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Toute honte bue, face à un candidat lambda, voilà Emmanuel Macron qui n’hésite plus à étaler un vocabulaire qui ne relève pas de son bagage ordinaire. Il cherche, ainsi, à séduire un électorat radicalisé, avec tromperie sur la marchandise. Or, les électeurs reconnaîtront leur vraie chapelle, et l’original plutôt que la copie, surtout pompeuse. Certains disent qu’il a sombré dans le ridicule, mais le ridicule ne tue pas.
Son but est, d’une part, de laver plus blanc que l’extrême droite et l’épouvantail zemmourien, et, d’autre part, de relativiser l’échec d’une France sur le champ africain et australien, notamment. Au Sahel, le Mali ne cache plus sa volonté de s’affranchir du carcan Barkhane pour sortir du bourbier du terrorisme. En Australie, le choix des sous-marins nucléaires américains, au lieu des sous-marins conventionnels français, jugés inadéquats pour le bras de fer avec la Chine, a fait perdre à la France quelque 50 milliards de dollars, de quoi s’enflammer, malgré la nécessité de la mesure, face aux Etats-Unis.
Ainsi parlent les politiciens de France, sur leur paquebot politique, et Macron n’ a rien fait d’autre que d’adhérer à leur fantasme. Il s’est donc lâché sur le sujet, frappant à tour de bras, l’histoire et la mémoire, le réel et l’imaginaire, et la colère l’a submergé, rien qu’en pensant à tous les privilèges dont la France a bénéficié, durant les décennies bouteflikiennes (sauvetage d’Alstom pour les beaux yeux de Sarkozy, contrats juteux pour ADP, Suez, la Lyonnaise des eaux etc).
C’est qu’avec le Hirak et la remise en ordre de la maison Algérie, au pas de charge par feu Gaïd Salah, toute une clientèle de l’ancienne puissance coloniale est passée à la trappe. Pendant quelques mois, mais quelques mois seulement, le président Macron a cru que les choses allaient «rentrer dans l’ordre» et que les «acquis» seraient, en fin de compte, préservés. Il semble qu’il n’en est rien.
Aussi, n’a-t-il pas d’autre alternative que de régler son pas sur le pas de Sarkozy, balayant les déclarations antérieures sur le «crime contre l’humanité» et remettant au goût du jour la sucette des «bienfaits de la colonisation». De là à brandir une nouvelle loi, pour bien marquer sa différence, il n’y a qu’un pas mais celui-là se jouera à pile ou face, en avril 2022. «Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages», a, pourtant, prévenu Charles de Gaulle.
Chaabane BENSACI
L’Expression, 07/10/2021