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Il ne se passe pas un jour sans que des cas d’émigration clandestine ne soient signalés en Algérie ou ailleurs. Rien que pour les dernières soixante-douze heures, plus de 1 000 migrants clandestins ont été signalés vendredi dernier, dans un communiqué, par Francisco José Clemente Martin du Centre international d’identification des migrants disparus (CIPIMD) et membre de l’ONG Heroes Del Mar. Jamais la mer de la Méditerranée n’avait enregistré autant de harraga en un seul coup.
On déserte le pays et on tente l’aventure, au péril de sa vie, à la recherche, vraisemblablement, d’un avenir meilleur. Une fois pied à terre en Europe, les jeunes harraga se mettent à la recherche de n’importe quel travail au noir pour subvenir à leurs besoins. Plusieurs dizaines d’entre eux, jeunes et en bonne forme physique, se sont dirigés vers Marseille, plus précisément vers la caserne de recrutement de la Légion étrangère.
Ainsi, plusieurs harraga qui avaient réussi, ces derniers mois, à rejoindre, contre vents et marées, les îles italiennes de Sardaigne et de Lampedusa se sont engagés, après s’être rendus en France, dans le corps militaire de la Légion étrangère, dont le quartier général est basé à Marseille. Ces harraga, originaires d’Annaba, d’El-Tarf, de Jijel, d’Alger et de plusieurs autres régions du pays ont téléphoné ou écrit à leur famille pour les informer qu’ils suivaient des stages d’entraînement militaire en France, après avoir quitté en catimini le territoire italien.
Selon plusieurs membres de leurs familles habitant la ville d’Annaba, d’El-Bouni ou d’El-Tarf, leurs enfants se portent bien et « suivent leurs stages dans ce corps de l’armée française».
Un père de famille, dont le fils a rejoint l’Italie au mois de mai dernier, a déclaré au Jeune Indépendant : «Mon fils m’a appelé hier pour me dire qu’il s’était engagé, lui et quelques jeunes d’Annaba, d’El-Tarf, d’Alger et de Jijel, dans la Légion étrangère». Ce père de famille a ajouté : «Ils ont signé chacun un contrat de cinq ans, avec un salaire de départ de 1 280 euros par mois.» Notre interlocuteur a signalé au Jeune Indépendant que, selon son fils, ce ne sont pas moins de 60 harraga, sur une centaine, qui ont été sélectionnés et enrôlés dans le corps de la Légion étrangère.
M. D., frère d’un harrag résidant dans la cité populeuse d’El-Bouni, a confirmé ces dires : «Effectivement, mon frère Mohamed m’a appelé sur mon portable pour m’informer qu’il se portait bien et qu’il s’était engagé dans la Légion étrangère». M. D. a rapporté que son voisin Omar, qui se trouve actuellement dans un camp d’entraînement avec son frère, avait envoyé une lettre avec photo, en tenue militaire, à sa famille. Ainsi, la débrouille d’un harrag en terre étrangère mène à tout.
Qu’est-ce que la Légion étrangère ?
C’est un corps militaire français qui n’a rien à voir avec l’armée de terre régulière. Dans la Légion étrangère, on recrute sans distinction d’origine, de religion, de nationalité. Actuellement, elle compte un effectif de 9 000 cadres et légionnaires issus de 136 pays. Les conditions d’engagement sont surtout les aptitudes physiques et être prêts à servir en tous lieux. Elle recrute généralement des hommes âgés entre 17 et 40 ans. La sélection des futurs légionnaires se fait à Aubagne, au sud de la France, près de Marseille. Aucun engagement n’est possible hors de la France. Un légionnaire, une fois accepté, perçoit un salaire de départ de 1 280 euros par mois, et il est logé et nourri gratuitement.
Un légionnaire peut demander la naturalisation française au bout de trois ans de service. Celle-ci est généralement accordée sous réserve de n’avoir aucun problème avec la justice. Le légionnaire qui ne souhaite pas opter pour la nationalité française peut conserver son statut étranger et peut tout autant rester en France à l’issue de son contrat.
Nabil Chaoui
Le Jeune Indépendant, 03/10/2021
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