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L’Algérie est ciblée. Sa stabilité politique et économique dérange plus d’un. Et pour preuve, les attaques se multiplient contre elle. Et cette fois-ci, c’est la France, l’ancien colonisateur, qui s’en prend à la nation et l’Etat algériens à travers des «puérilités» assumées publiquement par son président Emmanuel Macron, en pleine effervescence électorale.
Le dirigeant français qualifié unanimement «d’adolescent politique» est allé loin, très loin dans ses propos. Ce que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas du tout toléré. Riposte immédiate. Il rappelle l’ambassadeur algérien pour consultations. Pis, il décide de fermer l’espace aérien aux avions militaires français, jouissant de ce privilège depuis l’ère de l’ancien Président dans le cadre de l’opération Barkhane. Cet acte, à la fois irresponsable et inattendu, a suscité un tollé au sein de notre société. L’élite surtout s’est empressée de dénoncer cette dérive d’une extrême gravité afin de faire comprendre à «l’ennemi d’hier et d’aujourd’hui» que la glorieuse histoire de l’Algérie, nul ne peut la travestir car elle a été écrite par le sang de nos valeureux martyrs.
Le politologue Rabah Lounici explique les enjeux et les motivations de ce dévoiement diplomatique qui n’a rien, selon lui, de «fortuit». Macron, en compétition électorale, a voulu «draguer» l’extrême droite en utilisant la cause algérienne, mais les objectifs réels dépassent de loin cette ambition aveugle, affirme Lounici. Il tient à rappeler à ce titre que tout le monde s’attendait à ce que ce Président soit différent des autres, y compris le chef de l’Etat, compte tenu de ses anciennes déclarations marquées par un ton d’apaisement, notamment en ce qui concerne le dossier mémoriel entravé, d’après lui, par des lobbies gangrénant le régime français.
Contre toute attente, il nous surprend par des déclarations qui contredisent totalement ses précédentes convictions. Pis, Macron a nié totalement la nation algérienne. Ce qu’aucun président français n’a osé dire par le passé à l’encontre de l’Algérie à l’exception du colonialisme sanguinaire. Le politologue précise, à qui veut l’entendre, que la nation algérienne existe depuis plus de 3000 ans et qu’elle a affronté vaillamment toutes les incursions. Elle n’est pas née en 1962, comme tente de le faire croire le président français «maladroitement».
Lounici ne s’arrête pas là. Il va jusqu’à établir une comparaison entre les propos tenus par Macron et ceux de Ferhat Mehenni qui avance sottement que l’Algérie est une pure création de la France. Ce sont aussi des paroles dites par l’élite du Makhzen. En somme, conclut notre interlocuteur, il existe un plan bien ficelé qui vise la déstabilisation de l’Algérie. La France, devenue aujourd’hui une puissance «moyenne», a compris que l’aide algérienne n’est plus disponible. Tebboune a fermé les «vannes» et a exigé la réciprocité dans le cadre d’un partenariat «gagnant-gagnant». Macrona compris qu’il n’aura pas le soutien de l’Algérie dans la prochaine présidentielle. D’où son comportement «gamin» qui confirme, d’après Lounici, qu’«il a tout perdu».
Echec
Le politologue Idriss Attia abonde dans le même sens en disant que la dernière sortie du président Macron confirme bel et bien la régression populaire de la France dans le concert de ses anciennes colonies. Confirmant que «l’Algérie ne sera jamais un objet entre les mains de la France opportuniste et elle fera tout pour que son avenir soit différent de ce que souhaite Paris. De son point de vue, «l’élève du palais de l’Elysée n’ayant réalisé aucune prouesse depuis son investiture, ne glanera rien avec des mensonges qu’il veut imputer à l’Algérie». C’est pour lui «une fuite en avant», prouvant son échec et son immaturité politique.
Ce jeu morbide et provocateur confirme, selon Attia, «la grandeur de l’Algérie, adoptant aujourd’hui, sous la direction du chef de l’Etat, une fermeté inégalée sur le plan régional, surtout quand il s’agit de défendre sa souveraineté, son histoire et sa nation. L’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi affirme, à travers un post, que l’Algérie n’a pas construit son identité autour de la souffrance ou sur les traumatismes post-coloniaux pour rester l’otage d’un passé colonial permanent, mais sur une histoire millénaire. Il confirme que la nation algérienne ne peut être un sous-produit du fait colonial.
Criminalisation du colonialisme : Passer à l’acte
La dérive de Macron a remis au goût du jour le vieux dossier relatif au projet de loi criminalisant le colonialisme. Des voix se sont élevées pour revendiquer la relance de ce dossier, resté des années dans les tiroirs. Le politologue Rabah Lounici se dit favorable à ce projet de loi, carte que l’Algérie n’a pas voulu jouer jusque-là, dans le cadre d’une approche politique visant à arracher intelligemment, coûte que coûte, la repentance de la France. Il pense que le moment est venu de franchir le pas car cette dérive de trop a dépassé tout entendement. Lounici estime que les anciennes colonies devraient peser de tout leur poids en présentant une initiative commune auprès des Nations unies afin d’exiger des réparations économiques et politiques. Il pense que la riposte de l’Etat algérien, fort et souverain, sera à la hauteur des attentes et des défis.
Karima Alloun
Horizons, 06/10/2021