décidé, samedi, de rappeler son ambassadeur à Paris pour «consultation», a informé la présidence de la République, qui a annoncé qu’un « communiqué sera rendu public ultérieurement concernant cette question». A l’évidence les malentendus se sont accélérés ces derniers jours notamment depuis que les autorités françaises ont décidé de durcir les conditions d’octroi de visas aux Algériens en reprochant aux autorités (celles du Maroc et de la Tunisie aussi) de ne pas coopérer dans les démarches visant à expulser de France les Maghrébins en situation irrégulière.
Les choses se sont cependant envenimées à la lecture des comptes rendus de la presse parisienne des déclarations d’Emmanuel Macron à l’occasion d’un déjeuner à L’Elysée avec 18 jeunes entre Français d’origine algérienne, binationaux et Algériens. A l’adresse de ces derniers, Macron a tenu un discours rassurant.
Le président français Emmanuel Macron s’est voulu plutôt rassurant à l’adresse des jeunes potentiels demandeurs de visas pour poursuivre des études dans l’Hexagone, mais aussi à l’adresse des acteurs du monde économique.
«Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder», a-t-il déclaré en référence à la mesure des autorités françaises de réduire «drastiquement» le nombre de visas attribués aux demandeurs issus des pays du Maghreb.
S’exprimant à l’occasio«On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant qui avaient l’habitude de demander des visas facilement.» Il s’agit, pour Macron, de dire aux «dirigeants» que «si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereuse, on ne va pas vous faciliter la vie».
La déclaration de Macron succède et conforte celle de son ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, lequel a affirmé devant les membres du Parlement que «… la France a drastiquement réduit le nombre de visas accordés aux Algériens, Marocains et Tunisiens tant que ces pays refuseront le retour de leurs compatriotes en situation irrégulière sur notre sol».
Côté algérien, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a convoqué, mercredi, l’ambassadeur de France en Algérie, «afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France». «Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application», relève le département des Affaires étrangères.
Le ministère fait remarquer que son Secrétaire «M. Rachid Chakib Kaïd a mis en évidence la place centrale de l’élément humain dans la relation algéro-française et souligné la nécessité d’une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes.
Concluant que l’Algérie déplore cet acte malencontreux qui frappe de précarité et d’incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements».
Auparavant, la première réaction des autorités algériennes a été signée Amar Belani, en sa qualité d’envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb arabe. «Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons. Dans la forme, elle est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière», a déclaré, à l’APS, M. Belani. Ce dernier répondait au porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.
Cependant Macron a parlé de la «haine de la France» en faisant remarquer r qu’il ne visait pas «société algérienne dans ses profondeurs, mais de système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle». Il ne s’est pas empêché par ailleurs de dire que «le système algérien est fatigué», estimant que «le hirak l’a fragilisé». et d’ajouter, «j’ai un bon dialogue avec le président Tebboune mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur».
A l’heure où nous mettions sous presse, un communiqué de la présidence de la République était annoncé.
NAZIM BRAHIMI
Reporters, 03/10/2021
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